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Voyant que de nos jours «le péché est devenu à la mode», le bienheureux Géronda Païssios soulignait particulièrement la nécessité du repentir et de la confession, comme cela est manifeste au dernier chapitre du second volume de la série Paroles du Géronda Païssios l’Athonite. «Le repentir et la confession, disait-il, sont aujourd’hui plus que tout nécessaires, afin de priver le diable de ses droits. Les hommes, en effet, lui ont donné des droits, et c’est pourquoi il rôde par le monde».

Grâce à l’aide du Géronda, plusieurs furent conduits pour la première fois au sacrement de la confession et accomplirent par la suite une conversion personnelle. Ces personnes mènent aujourd’hui leur combat spirituel comme de zélés enfants de Dieu et vivent dès ici-bas le Paradis. «Les hommes sont pleins de bonne volonté, nous confiait avec joie le Géronda. Il ne m’est jamais arrivé de conseiller à une personne d’aller se confesser sans qu’elle fasse !». Cela résultait, bien sûr, de sa profonde charité, qui transformait l’âme de son interlocuteur, la rendant féconde, de terre stérile qu’elle était.

Dans ce troisième volume des Paroles – que nous éditons avec la bénédiction de notre évêque et pasteur. Son Éminence le très vénérable métropolite de Cassandre, monseigneur Nicodème -, sont exposés certains conseils du Géronda sur des sujets pouvant aider l’homme contemporain, tourmenté par le péché, à acquérir une inquiétude salutaire et à lutter au plan spirituel pour se libérer des liens du péché. Si nous vivons le repentir, nous pourrons nous dépouiller du vieil homme, qui, comme le dit le Géronda, «est un mauvais locataire habitant en nous. Pour le chasser, nous devons démolir notre maison et commencer à en édifier une nouvelle, « l’homme nouveau »».

L’origine du péché réside, selon les Pères, dans nos mauvaises pensées. C’est pourquoi la première partie de cet ouvrage contient une sélection de conseils que le Géronda nous avait donnés au sujet des pensées. «Les pensées, disait- il, manifestent notre état spirituel». La bonne pensée a une grande puissance : elle transforme l’homme spirituellement. La mauvaise pensée, au contraire, le tourmente. Lorsque l’homme chasse les mauvaises pensées et cultive les bonnes pensées, son intellect et son cœur se purifient, et la Grâce de Dieu demeure en lui.

La seconde partie du livre traite de l’immense bénédiction divine qui se déverse sur nous, lorsque, soumis à l’injustice, nous affrontons cette situation sur un plan spirituel. Cette profonde vérité reste souvent méconnue, y compris des hommes spirituels : ils se justifient en permanence et en viennent «à se forger leur propre évangile». Ils s’éloignent alors de Dieu, car la justice humaine n’a pas de place dans la vie spirituelle. Si nous voulons devenir parents du Christ, nous devons acquérir la justice divine, laquelle «porte en elle générosité, noblesse spirituelle, sacrifice».

La troisième partie du présent volume se réfère au péché. Le péché fait un enfer de la vie terrestre, laquelle peut cependant, grâce au combat spirituel, se transformer en paradis. Pour «sortir de l’obscurité du péché», l’homme doit examiner sa conscience, «la première loi divine» qui lui a été donnée par son Créateur, et reconnaître humblement ses fautes. Il sera alors conduit au repentir, lequel est «un travail qui ne finit jamais» et apporte à Pâme la consolation divine.

La quatrième partie du livre souligne comment les puissances des ténèbres – qui agissent à travers leurs propres organes : gourous, devins, hérétiques ou illuminés divers, etc., mais sont en elles-mêmes totalement impuissantes – deviennent toutes puissantes lorsque l’homme leur donne des droits en commettant des péchés graves : il subit alors une influence démoniaque. Pour s’en libérer, l’homme doit prendre conscience de son péché, se repentir, se confesser et devenir ensuite un membre conscient de l’Église.

Enfin, la dernière partie de l’ouvrage insiste sur le sacrement de la confession – indispensable pour recevoir la rémission des péchés – et sur la nécessité pour tout chrétien d’avoir un guide spirituel pour cheminer avec sûreté dans la vie spirituelle. Le Géronda Païssios établit une distinction claire entre le rôle du psychiatre et celui du Père spirituel. De nos jours, en effet, il existe parfois une confusion entre ces deux fonctions. Sont aussi rapportés des faits précis, fruits du travail spirituel que le Géronda exerçait sur les âmes.

Le Géronda Païssios, comme toujours, répondait brièvement aux questions qui lui étaient posées, sans chercher à faire une analyse systématique des thèmes sous-jacents et sans épuiser le sujet abordé. Son but était d’aider les âmes à faire leur salut. «Pour moi, disait-il, le salut d’une âme fait ma consolation et ma joie». Il parlait en fonction de ce qu’il discernait, de ce qui pourrait aider concrètement telle ou telle âme dans son combat, lui donnant «la vitamine spirituelle» dont elle avait besoin, et citant souvent quelque exemple approprié. Le Géronda était persuadé que les bons exemples sont d’un grand profit spirituel. «Je veux écrire, disait-il, mais je n’en ai pas le temps. Je voudrais rapporter les exemples de certaines personnes qui vécurent dignement, de jeunes filles et de garçons, de pères de famille aussi, qui vécurent saintement. De tels bons exemples sont une véritable accusation intérieure pour ceux qui ont rendu le péché à la mode. Accuser le mal ne mène bien souvent à rien. Mais promouvoir le bien fait que le mal s’accuse lui-même».

Bien que les questions auxquelles répondait le Père Païssios aient été, comme on le sait, posées par des moniales, les réponses données concernent tout homme qui mène ou veut mener le «bon combat». Le Géronda soulignait de façon caractéristique, dans une de ses lettres, cette vérité proclamée par les Saints Pères : «Les commandements sont les mêmes pour les laïcs comme pour les moines, et il n’y a qu’un Paradis». Il constatait souvent qu’il existe des laïcs qui vivent de façon très spirituelle et accomplissent un profond travail sur eux-mêmes.

Nous tenons à remercier vivement les personnes qui acceptèrent de lire les manuscrits correspondant à ce volume et nous firent part de leurs impressions. Leurs remarques contribuèrent pour beaucoup à offrir une meilleure présentation de la pensée du Géronda.

Prions que le souhait du Géronda Païssios se réalise : «Que le Bon Dieu nous éclaire et nous donne un fervent repentir, en sorte que tous, nous soyons jugés dignes du Paradis, qu’il nous a préparé comme un Père plein de tendresse». Amen.

Dimanche du Fils Prodigue, il février 2001

 

 

 

— Géronda, comment les animaux sentent-ils la bonté de l’homme ?

— Ils sont doués d’instinct et sentent, si on les aime, si on a pitié d’eux. Au Paradis, les animaux sentaient la bonne odeur de la Grâce et servaient Adam. Depuis la Chute, la nature gémit avec l’homme. Le pauvre lièvre, par exemple, regarde partout, effarouché. Son cœur bat la chamade, toc-toc. Le malheureux ne dort pas du tout. Combien cette pauvre petite créature innocente souffre-t-elle à cause de nous ! Mais lorsque l’homme revient à l’étal d’avant ta Chute, les animaux l’approchent de nouveau sans crainte.