Saint Jean Chrysostome naquit de pieux parents à Antioche, vers 350. Son père, Secundus, était général, et sa mère, Anthousa, était issue d’une famille noble. Quelques mois après la naissance du saint, son père décéda et sa mère se chargea de son éducation.
Très jeune, saint Jean étudia la rhétorique et la philosophie. Saint Mélèce était alors archevêque d’Antioche et avait une grande estime pour le jeune homme, qu’il prit auprès de lui, car il « aimait la beauté de son cœur et, avec un œil prophétique, il prévit le développement du jeune homme ».
À l’âge de dix-huit ans, il fut baptisé et étudia pendant trois ans à l’école théologique d’Antioche. En 371, il fut tonsuré lecteur et, conformément à la pratique en vigueur, il lisait au peuple les Saintes Écritures et les commentait.
En 372, la mère du saint décéda. Celui-ci réalisa alors le désir qui était le sien depuis longtemps, à savoir de se retirer dans le désert, où il resta en tout six ans. Il passa les quatre premières années de sa vie ascétique dans l’obéissance à un ascète, tandis que les deux années suivantes, il vécut seul dans des grottes, en pratiquant un ascétisme très rigoureux. Durant ces deux années, il ne se couchait pas, mais « restait sans sommeil la plupart du temps, apprenant les Saintes Ecritures». Cependant, le froid extrême et l’ascèse ébranlèrent sa santé. Il fut donc contraint de revenir à Antioche où, en 380 – peut-être en 381 -, il fut ordonné diacre par saint Mélèce. Cinq ans plus tard, il fut ordonné prêtre par le nouvel archevêque d’Antioche, saint Flavien.
Saint Jean servit comme prêtre à Antioche jusqu’en 397. Par sa prédication captivante, il enseignait constamment le peuple et l’encourageait durant les moments difficiles. Sa réputation se répandit au-delà d’Antioche et de la Syrie. Aussi, tout le monde s’attendait à ce qu’il succédât à saint Flavien sur le siège épiscopal d’Antioche. Cependant, après le trépas du patriarche Nectaire de Constantinople, Dieu dirigea les pas de saint Jean vers la capitale impériale où il fut sacré évêque le 15 décembre 397, puis intronisé le 26 février 398.
De nouveaux combats attendaient le saint à Constantinople. Le paganisme faisait encore la guerre à la foi chrétienne. Les hérétiques (ariens, apollinariens et autres) brisaient l’unité de l’Eglise. Des clercs indifférents à leur mission scandalisaient le peuple. C’est donc dans de telles difficultés que saint Jean Chrysostome dut accomplir son œuvre. Par les paroles inspirées émanant de sa « langue d’or », il captivait le peuple, consolait les affligés, encourageait les désespérés, prêchait le repentir. En actes et en paroles, il frappait le mal où qu’il se trouvât. Il punissait les clercs indignes et organisait les œuvres spirituelles et caritatives de l’Église. Il envoya des missionnaires chez les Goths, en Scythie et en Phénicie. Il institua des offices nocturnes afin que ceux qui travaillaient pussent y participer.
Une œuvre aussi vaste et particulièrement les sanctions frappant les clercs indignes furent à l’origine d’énormes oppositions contre lui. Les ennemis du saint, appuyés par l’impératrice Eudoxie, parvinrent à le faire destituer et exiler. Or, cet exil ne dura qu’une journée. Le saint arriva jusqu’en Bithynie, mais l’opposition du peuple et un événement exceptionnel qui survint dans la vie d’Eudoxie effrayèrent celle-ci à tel point quelle demanda le retour du saint. Celui-ci revint alors dans la capitale, où le peuple l’accueillit avec des larmes de joie.
Toutefois, ses ennemis ne désarmèrent pas. Par des intrigues et des calomnies continuelles, ils excitèrent à nouveau la colère d’Eudoxie et persuadèrent l’empereur de confiner le saint à son palais épiscopal. La nuit du Samedi saint 404, des événements affligeants se produisirent dans les églises où ceux qui étaient restés fidèles au saint s’étaient rassemblés. Ainsi, tandis que l’on préparait le baptême des catéchumènes et la fête de Pâques, ceux-ci – tant les hommes que les femmes – furent battus par les soldats et chassés — nus – dehors. Comme le dit le saint, dans les fonts baptismaux, « les eaux bénies rougirent du sang des blessures… et le très-saint Sang du Christ, dans un tel tumulte, coulait sur les vêtements des soldats ».
Finalement, le 20 juin 404, le saint, après avoir fait ses adieux au clergé, se livra lui-même à ses ennemis, à l’insu du peuple, et fut conduit en exil à Cucuse, en Arménie. Après des tribulations inimaginables, tant corporelles que psychiques, qui durèrent plus de trois ans, le saint s’endormit dans le Seigneur le 14 septembre 407, alors qu’il se dirigeait vers Pityon, un nouveau lieu d’exil. Après avoir communié aux saints Mystères, il prononça ces paroles qui lui étaient si chères : « Gloire à Dieu pour tout ! » En 438 eurent lieu l’invention de ses saintes reliques et leur transfert à Constantinople. « Elles furent d’abord amenées à l’église du Saint-Apôtre -Thomas (…), ensuite à l’église Sainte-Irène. Les saintes reliques furent placées sur le trône épiscopal et la foule s’écria: “Regagne ton trône, ô saint!” Ensuite, on posa le coffre reliquaire sur un char impérial et on le conduisit à l’église des Saints-Apôtres. On posa la sainte relique sur la cathèdre épiscopale et, ô miracle, il dit au peuple: “Paix à tous!” »
Le cheminement de la vie martyre de saint Jean Chrysostome était terminé. La vérité triompha encore une fois. Et le saint, pleinement vivant après sa mort, apportait la paix à tous : à ceux qui étaient ses ennemis et à ceux qui l’aimaient.