3 états de la nature humaine

Les Saints Pères soulignent qu’il existe 3 états de la même nature humaine : naturel, contre-naturel, surnaturel. Tout au début, Dieu a créé Adam en nature humaine dans l’état naturel. Comme dit saint Jean Damascène, Dieu a fait l’homme innocent, droit, vertueux, sans souci ni tristesse, orné de toute vertu et riche de tout bien, comme un deuxième monde, microcosme dans le macrocosme, un ange adorateur et, mêlés ensemble, un spectateur de la création visible et un initié de la création noétique, roi de la terre régi d’en haut, terrestre et céleste, temporel et immortel, visible et intellectif, à mi-chemin de la hauteur suprême et du dernier degré, le même homme esprit et chair.

Cependant, ayant perdu la grâce divine et étant devenu nu, la nature humaine est entrée dans l’état contre-naturel où, après la rupture d’afflux de la grâce divine, l’esprit est devenu comme un miroir renversé. Au lieu de réfléchir Dieu et de puiser dans Ses forces, il s’est mis à puiser dans les forces de l’âme. L’esprit s’obscurcit et l’homme commence à se cacher de Dieu omniprésent ! (Gn 3:8) Il ne distingue plus le bien et le mal. L’âme parasite le corps. Elle essaie en vain de satisfaire ses besoins par des moyens corporels. (Si l’on est triste, on mange ou on boit.) Les passions apparaissent. Le corps devient dépendant de l’environnement. L’homme se plonge dans le désaccord intérieur. La chair a des désirs contraires à ceux de l’esprit, et l’esprit en a de contraires à ceux de la chair ; ils sont opposés entre eux. (Ga 5:17) Comme l’homme n’a pas été créé autosuffisant et qu’il s’est privé de la source de la grâce, ses forces de vie s’épuisent si bien qu’il commence à connaître la corruption. Son essence commence à subir la maladie, le chagrin, la fatigue, la soif, la faim… Le travail perd de sa joie créative. La femme donne la vie dans la douleur. La corruption de l’essence et la désintégration de toutes les forces de l’âme mènent finalement l’homme à la mort. C’est la plus grave conséquence du péché.

Dieu, s’étant incarné en unifiant les natures divine et humaine en Lui-même, ayant purifié la nature humaine du péché par son Sang divin, ayant monté la nature humaine en Lui-même au-dessus de tous les cieux par l’ascension, donne la possibilité d’atteindre l’état surnaturel. C’est un état de la nature humaine lorsque l’homme devient non seulement privé de toute souillure des passions et du péché en revenant vers l’état naturel, il devient semblable à Dieu en acquérant la ressemblance divine et en réalisant ainsi le dessein divin le concernant. L’homme devient dieu par la grâce, participant de la nature divine (2 Pierre 1.4), fils ou fille adopté par le Père à travers la communion au Fils en l’Esprit-Saint. Ainsi, Dieu, par Sa grande miséricorde, rend à l’homme plus qu’il a perdu.

L’enseignement de Saint Maxime le Confesseur sur 5 séparations

Selon l’enseignement de saint Maxime le Confesseur, Dieu crée le monde à travers les 5 séparations. La première séparation est entre Dieu Lui-même et l’univers, entre le Créateur et la Créature. Elle est infiniment grande ; tellement grande que la divinité ne peut pas se mêler avec la création. Même en Notre Seigneur Jésus Christ, les deux natures humaine et divine se sont unies sans confusion si bien qu’on peut les bien distinguer sans les séparer. La deuxième séparation qui concerne l’univers créé est entre le monde spirituel et le monde matériel. Cette séparation est décrite dans le tout premier verset de la Bible : Au commencement Dieu créa le ciel (le monde spirituel, les anges) et la terre (le monde matériel).  La troisième séparation concernant le monde matériel est entre la terre et le ciel physiques. La quatrième séparation concernant la terre est entre le paradis et le reste de la terre. Et la dernière séparation touchant l’homme lui-même est la séparation entre le mâle et la femelle.

Le but d’Adam était de franchir ou d’unir toutes les séparations en lui-même, car par sa nature il est créé lié à tous les éléments des séparations : à la terre par son corps, au ciel par son âme, au monde spirituel par son esprit, il pouvait même touchait les énergies non créées par son esprit. Ayant franchi les séparations, l’homme devait unir l’univers entier en lui-même et unir tout l’Univers à travers lui-même avec Dieu.

L’homme devait atteindre l’union parfaite avec Dieu et ainsi communiquer l’état de divinisation à toutes les créatures. Tout d’abord, il devait franchir la séparation entre lui et la femme en atteignant l’union étroite et sans passions dans le mariage. Puis, l’homme devait transformer toute la terre au paradis en portant le paradis dans son cœur par la communication permanente avec Dieu. Puis, il devait détruire les obstacles d’espace en unifiant la terre et le ciel, c’est-à-dire tout l’univers matériel. Ayant franchi les limites du monde matériel, l’homme devait l’unifier en lui-même avec le monde spirituel et angélique. Enfin, en n’ayant rien en dehors de lui-même sauf Dieu, l’homme devait Lui remettre dans l’acte d’amour tout l’univers créé et unifié dans sa nature humaine. De Son côté Dieu se serait remis Lui-même à l’homme, qui par le don de la grâce aurait eu tout ce que Dieu avait par la nature. Ainsi, la déification de l’homme et en lui-même de tout l’univers créé aurait pu être achevée. Pourtant, comme cette mission n’était pas faite par Adam, elle était accomplie par Adam second, par notre Seigneur Jésus Christ.

