Par le mystère de l’Eucharistie, l’homme reçoit le Saint Corps et le précieux Sang du Christ, et il devient « co-corporel et consanguin avec Lui ». Le Christ Lui-même, lorsqu’il parle du Mystère pour la première fois, dit : Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui (Jn 6, 56).
L’homme reçoit le Christ en lui et le Christ reçoit l’homme. Ainsi, Jésus-Christ devient la demeure de l’homme et, en même temps, Il est chez Lui dans l’homme. C’est là la manifestation la plus élevée de l’amour du Christ pour l’homme. Saint Jean Chrysostome dit :
« Il est nécessaire de comprendre le miracle des Mystères [de la sainte Eucharistie] ; ce qu’il est, pourquoi il a été donné, et quelle est son utilité. Comme le dit l’apôtre Paul, nous devenons un corps et les membres de Sa chair et de Ses os (Ép 5, 30)… Afin de ne pas devenir seulement un membre du Christ par un sentiment d’amour, mais réellement, mêlons-nous à la chair du Christ. Et cela est obtenu par la nourriture qu’il nous a accordée, voulant nous montrer le grand amour qu’il a pour nous. Pour cette raison, Il s’est mêlé à nous et est devenu un corps avec nous, pour que nous soyons unis avec Lui, de même que le corps est réuni à la tête. »
Le fidèle, par la sainte communion, devient un seul corps avec le Christ, un mélange, une pâte. Et cela ne se fait pas théoriquement, mais réellement et existentiellement. Le Christ, par amour pour nous, « ne s’est pas contenté de devenir homme, d’être souffleté et immolé, mais II a voulu outre cela se mêler à nous. Il nous change en Son propre corps, non seulement par la foi, mais aussi en réalité ».
Une autre fois, saint Jean Chrysostome entend le Christ lui dire :
« Je ne me joins pas seulement à toi, mais je pénètre tout ton être, je suis mangé par toi, je m’amincis peu à peu, afin que la fusion, que l’union soient plus parfaites. Ce qui est uni demeure dans ses propres limites, mais moi je ne fais plus qu’un avec toi. Je ne veux pas qu’il y ait quoi que ce soit entre nous; je veux que les deux ne fassent plus qu’un. »
Entre le Christ et le fidèle, rien n’interfère. Tout fond dans le feu de Son amour : « Nous et le Christ sommes un. »
Seul un saint peut parler avec tant de liberté. Et c’est ainsi que s’expriment réellement les saints :
« Nous devenons membres du Christ — et le Christ devient nos membres, Le Christ devient ma main, le Christ, mon pied, à moi misérable,
Et la main du Christ, le pied du Christ, c’est moi, malheureux! »
Les paroles des saints ne sont pas des exercices littéraires qui ont pour but d’impressionner. Elles sont les épanchements des cœurs qui ont été inondés par le Christ. Dans ce débordement de Vie et de Lumière, l’homme entier irradie. Tous ses membres rayonnent. Et le monde, dans lequel vit et se meut le saint, est rempli de la lumière du Christ. « La lumière du Christ resplendit pour tous. »
En offrant à Dieu du pain et du vin, nous offrons le monde, et le monde devient Eucharistie. Par la descente du Paraclet sur nous et sur les Dons ici offerts, l’homme se sanctifie et la nature est renouvelée. Toutes choses sont renouvelées: le monde reçoit la bénédiction de Dieu, et l’homme est christifié. Le monde devient maison de Dieu et l’homme devient christ selon la grâce.
Nous éprouvons ainsi l’avant-goût du siècle nouveau. Alors, « lorsque paraîtra le Maître, le chœur des bons serviteurs fera cercle autour de Lui, et de même qu’il resplendira, eux aussi resplendiront ». Le Dieu-homme, au centre de l’assemblée des saints, rayonnera de la splendeur divine, comme un peuple de dieux entourant Dieu, beau Coryphée d’un beau chœur (Ps 81,1).