Le prêtre lit à voix basse la prière suivante : Seigneur notre Dieu, dont la puissance est incomparable et la gloire incompréhensible, dont la miséricorde est sans mesure et l’amour pour les hommes indicible, Toi, Maître, dans Ta compassion, jette un regard sur nous et sur cette sainte maison, et répands sur nous et ! sur ceux qui prient avec nous l’abondance de Ta miséricorde et de Ta compassion, puis à haute voix : Car à Toi conviennent toute gloire, honneur et adoration, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles,

et le chœur chante Amen.

Dans la première prière de la divine liturgie, le prêtre s’adresse à Dieu Lui-même. « Et de même que lorsque tu jouis d’une grande amitié avec quelque personne importante, tu vas près d’elle et tu lui parles confidentiellement, ainsi en est-il avec le prêtre. Ayant la liberté de parole envers le Christ, en raison de la grâce et de la dignité du sacerdoce, il s’approche de Lui et Lui dit tous ses secrets en privé, c’est-à-dire avec une voix très attentive, calme et basse. Car c’est ainsi que le prêtre dit les prières, et cela manifeste deux choses : premièrement l’extrême grandeur de la Personne avec laquelle il dialogue, et deuxièmement, l’amour pur et la grande liberté que le prêtre a envers Lui. »

L’amour de Dieu pour l’homme et Sa miséricorde dépassent les mesures et les paroles humaines. Ce qui manifeste la mesure de l’amour divin pour l’homme est l’événement de l’incarnation du Verbe de Dieu: « Dans Ton ineffable et incommensurable amour des hommes, Tu t’es fait homme sans subir aucun changement ni mutation » ; « Nous avons été l’objet de Son incarnation, et c’est pour notre salut qu’il a aimé l’homme au point de naître et d’apparaître dans un corps humain. »

L’amour de Dieu pour l’homme est illimité dans ses dimensions et noble dans son caractère. Nous recevons de Dieu, non une simple compassion humaine, mais l’amour d’un roi et d’un maître: « De même en effet que l’amour de Dieu est indicible… de même aussi la façon avec laquelle II nous approche et œuvre pour notre bien est merveilleuse et ne convient qu’à Dieu qui fait des merveilles. »

Dieu nous aime de façon exclusive et veut que nous L’aimions de la même manière: «Ainsi de toutes parts, Il nous tourne vers Lui, et ne nous laisse porter notre esprit vers aucun autre objet, ni nous éprendre d’aucun autre être… Par une contrainte admirable et une tyrannie pleine d’amour, vers Lui seul II attire, à Lui seul II unit. Telle est, je pense, la contrainte dont II usa pour pousser ceux qu’il appelait vers Sa demeure et Son banquet, quand II disait à Son serviteur: Contrains-les d’entrer, afin que ma demeure soit remplie (Lc 14, 23) ».

Dieu prépare la Table de Vie et appelle l’homme à s’y asseoir. Cependant, Son amour pour l’homme a un espace illimité. Les Pasteurs de l’Eglise, qui invitent les hôtes, Lui disent : Maître, on a fait ce que Tu as ordonné, et il y a encore de la place (Lc 14, 22). C’est la place de Son noble amour, qui reste vide aussi longtemps qu’il existe des hommes qui refusent d’entrer dans Sa maison et de s’asseoir à Son Banquet. Tant qu’il en sera ainsi, le mystère de

Son amour envers l’humanité se manifestera. Le Bon Pasteur cherchera la brebis perdue, l’Amour recherchera la drachme perdue (Lc 15, 4-10).