Par Sa naissance sans corruption des sangs purs de la très-sainte Théotoque, Jésus Christ a franchi la première séparation entre l’homme et la femme. Puis, par Sa mort expiatoire sur la Croix, Seigneur a étendu le paradis sur toute la terre en donnant la possibilité aux hommes repentis d’y entrer. En s’adressant au brigand repenti, Il dit : je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. (Lc 23.43). Ensuite, par Sa glorieuse Résurrection, le Seigneur franchi la séparation entre la terre et le ciel. Son Corps devient léger, il n’est plus subordonné aux conditions spatiales en pouvant apparaître là où Il veut et entrer dans la maison avec les portes fermées. Puis, par son Ascension au ciel, le Seigneur a franchi la séparation entre le monde matériel et spirituel ou angélique. Il montait au-dessus de tous les cieux en étant accompagné par les anges qui s’étonnaient de voir le corps physique monter là où il n’était jamais avant. Entre l’Ascension du Seigneur et le jour du Pentecôte il y a 10 jours, dont les 9 jours, le Dieu-homme a été glorifié par les 9 hiérarchies angéliques. Le dixième jour, ayant franchi la dernière séparation entre le monde créé et non créé, le Seigneur entre dans le lieu très saint (Saint de Saint, le Sanctuaire céleste) avec Son Sang (Héb. 9.12) et obtient la rédemption éternelle auprès du Père. Car chaque sacrifice se compose de deux étapes : l’égorgement et l’offrande. L’égorgement du sacrifice du Fils a été fait sur la Golgotha dans le temps et l’offrande du sacrifice au Père se déroule dans le Sanctuaire céleste dans l’éternité. En vertu de Son sacrifice expiatoire de l’humanité chutée, le Fils de Dieu demande à Son Père d’envoyer au monde un autre Consolateur, l’Esprit de Vérité qui rendra témoignage de Lui. Le Fils de Dieu s’assoit à la droite du Père ce qui montre leur pouvoir égal sur l’univers et ce qui symbolise le repos du Fils après avoir accompli Sa mission salvatrice.

 

 

Genèse 4. L’humanité après la chute

 

 

La cultivation de la terre pour acquérir l’humilité

Saint Jean Chrysostome, décrivant la vie de l’humanité primordiale après l’exil du paradis, a dit : « C’est ici que le Seigneur exécute son jugement juste et, ayant fait sortir un homme du paradis de la douceur, il lui fait cultiver la terre de laquelle il a été pris ». Et ces mots « la terre de laquelle il a été pris » ne sont pas sans but, mais pour que l’homme au travail ait constamment un rappel d’humilité et sache que son corps est provenu de la poussière du sol. Et si au paradis, dans le jardin d’Eden, l’homme devait aussi le cultiver et le garder, mais que c’était une existence heureuse, pas une punition, maintenant, lorsque la terre est maudite pour le péché d’Adam, il doit la cultiver à la sueur de son visage. La liaison de l’homme avec la terre, comme nous le voyons chez saint Jean Chrysostome, devrait lui enseigner l’humilité. Et, cultivant la terre, l’homme s’humilie constamment. Il cultive en quelque sorte son âme. Dans le livre de Jésus, fils de Sirach, il est dit : « Ne vous détournez pas du travail et de l’agriculture, qui est instituée à partir du Très Haut (7, 15) ». Inversement, l’isolement de la terre, l’urbanisation, ce n’est pas de Dieu et crée souvent des problèmes moraux. Il est plus facile pour les hommes vivantes et travaillant « sur la terre » de comprendre ce qu’est l’humilité. La Terre est ce dont l’homme est fait. La Terre est la création de Dieu, tandis que la ville est la création de l’homme, sujet de son orgueil et non de l’humilité ce qui montrera l’exemple de Caïn, le premier homme qui a construit la ville.

4.1  Adam connut Eve, sa femme; elle conçut, et enfanta Caïn et elle dit: J’ai formé un homme avec l’aide de l’Éternel.

 

La vie spirituelle fait oublier la vie matérielle

En communiquant constamment avec Dieu, Adam et Eve oubliait les possibilités de la vie physique.

Saint Jean Chrysostome : « Ce ne fut qu’après leur désobéissance et leur exil qu’Adam et Eve eurent commerce ensemble. Auparavant ils vivaient comme des anges, et ils ignoraient les plaisirs de la chair. »

 

Adam connut Eve

La fiancée en hébreu veut dire « inconnue ».

 

Le nom Caïn

Le nom Caïn veut dire « acquisition ». Eve a cru à la prophétie donnée par Dieu au Gn 3.15 si bien qu’elle attendait que son fils serait un homme de Dieu ou Dieu-homme qui écraserait la tête du serpent (Saint Philarète de Moscou). Mais bientôt, la vie a réfuté l’espoir d’Eve. Caïn, conçu dans le péché des parents qui venaient d’être chassés du paradis et qui n’ont pas encore pleuré suffisamment de leur péché, montrait en lui-même le plein développement de la saleté du péché.

 

Pourquoi le Seigneur Jésus-Christ ne s’est pas incarné d’Eve ?

Il y en a plusieurs raisons :

  1. Il fallait que l’homme ait compris où mène le péché commis, quelle est son action destructive, comment est-il impossible de s’en débarrasser par ses propres forces. Toute l’histoire du peuple juif le montre.
  2. Parce qu’il fallait que le Seigneur n’hérite pas la souillure du péché originel qui se transmet par la conception (Jac 1.15). Pour cela il est né par le moyen surnaturel, de la très Sainte Théotoique et l’action de l’Esprit Saint.
  3. Parce qu’il fallait purifier la nature humaine jusqu’à ce qu’il soit possible de le faire à travers les générations des justes. La couronne de la pureté humaine, le don le plus précieux que l’humanité a engendré à travers les générations des hommes justes était la Vierge Marie. Elle n’était pas privée du péché originel parce qu’elle est née de façon naturelle de ses saints parents, cependant, elle était privée de tout péché personnel si bien qu’elle a accueilli Dieu Lui-même sous son cœur.

  

Eve se repent

Eve ne s’attribue pas à elle-même la mérité de la naissance du premier homme né, mais à Dieu. Elle dit : J’ai formé un homme avec l’aide de l’Éternel. Ceci montre son repentir, sa prudence et la compréhension de sa dépendance de Dieu qui donne la vie. La punition de Dieu a causé le désir de la correction en Eve.

