À l’homme a été donnée par le Créateur, comme une bénédiction particulière, la possibilité de devenir Son temple : « Seule de toutes les choses visibles, la nature humaine peut être véritablement un temple de Dieu et un Autel. » Cette possibilité lui a été restituée par le Christ lorsqu’il fut recréé: « Chaque chrétien au temps présent [après l’incarnation du Christ] est maison et temple de Dieu, parce que le Christ demeure en lui. » Aussi, toute notre vie doit être telle que le Seigneur Lui-même habite en nous. « Afin que nous soyons Ses temples, et que Lui soit en nous notre Dieu. » Dans la sainte maison de Dieu, les fidèles reçoivent le don sanctifiant du Paraclet et sont transformés en un matériau béni avec lequel est construite l’Église, car celle-ci « n’est rien d’autre que la maison qui a été construite avec nos âmes ». Nous, les fidèles, sommes « les pierres du temple du Père, préparés pour l’édifice que construit Dieu le Père ».
L’un des Pères apostoliques mentionne la vision suivante qu’il reçut: « Six jeunes gens, venus avec des myriades d’autres hommes, bâtissaient une grande tour sur les eaux. Ils plaçaient telles quelles dans la construction toutes les pierres retirées du fond de l’eau, car d’avance, elles s’agençaient et s’emboîtaient parfaitement aux jointures avec les autres pierres; elles se soudaient si bien entre elles qu’on ne voyait pas les joints… » Alors, l’Église, sous la forme d’une vénérable dame, apparut et interpréta la vision : « La tour que tu vois construire, c’est moi, l’Église… La tour est construite sur les eaux, parce que votre vie a été sauvée par l’eau [lors du déluge et du saint baptême]. La tour a été érigée par la parole du Nom tout- puissant et glorieux… Les six jeunes gens sont les anges… Et les pierres, ce sont les apôtres, les évêques, les docteurs, les diacres qui ont marché selon la sainteté de Dieu… Les uns sont morts, les autres vivent encore. Et toujours ils se sont accordés entre eux, ont maintenu la paix entre eux. C’est pour cela que dans la construction de la tour leurs joints sont bien agencés et que l’édifice paraissait bâti d’un seul bloc. »
Par la sainte communion, l’homme tout entier devient un « temple christophore » et chacun des membres de son corps est une partie du temple du Christ. La Table eucharistique « nous fait demeurer dans le Christ, et le Christ, en nous. Car II dit: Il demeure en moi, et je demeure en lui (Jn 6, 56)… Le Christ est à la fois pour nous habitant et habitation: heureux sommes-nous d’une telle habitation! Heureux sommes-nous d’être l’habitation d’un tel Hôte » !
Saint Maxime le Confesseur dit que l’homme est une « église mystique ». Le corps est la nef, l’âme est le sanctuaire et l’intellect est l’Autel : « Par son intellect comme par l’Autel, il convoque un silence indicible et mélodieux, le. silence célébré par de nombreux hymnes, ce silence de la grande voix imperceptible et inconnaissable de la Divinité; et autant que l’homme le peut, selon la théologie mystique, il l’accompagne et devient tel qu’il convient que soit celui qui est jugé digne de la visite de Dieu et qui est marqué du signe de sa fulgurante splendeur *. »
L’église fait face à l’Orient, « afin que nous tournions notre regard vers le Paradis », à l’imitation du Paradis de l’Éden qui avait été planté du côté de l’Orient (Gn 2, 8). Alors que nous naviguons sur l’océan de la vie, nous nous dirigeons vers la Lumière sans soir. Le Christ est la Lumière qui éclaire les justes dans leur cheminement. « Ils parviendront à la vie éternelle resplendissants de cette lumière en courant alors vers cette lumière qui les a accompagnés tout le temps. »
Nous nous hâtons vers la Jérusalem céleste. Là où il n’y aura plus de nuit; et ils [les serviteurs de Dieu] n’auront besoin ni de lampe ni de lumière, parce que le Seigneur éclairera les saints (Ap 22, 5). Là où définitivement et irrévocablement, Dieu est le temple des saints : Je ne vis point de temple dans la ville, car le Seigneur Dieu tout-puissant est son temple, ainsi que l’Agneau (Ap 21, 22).