Pour cette ville, toute ville et toute contrée, et pour les fidèles qui y demeurent, prions le Seigneur.

L’amour selon Dieu est universel: il embrasse tous les hommes, tous les lieux, tous les temps. « L’amour parfait… aime tous les hommes de façon égale. » C’est cet amour qu’imite notre sainte Eglise, et elle souhaite que nous, fidèles, le vivions. Le débordement de cet amour est la prière pour la ville où nous habitons, pour toute ville et toute contrée.

Les chrétiens « résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés… Ils passent leur vie sur la Terre, mais sont citoyens du Ciel… Ils aiment tous les hommes et tous les persécutent… En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans tous les membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde… Les chrétiens soutiennent le monde ».

Les chrétiens étant l’âme du monde, ils doivent se réjouir de la joie des hommes et compatir à leurs maux. Ils doivent aimer les hommes plus qu’ils n’aiment leurs parents selon la chair. Car « les saints se montraient vraiment pères et surpassaient, par leur charité et leur amour pour ce peuple, tous ceux à qui la nature a donné le nom de père ».

Saint Jean Chrysostome a montré cet amour paternel aux villes dont il était le père comme, par exemple, Antioche. Ses homélies sur les statues constituent la preuve de son amour pour cette ville. Lorsque, au début de l’an 387, à l’occasion de la perception d’un impôt particulièrement lourd ordonné par l’empereur Théodose, la population d’Antioche, hors d’elle, brisa les statues impériales, l’empereur supprima alors tous les privilèges de la ville et menaça de la raser jusque dans ses fondations. Plusieurs notables furent tués, des biens confisqués, la crainte et la terreur se répandirent partout. Ceux qui le pouvaient s’enfuyaient, mais la plupart de ceux qui étaient restés furent emprisonnés, torturés et tués.

C’est alors que l’évêque de la ville, Flavien, avancé en âge et malade, partit à Constantinople, malgré un hiver rude, pour calmer la colère de l’empereur. Dans la ville était resté Jean Chrysostome, encore prêtre en ce temps, vers lequel affluait le peuple. « La place publique est vide et l’église est remplie », dit le saint, qui console les foules effrayées.

Lorsqu’une Cour de Justice fut instituée, constituée de légats de l’empereur, pour mettre en examen les coupables, alors, de nombreux moines «qui peuplaient les montagnes voisines (…) s’empressèrent de quitter leurs grottes et leurs cavernes et accoururent de partout, comme des anges descendus du Ciel, et l’on eût dit qu’Antioche était devenue un véritable paradis, parce qu’on rencontrait partout ces pieux anachorètes ; leur présence seule consolait ceux qui souffraient ». Lorsque, finalement, on apprit que la mission de l’évêque Flavien avait réussi, l’empereur ayant accordé son pardon au peuple, saint Jean Chrysostome fêta le salut de la ville avec l’évêque et les fidèles : « Béni soit Dieu qui daigne aujourd’hui nous faire célébrer cette sainte fête dans la joie et dans l’allégresse… Rendons grâces au Dieu qui aime les hommes (…) et admirons Sa puissance, Sa bonté, Sa sagesse, et le soin qu’il a montré pour la ville. »

C’est ainsi que les saints aimaient et aiment leur ville et toute ville et toute contrée. Aussi, efforçons de les imiter, particulièrement pendant la divine liturgie.