  

4.2  Elle enfanta encore son frère Abel. Abel fut berger, et Caïn fut laboureur.

 

La récompense de l’humilité

Saint Jean Chrysostome : « Et de nouveau elle enfanta Abel, son frère. La naissance de ce second fils fut la récompense de sa vive reconnaissance pour celle du premier. Car c’est ainsi que le Seigneur nous traite; et quand nous le remercions d’un premier bienfait, il paie nos hommages par de nouvelles faveurs. Eve devint donc mère une seconde fois, parce que dans la première elle avait reconnu la main du Seigneur. Or, cette fécondité, depuis que le péché l’avait soumise à la mort, lui était une bien grande consolation. »

 

Déception d’Eve

Le nom Abel veut dire le souffle ou la vanité. Adam et Eve ont constaté que Caïn n’était pas du tout ce qu’ils attendaient. Ce fait leur a donné encore plus d’humilité devant Dieu. Ils ont compris la vanité du monde dans l’état chuté. Mais les reflets de la lumière d’Eden brillaient encore dans leurs esprits qui commençait à laver leurs péchés avec des larmes. Les noms donnés aux fils ont déterminé prophétiquement leur dispensation spirituelle. Caïn par tout son être était attaché à ce monde. Il était vraiment un acquéreur. Abel, l’enfant du repentir, aspirait au ciel comme le vent, tout ce qui était terrestre était pour lui une vanité et dans tout son cœur pénétrait le souffle divin. Caïn était une poison frèche du péché, tandis qu’Abel était enfanté à travers les larmes du repentir (saint Philarète de Moscou)

 

Les métiers de Caïn et d’Abel

Pour la compréhension biblique du monde, la vie d’un berger prédispose l’homme plus à Dieu que la vie d’un agriculture. Le premier se sent étranger sur terre (Héb 11.9), le second est complètement attaché au sol. Le premier repose davantage sur la volonté de Dieu et il a beaucoup de temps pour penser au Créateur, tandis que le seconde, à l’instar de Marthe, la sœur de Marie, se soucie beaucoup. L’agriculture ne peut quasiment pas vivre sans des projets d’avenir, ce qui nous permet d’oublier facilement que le dessein de Dieu agit dans notre vie.

  4.3  Au bout de quelque temps, Caïn fit à l’Éternel une offrande des fruits de la terre;

 

Au bout de quelque temps

L’expression « au bout de quelque temps » signifie que ce sacrifice a été fait le jour du nouvel an, qui était alors le premier jour du printemps. Nous voyons ici le premier signe que les luminaires célestes ont commencé à accomplir leur tâche en indiquant les temps sacrés.

4.4  et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L’Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande;

 

L’enseignement sur le sacrifice

L’homme dans son état chuté ressent le désir (ou plutôt c’est la conscience qui lui communique ce désir) de faire une offrande, un sacrifice à Dieu pour lui demander le pardon, montrer sa reconnaissance à Celui de Qui provient l’existence et tous les biens. Dieu n’a pas besoin des sacrifices pour Son existence. Les sacrifices ne lui communiquent pas plus de gloire ou plus de puissance, mais c’est l’homme qui a besoin d’offrir un sacrifice matériel, de donner quelque chose qui lui est cher, ce qui manifeste ainsi le véritable sacrifice spirituel, la prédisposition de son esprit envers Dieu. Saint David dit dans son repentir : Mais tu ne prends point plaisir aux holocaustes. Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c’est un esprit brisé : O Dieu! tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit. (Ps 51.17-18) La vraie sacrifice est le cœur brisé et humble qui exprime sa reconnaissance pour Dieu par l’offrande matérielle.

 

Deux sacrifices différents de Caïn et Abel

Caïn fit à l’Éternel une offrande des fruits de la terre ; et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. Alors, Caïn offre à Dieu des fruits de la terre sans avoir sélectionnés les meilleurs. Au contraire, les meilleurs fruits il garde pour lui-même et le reste il offre à Dieu. Abel sélectionne les meilleurs des meilleures brebis pour l’offrande à Dieu. Parmi les premiers-nés, il met à part leur graisse.

Il est faux de penser que Caïn a fait un sacrifice insouciant par son ignorance. Bien que les lois de Moïse n’aient pas été écrites à cette époque, les gens possédaient déjà toutes les connaissances de base. Dieu Lui-même leur a enseigné cette connaissance au paradis, comme le dit l’ancienne tradition.

 

La conscience incite l’homme à vénérer son Créateur

Saint Jean Chrysostome : « Observez ici quelles lumières le Créateur avait répandues dans la conscience de l’homme. Car qui avait révélé à Caïn la notion du sacrifice? La voix de sa conscience ; il offrit donc au Seigneur un sacrifice des productions de la terre, parce qu’il ne pouvait méconnaître qu’il devait lui faire hommage des fruits de son travail. Ce n’est pas que Dieu eût besoin de ses sacrifices; mais il convenait que, recevant ses bienfaits, il lui témoignât sa reconnaissance. Et en effet, Dieu, qui se suffit à lui-même et qui ne réclame rien de nous, veut bien, dans son extrême bonté, s’abaisser jusqu’à notre pauvreté, et permettre par intérêt pour notre salut, que la connaissance de ses attributs nous soit une école de vertus. »

 

Les types de deux sacrifices de Caïn et Abel

Des sacrifices pacifiques (d’actions de grâce Lév 3.3), sans effusion de sang, ont été offerts pour des délits mineurs : pensées impurs, mauvaises humeurs, petites transgressions. Le sacrifice de sang a toujours été offert pour un péché mortel. L’animal sacrificiel qui est mort pendant le sacrifice semblait remplacer la personne qui avait commis le péché mortel et était destiné à la mort. C’est-à-dire que nous voyons que le choix du type de sacrifice est avant tout une prise de conscience du degré de sa culpabilité.

Quel genre de péché mortel Abel a-t-il commis ? Abel fait un sacrifice de sang non seulement pour lui-même, mais aussi pour ses parents, Adam et Eve. Il sait que leur péché n’est pas que dans le fait qu’ils aient mangé le fruit interdit, mais qu’ils aient cru au serpent et au diable plus qu’à Dieu. Abel comprend que le péché de ses parents le concerne directement. Au chapitre 20 du livre de l’Exode, il est écrit : je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent. (Ex 20.5). Et Abel apporte ainsi un sacrifice sanglant en voulant se débarrasser de ce terrible péché héréditaire.

Caïn pense autrement. Il considère ses péchés comme insignifiants et le péché des parents n’est pas son péché. La mère a arraché le fruit et l’a donné à son père. Pourquoi lui, Cain, doit-il répondre de cela ? La position de Caïn ressemble à celle d’un homme qui ne se voit pas pécheur. Au contraire, les saints hommes étant proche de Dieu qui a éclairé leur état intérieur se sont considérés comme des grands pécheurs. Même les apôtres du Seigneur se sont vus pécheurs. Saint Jean dit : Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous. (Jn. 1.8). Saint Jacques dit : Nous péchons tous de plusieurs manières ». (Jac 3.2) Saint Paul dit : Jésus Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. (1 Tim 1.15) Les hérétiques disent : « Nous sommes saints, nous sommes déjà sauvés. »

 

Saint Jean Chrysostome : « Caïn, dit l’Ecriture, offrit au Seigneur un sacrifice des fruits de la terre. Quant à Abel il choisit pour matière du sien les productions de l’art pastoral. Et il offrit les premiers-nés de son troupeau et les plus gras. Déjà ces seuls mots nous montrent toute la piété d’Abel, car il n’offre pas seulement quelques brebis prises au hasard dans son troupeau, mais les premiers-nés, c’est-à-dire les plus beaux et les plus précieux; et même parmi ceux-ci les plus gras, c’est-à-dire tout ce qu’il y avait de meilleur et de plus excellent. Mais à l’égard de Caïn , l’Écriture n’entre dans aucun détail ; elle se contente de nous dire qu’il offrit un sacrifice des fruits de la terre et nous laisse ainsi supposer qu’il prit les premiers qui lui tombèrent sous la main, et qu’il dédaigna de choisir les plus beaux.

 Si Dieu reçoit nos sacrifices, ce n’est pas qu’il en ait besoin. Il veut seulement nous faciliter les moyens de lui témoigner notre reconnaissance. C’est pourquoi l’homme qui offre en sacrifice les biens mêmes qu’il tient de Dieu, doit, pour remplir ce devoir religieux, choisir tout ce qu’il a de meilleur. Autrement, il ne comprendrait pas combien Dieu lui est supérieur et combien il est lui-même honoré de remplir ces fonctions sacerdotales. Observez aussi, mon cher frère, et concluez de cet exemple quels rigoureux châtiments mérite le chrétien qui, par lâcheté, néglige son salut. J’ajoute que nul docteur n’instruisit Caïn et Abel et que nul conseiller ne leur suggéra l’idée d’offrit un sacrifice : leur conscience seule les en avertit, et les lumières que le Seigneur avait répandues dans l’esprit de l’homme. Ce fut aussi la pureté de l’intention qui fit agréer le sacrifice de l’un et la malice de la volonté qui fit rejeter celui de l’autre. »

 

L’enseignement sur le vrai repentir dans l’Ecriture

Dans le livre de Lévitique, nous lisons des choses très bizarres :

Lorsqu’il y aura sur un homme une plaie de lèpre, on l’amènera au sacrificateur. Le sacrificateur l’examinera. S’il y a sur la peau une tumeur blanche, si cette tumeur a fait blanchir le poil, et qu’il y ait une trace de chair vive dans la tumeur, c’est une lèpre invétérée dans la peau du corps de cet homme: le sacrificateur le déclarera impur; il ne l’enfermera pas, car il est impur. Si la lèpre fait une éruption sur la peau et couvre toute la peau de celui qui a la plaie, depuis la tête jusqu’aux pieds, partout où le sacrificateur portera ses regards, le sacrificateur l’examinera ; et quand il aura vu que la lèpre couvre tout le corps, il déclarera pur celui qui a la plaie : comme il est entièrement devenu blanc, il est pur. Lév. (13.9-14)

Comment comprendre que si la lèpre est présente à certains endroits, une personne est impure ; si la lèpre recouvre complètement le corps humain, une personne devient pure ? C’est un grand symbole de ce que devrait être notre repentance. Nous devons nous confesser et dire : « De la tête aux pieds, il n’y a pas d’endroit pur et sain sur moi. » en montrant et en ouvrant à Dieu et au prêtre toutes ses plaies pécheresses et se repentir. Et alors la repentance sera faite et le Seigneur recevra ce sacrifice de nos lèvres.

 

Dieu accepte l’offrande d’Abel

Le feu de Dieu est descendu du ciel, qui a brulé le sacrifice. Le sacrifice d’Abel a été accepté, mais le sacrifice de Caïn ne l’était pas, peu importe à quel point il tentait d’allumer son autel lui-même. Et Caïn était vraiment contrarié. Il voulait quand-même faire un sacrifice. Et le Seigneur ne l’accepte pas du tout.

4.5  mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu.

 

Dieu n’accepte pas nos sacrifices formels

La meilleure illustration et le proverbe d’un pharisien et publicain :

Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l’un était pharisien, et l’autre publicain. Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain ; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. Le publicain, se tenant à distance, n’osait même pas lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : O Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur. Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifiée, plutôt que l’autre. Car quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. (Luc 18.10-14)

Formellement, le publicain était juste et son cœur était loin de Dieu parce qu’il s’est élevé devant ses prochains.

 

Pourquoi Dieu rejette le sacrifice de Caïn ?

Saint Philarète de Moscou : « L’imperfection du sacrifice de Caïn était que son esprit n’était pas un sacrifice à Dieu ; qu’il ne croyait pas au sacrifice du Rédempteur et qu’il pensait que ce n’était pas pour trouver la vérité dans la foi mais en lui-même et ses œuvres. »

 

Le pécheur s’irrite lorsqu’un autre soit reconnu

Dans l’âme de Caïn qui se considérait comme celui qui a tout accompli avec ses propres forces, s’est manifestée une forte colère. Il se considérait comme digne d’un miracle (la descente du feu) mais son frère l’a dépassé dans ce qu’il lui appartenait (comme il pensait) par le droit du premier-né. Par ailleurs, la fierté de Caïn l’encourageait à craindre la moquerie de ses parents, frères et sœurs (Adam avait d’autres enfants). En conséquence, il a tourné son visage vers les forces de l’enfer.

Caïn a peur de perdre le don du premier-né et l’espérance d’engendrer le Sauveur du monde. La seule solution pour sa logique est de tuer son frère (Saint Philarète de Moscou)

 

Pourquoi Caïn devient triste ?

Saint Ephrem le Syrien dit que Caïn n’était pas triste parce que Dieu n’avait pas accepté son offrande, car il aurait pu en faire un autre et sans négligence. Il était triste parce que Dieu a accepté le sacrifice d’Abel. L’envie est la tristesse sur le bonheur du prochain.

4.6  Et l’Éternel dit à Caïn: Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu?

 

Dieu s’adresse au pécheur

C’est un texte biblique très important. Dieu parle à Caïn et non à Abel, un homme juste qui a tout fait comme il se doit, non seulement de l’extérieur mais aussi de l’intérieur. Dieu s’adresse à celui qui est bouleversé en essayant de calmer celui qui est en colère, d’aider celui dont le cœur a engendré l’envie pour la première fois sur terre. Dieu n’est pas venu dans ce monde pour sauver les justes, mais les pécheurs. Le Seigneur invite Caïn non seulement à faire de bonnes actions, mais également à résister activement au mal qui comme un serpent entoure son cœur de plus en plus fort.

Dieu est tellement miséricordieux qu’Il ne se détourne pas même de l’homme qui L’a chassé entièrement de son cœur. Même le Fils prodige, qui avait dit que Dieu était mort pour lui, reçoît de la part de Dieu la bonne pensée de rentrer à la maison : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim! Je me lèverai, j’irai vers mon père…(Lc 15.17)

4.7  Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi: mais toi, domine sur lui.

 

Le péché se couche à la porte

Dieu montre à Caïn le prologue (cf. le développement du péché en Genèse III) qu’il a reçu dans ses pensées. Dieu montre qu’il connait ses pensées et que le péché cruel commence à pénétrer dans son cœur.

 

Saint Jean Chrysostome : « Et en effet, quand il vit Caïn violemment attristé, et comme submergé par les flots de la douleur , il ne détourna point ses regards de dessus lui, mais il se souvint qu’il avait agi envers Adam avec une tendre compassion, qu’il lui avait facilité après son crime l’occasion d’en obtenir le pardon, et qu’il lui avait comme ouvert la porte d’un humble aveu par cette interrogation : Adam, où es-tu? .. C’est ainsi que pour lui aplanir les voies de la pénitence et du repentir, il lui adressa ces paroles : Pourquoi es-tu triste, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Ton offrande était bonne en elle-même, mais n’as-tu pas péché dans le choix des fruits ? apaise donc ton irritation; son recours sera en toi et tu le domineras. Considérez ici, mon cher frère, l’indulgente et ineffable bonté du Seigneur. Il vit que Caïn était en proie à un mal violent, et qu’une noire jalousie l’assaillait fortement; et voilà qu’il se hâte, dans sa miséricordieuse tendresse, de lui présenter un salutaire remède. Bien plus, il lui tend une main secourable pour l’arracher aux flots qui menacent de le submerger.

Oui, la pensée de m’offrir un sacrifice était louable; et le choix mauvais des fruits offerts m’a seul fait rejeter ce sacrifice. L’oblation d’un sacrifice exige de grandes précautions, et la distance infinie qui sépare le Dieu qui le reçoit de l’homme qui le lui présente, commande à celui-ci une sévère attention dans le choix de la matière. Mais tu n’as fait aucune de ces réflexions, et tu m’as offert les premiers fruits que tu as trouvés sous ta main. Aussi n’ai-je pu agréer ton sacrifice.

Les dispositions mauvaises avec lesquelles tu as offert ton sacrifice, me l’ont fait rejeter; et au contraire la pureté du coeur et le choix exquis des victimes m’ont fait accepter celui de ton frère.

….Le Seigneur savait bien que Caïn s’élèverait contre son frère, et c’est pourquoi il s’efforçait de prévenir en lui cette coupable résolution. Car tous les secrets de nos coeurs lui sont connus, et il découvrait les mouvements qui agitaient celui de Caïn. Aussi cherche-t-il à le guérir par de paternels avis, et par un langage plein de condescendance pour ses coupables dispositions. Il n’omet donc nulle tentative qui eût pu ramener Caïn à de meilleurs sentiments; mais le malheureux repoussa le remède, et se précipita dans l’abîme du fratricide. Tu as péché, lui disait le Seigneur, apaise donc ta colère. « 

 

 

Dieu ne reprend pas le don du premier-né de Caïn

Saint Jean Chrysostome : « Apaise ta colère, car quoique j’aie honoré Abel, et reçu ses dons; tu n’en seras pas moins son aîné, et il te sera soumis. Ainsi, même après ton péché, je maintiens à ton égard les privilèges du droit d’aînesse, et je veux que ton jeune frère reconnaisse ta supériorité et ton autorité.

Admirez donc avec quelle bonté le Seigneur cherche à modérer la fureur et l’irritation de Caïn, et par quelles douces paroles il s’efforce de calmer l’emportement de sa colère ! Il voit le trouble et l’agitation de son coeur, et il n’ignore pas ses projets cruels et homicides; c’est pourquoi il essaie d’éclairer sa raison; et pour ramener dans son âme le calme et la sérénité, il l’assure que son frère lui sera soumis, et qu’il ne perdra rien de son autorité. Mais tant de bontés et de prévenances furent inutiles; Caïn n’en profita point, et il s’opiniâtra dans sa malice et son obstination. »

 

Le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi: mais toi, domine sur lui.

Selon saint Ephrem le Syrien, il ne s’agit pas de la domination sur le frère cadet mais sur le péché, car Caïn était le maître de sa volonté. Mais n’ayant pas fait le bon sacrifice des fruits, il fait encore beaucoup pire, il propose à Dieu le sacrifice de son frère !

4.8  Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel [allons aux champs]; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua.

 

Caïn tue Abel

Selon une tradition, le meurtre a eu lieu après que Caïn eut discuté avec Abel concernant la venue du Sauveur. Il a été tué comme un agneau avec une épée le jour de la première pleine lune de printemps de l’an 229 ans à compter de la création du monde (5279 av. J.-C.), le jour même où les Juifs ont célébré Pâques et où le Seigneur Jésus-Christ, dont la pré-image était Abel, a été mis à mort. Selon saint Augustin, « après le crime d’Adam, le premier porteur de l’image de notre Sauveur fut Abel ; il est vierge, prêtre et martyr : vierge, car il est mort avant le mariage, prêtre, car il a offert à Dieu un agréable sacrifice ; le martyr, car il a été tué pour un véritable culte »

 

Les 7 crimes de Caïn

Selon saint Cyril d’Alexandrie, Caïn a commis sept péchés :

  1. Il a mal séparé ses biens pour l’offrande à Dieu et il n’a pas donné à Dieu le meilleur
  2. Ayant appris son péché il ne s’est pas repenti mais il s’est mis en colère contre son frère
  3. L’envie envers Abel
  4. Ses paroles « Venons aux champs » sont une preuve de tromperie et de flatterie
  5. Le meurtre cruel
  6. Il ment à Dieu
  7. Le désir d’être tué par quelqu’un pour éviter la punition divine

 

La mort d’Abel

Adam et Ève l’ont vu à bout de souffle et ne savaient pas ce qui lui était arrivé. Et ils pleurèrent sur le corps de leur fils, voyant en lui l’image de leur propre mort. Quelques jours sont donc passés, car ils ne savaient pas quoi faire du cadavre. Et seulement quand il a commencé à se décomposer, alors les premiers hommes ont accompli le rite de la mise du corps dans la terre. Ainsi, le premier martyr a été enterré, la source de la justice dont témoigne l’apôtre Paul : « C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn ; c’est par elle qu’il fut déclaré juste, Dieu approuvant ses offrandes; et c’est par elle qu’il parle encore, quoique mort. » (Heb.11.4).

 

Caïn est le peuple juif, Abel est le Christ

Cette parallèle fait saint Cyril d’Alexandrie.

  1. Les juifs cherchent à tuer le Christ. Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l’a point fait. Vous faites les oeuvres de votre père. (Jn 8.40-41)
  2. A l’instar de Caïn, le peuple juif a fait des vaines offrandes peu importantes à Dieu en oubliant le plus important : Allez, et apprenez ce que signifie : Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. (Mat 9.13)

 

Qu’ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices ? dit l’Éternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux ; Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs. Quand vous venez vous présenter devant moi, Qui vous demande de souiller mes parvis ? Cessez d’apporter de vaines offrandes : J’ai en horreur l’encens, Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées; Je ne puis voir le crime s’associer aux solennités. (Es 1.11-13)

  1. Le Christ est le bon berger comme Abel. Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. (Jn 10.11)
  2. Le Christ fait une véritable offrande que le Père accepte. Le Fils se livre pour les péchés du monde.
  3. Le peuple juif tue le Christ par l’envie. Car Pilate savait que c’était par envie que les principaux sacrificateurs l’avaient livré. (Mc 15.10)
  4. Le peuple juif a tué le Christ et ne s’est pas repenti.

4.9  L’Éternel dit à Caïn: Où est ton frère Abel? Il répondit: Je ne sais pas; suis-je le gardien de mon frère?

 

Dieu cherche le repentir de Caïn

Dieu a fait une autre tentative pour ramener Caïn après de Lui-même, pour le diriger sur le chemin de la repentance. Bien sûr, le Seigneur sait ce qui est arrivé à Abel, mais il donne à Caïn, comme précédemment à Adam, l’occasion de se repentir, de demander pardon à Dieu pour ce qu’il a fait. Mais qu’entend-il en réponse ? Je ne sais pas suis-je le gardien de mon frère ?

Lorsque Caïn apporta un sacrifice de paix, il crut qu’il n’avait rien à voir avec le péché de ses parents. Mais nous voyons qu’il n’est pas seulement infecté par le péché de ses parents, mais aussi par les conséquences de ce péché ! Quand Adam et Eve sont tombés dans le péché, ils ont également perdu la raison, en pensant qu’on peut se cacher de Dieu dans les buissons, entre les arbres du paradis. De même, Caïn pense que si, au moment du meurtre de son frère, il ne voyait pas Dieu, alors Dieu ne le voyait pas et il pourrait être trompé. Caïn, en tant que le premier fruit d’Adam et Eve, a absorbé les conséquences remarquables du péché et sa vie est devenue une illustration de l’action du péché.

 

Dieu continue à parler avec le pécheur même après un crime si violent

Saint Jean Chrysostome : « Et Dieu dit à Caïn. Quelle preuve de bonté déjà d’adresser la parole à celui geai venait de commettre un tel crime ! Si nous repoussons comme odieux nos parents que le crime a déshonorés, c’est une raison de  plus pour admirer le Dieu bon lorsqu’il use d’une si grande patience. Car Dieu c’est un médecin, c’est un père très-tendre : comme médecin il apporte tous ses soins à la guérison de ceux qui souffrent : comme père tendre il cherche à ramener à leur félicité première ceux de ses enfants qui sont déchus par leur faute des privilèges de leur naissance. Il veut donc en raison de son immense bonté témoigner de la bienveillance à ce grand coupable, et il lui dit: Où est ton frère Abel ? Etonnante, et infinie patience de Dieu ! S’il interroge, ce n’est pas qu’il l’ignore : il avait déjà interrogé le père après sa faute, rien ne s’opposait à ce qu’il en usât de même avec le fils. Envoyant Adam qui se cachait à cause de la honte que lui donnait sa nudité, il lui demanda: Où es-tu? (Gen. III, 9.) Il n’ignorait pas où il était, mais il voulait, en l’excitant à la confiance, l’amener à effacer son péché par l’aveu qu’il en ferait. Telle est sa conduite ordinaire: il provoque et exige d’abord la confession des péchés, puis il en accorde le pardon; c’est pourquoi il interroge maintenant Caïn, et lui dit : Où est ton frère Abel ? Il feint d’ignorer, ce Maître miséricordieux; il essaie d’amener par ses questions le coupable à l’aveu de son péché, afin qu’il puisse ainsi obtenir son pardon et trouver miséricorde. Où est ton frère Abel ? »

 

 

Caïn a menti à ses parents

Selon saint Ephrem le Syrien, Caïn a dit à ses parents que Dieu a introduit Abel dans le paradis, c’est pourquoi il a disparu. Et lorsque Caïn a pensé qu’il avait évité le jugement juste, Dieu lui dit : où es ton frère ?

4.10  Et Dieu dit: Qu’as-tu fait? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi.

 

Les péchés qui crient jusqu’au ciel

Le sang est un liquide particulier. Il contient la vie du corps et, à travers lui, l’âme contrôle tout l’organisme. Renversé sur le sol, il proclame sa voix qui se répand dans le monde spirituel. Selon le témoignage de l’Apocalypse, la terre est scandalisée par les crimes qui y sont commis. Selon les enseignements de l’Église, fondés sur la Sainte Écriture (Deut 29.23-28), il existe trois types de crimes pour lesquels la Terre renverse les nations. Ce sont des meurtres légalisés (avortements, meurtres de parents et du roi); perversions sexuelles élevées à la norme et la communication avec des esprits impurs (sorcellerie, perception extrasensorielle, spiritualisme, etc.).

 

  

 4.11  Maintenant, tu seras maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère.

 

Le péché de Caïn est beaucoup plus grave que celui d’Adam

Saint Jean Chrysostome : « Et maintenant, puisque tu as fait cela, puisque tu as exécuté ton mauvais dessein, et que l’excès de l’envie t’a précipité dans le meurtre : Tu seras maudit sur la terre.

Voyez-vous, mon cher auditeur, comme cette malédiction diffère de celle d’Adam? Ne passez pas négligemment, mais par la grandeur de la malédiction comprenez l’énormité du crime. Combien ce péché était plus grief que la prévarication du premier homme, vous pouvez en juger par la différence de la malédiction. Dieu avait dit à Adam : La terre est maudite en tes oeuvres (Gen. III, 17), répandant la malédiction sur la terre et épargnant l’homme par bonté; mais ici, comme l’oeuvre est d’une grièveté mortelle, qu’il s’agit d’un forfait, d’une iniquité monstrueuse et impardonnable, c’est Caïn lui-même qui est frappé de malédiction.

Et maintenant te voilà maudit sur la terre. Il avait à peu près fait la même chose que le serpent, il avait comme lui servi d’instrument à la pensée du diable, comme lui employé la ruse pour introduire la mort dans le monde, puisqu’il avait trompé son frère pour le faire sortir dans la campagne, et qu’ayant armé sa main, il l’avait tué. Aussi Dieu qui avait maudit le serpent : Tu seras maudit parmi les bêtes de la terre, Dieu maudit de même Caïn, dont l’oeuvre ressemblait à celle du serpent. Le diable était tourmenté par l’envie; il ne pouvait voir sans un dépit amer les immenses bienfaits dont Dieu avait comblé l’homme dès le premier jour de sa vie, c’est pourquoi il ourdit une traîne artificieuse qui introduisit la mort dans le monde. De même Caïn regarda d’un oeil envieux et jaloux la bienveillance particulière de Dieu pour Abel, et de l’envie il passa au meurtre. Voilà pourquoi Dieu lui dit : Tu seras maudit sur la terre. Tu seras en abomination à cette même terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Oui, elle te repoussera avec horreur, cette terre, parce qu’elle s’indigne d’avoir été arrosée d’un tel sang, souillée d’un tel forfait, outragée par ta main homicide. »

4.12  Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et vagabond sur la terre.

4.13  Caïn dit à l’Éternel: Mon châtiment est trop grand pour être supporté.

4.14  Voici, tu me chasses aujourd’hui de cette terre; je serai caché loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera.

 

 

 Il peut être tard de se repentir…

Saint Jean Chrysostome : « Et Caïn dit: Mon crime est trop grand pour que j’en obtienne la rémission. Confession suffisante, mais intempestive. Caïn dit encore : Si vous me chassez aujourd’hui de dessus la terre, j’irai me cacher de devant votre face, et je serai gémissant et tremblant sur la terre ; et il arrivera que quiconque me trouvera me tuera. Paroles qui excitent la pitié ! malheureusement elles viennent trop tard , et le défaut d’opportunité leur ôte toute valeur : Si vous me chassez, dit-il, de dessus la terre, j’irai me cacher de devant votre face, et je serai gémissant et tremblant sur la terre; et il arrivera que quiconque me rencontrera me tuera. Puisque vous m’avez rendu exécrable à la terre, puisque vous me repoussez vous-même, que vous me livrez à un châtiment si sévère, qu’il doit me faire gémir et trembler, rien n’empêchera désormais, qu’étant en cet état, et dénué de tout secours de votre part, je ne sois tué par le premier qui me rencontrera. Je serai facile à vaincre pour le premier venu qui voudra m’ôter la vie. Je n’ai pas la force de résister par moi-même avec ces membres perclus et agités par un continuel tremblement; de plus, on saura que vous m’avez privé de votre secours, et ce motif déterminera à me donner la mort ceux qui en auraient le désir. »

4.15  L’Éternel lui dit: Si quelqu’un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l’Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point.

 

Signe sur Caïn

En ce qui concerne le signe donné à Caïn, il existe différentes interprétations:

1) il est tombé malade de la lèpre et tous ceux qui le voyaient dans cet état considéraient que Caïn était déjà puni par Dieu;

2) une corne a poussé sur le front de Caïn;

3) sur son front, le Seigneur a fait une inscription qui a rempli de la sainte horreur ceux qui la lisaient.

Selon le témoignage des 70 traducteurs, le signe de Caïn était les gémissements de la poitrine et le fait qu’il secouait constamment la tête et la main droite par laquelle il avait tué son frère. « Grâce à cette agitation de la main droite, Caïn ne pouvait pas mettre la nourriture dans sa bouche, ni rien faire du tout. »

4.16  Puis, Caïn s’éloigna de la face de l’Éternel, et habita dans la terre de Nod, à l’orient d’Éden.

4.17  Caïn connut sa femme; elle conçut, et enfanta Hénoc. Il bâtit ensuite une ville, et il donna à cette ville le nom de son fils Hénoc.

 

La ville a pour but de se cacher de Dieu

Voici qui était le premier urbaniste sur la terre, c’est Caïn damné de la terre ! Les villes anciennes sont des forteresses. Et Caïn, envahi par la peur de sa vie, a construit une forteresse. Il ne veut pas apprendre l’humilité en cultivant la terre. Il veut se défendre. Il continue à se durcir. Et, appelant la ville par le nom de son fils, il montre de plus en plus son aliénation de Dieu, son autosuffisance. Caïn ne veut pas vivre dans le monde de Dieu, il veut créer son monde artificiel. Et dans cette ville, il vivra selon ses propres règles. Ceux qui se construisent leur propre monde en dehors de la volonté de Dieu ressemblent à Caïn. Le Seigneur dit : Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse. (Mat 12.30)

4.18  Hénoc engendra Irad, Irad engendra Mehujaël, Mehujaël engendra Metuschaël, et Metuschaël engendra Lémec.

 

Les noms décrivent la relation avec Dieu

  • Irad = la cité
  • Mehujaël = écrasé par Dieu
  • Metuschaël = celui qui demande la mort à Dieu
  • Lémec = destructeur

4.19  Lémec prit deux femmes: le nom de l’une était Ada, et le nom de l’autre Tsilla.

 

  • Ada = attrayante
  • Tsilla = ombre

Elles étaient les inventrices de la cosmétique selon une tradition.

 Lémec est le premier polygamiste. 

4.20  Ada enfanta Jabal: il fut le père de ceux qui habitent sous des tentes et près des troupeaux.

4.21  Le nom de son frère était Jubal: il fut le père de tous ceux qui jouent de la harpe et du chalumeau.

 

La différence entre le chant et la musique

Comme l’écrit Martynov, chercheur en chant d’église, «si la cause du chant angélique est une abondance de grâce, la cause de la musique s’enracine dans la perte de la grâce … Des sons musicaux, excitant l’âme d’une manière particulière, peuvent l’amener dans un état agréable et surélevé semblable à un état de bonheur céleste et compensant dans une certaine mesure son absence, lui permettant pendant une courte période d’oublier les graves soucis du monde. Ainsi, la musique, qui est en quelque sorte un substitut de la nourriture du paradis impérissable et, pourrait devenir nécessaire seulement à la suite de la perte de la félicité paradisiaque en général et de la capacité d’entendre les anges en particulier. »

Selon cet auteur, la musique inventée par Jabal avait un caractère magique.

4.22  Tsilla, de son côté, enfanta Tubal Caïn, qui forgeait tous les instruments d’airain et de fer. La soeur de Tubal Caïn était Naama.

 

Tubal Caïn = celui qui frappe par le marteau. Il est inventeur de l’arme.

Naama = séductrice. Elle a inventé la prostitution. C’est elle qui va apprendre les filles de Caïn à séduire les fils de Seth. Naama a été vénérée comme la déesse de la débauche sous le nom d’Aphrodite, Vénus, Ishtar (même les Phéniciens ont conservé son vrai nom Naama).

4.23  Lémec dit à ses femmes: Ada et Tsilla, écoutez ma voix! Femmes de Lémec, écoutez ma parole! J’ai tué un homme pour ma blessure, Et un jeune homme pour ma meurtrissure.

4.24  Caïn sera vengé sept fois, Et Lémec soixante-dix-sept fois.

 

Le premier poème de l’homme

Ses paroles sont le premier poème dans l’histoire de l’humanité (Il y a rime et rythme). La raison de cette chanson est le meurtre involontaire de Caïn, survenu durant la vie de son descendant dans la septième génération. Selon saint André de Crète, la chanson de Lamech est le fruit de son repentir du meurtre.

 

La mort de Caïn

Le Seigneur lui-même avait révélé à Caïn qu’il serait tué après sept générations. Le meurtre de Cain a été commis par son descendant, Lamech, qui a confondu le vieil Cain avec une bête sauvage en chasse et l’a tué avec une flèche en arc. Le mal l’emporte toujours sur celui qui l’a fait. Lamech, étant en colère après avoir tué son ancêtre tue aussi son fils Tubal Caïn.

La généalogie du Christ ascendant vers Adam mentionnée dans l’Evangile de Luc contient exactement 77 noms (Luc 3.23-38). Ainsi, selon l’incroyable prophétie de Lamech, à la 77e génération depuis Adam, le péché d’un meurtrier involontaire sera racheté. C’est Jésus-Christ le Fils de Dieu qui par son sacrifice expiatoire a pris sur Lui-même les péchés de tous ceux qui se repentent. Lamech, c’étant repenti, prophétise sur la Rédemption faite par le Christ.

 

Flavius Josèphe. ANTIQUITES JUDAÏQUES

Les dix générations issues d’Adam jusqu’au déluge.

Il leur naquit deux enfants mâles ; le premier s’appelait Kaïs (Caïn) dont le nom se traduit par acquisition, le second, Abel(os) c’est-à-dire deuil. Il leur naquit également des filles. Les deux frères se plaisaient à des occupations différentes : Abel, le plus jeune, était zélé pour la justice et, dans l’idée que Dieu présidait à toutes ses actions, il s’appliquait à la vertu ; sa vie était celle d’un berger. Caïn était en tout d’une grande perversité et n’avait d’yeux que pour le lucre ; il est le premier qui ait imaginé de labourer la terre ; il tue son frère pour le motif suivant. Comme ils avaient décidé de faire des offrandes à Dieu, Caïn apporta les fruits de la terre, et ceux des arbres cultivés ; Abel, du lait et les premiers-nés de ses troupeaux. C’est cette offrande qui plut davantage à Dieu : des fruits nés spontanément et selon les lois naturelles l’honoraient, mais non pas des produits obtenus par la cupidité d’un homme, en forçant la nature. Alors Caïn, irrité de voir Abel préféré par Dieu, tue son frère : ayant fait disparaître le cadavre, il croyait que le meurtre resterait ignoré. Mais Dieu, qui savait le crime, alla trouver Caïn, et lui demanda où pouvait être son frère ; depuis plusieurs jours, il ne l’aperçoit plus, lui qu’il voyait auparavant aller et venir sans cesse avec Caïn. Celui-ci, embarrassé, n’ayant rien à répondre, déclare d’abord qu’il est très étonné lui-même de ne pas voir son frère, puis, harcelé par Dieu de questions pressantes et poussé à bout, il répond qu’il n’est pas le gouverneur de son frère, chargé de surveiller sa personne et ses actes. Dès ce moment, Dieu l’accuse d’être le meurtrier de son frère : « Je m’étonne, dit Dieu, que tu ne puisses dire ce qui est advenu d’un homme que tu as toi-même tué ». Cependant, il ne lui inflige pas la peine méritée par son meurtre, Caïn lui ayant offert un sacrifice et l’ayant supplié de ne pas lui faire sentir trop durement sa colère ; mais il le maudit et menace de punir ses descendants jusqu’à la septième génération ; puis, il le bannit de cette contrée avec sa femme. Comme Caïn craignait de devenir la proie des bêtes féroces et de périr ainsi, Dieu l’exhorte à ne pas baisser la tête d’un air morne pour un pareil motif : il n’aura rien à redouter des bêtes féroces et, par suite, il pourra errer sans crainte sur toute la terre. Dieu met un signe sur lui pour le faire reconnaître et lui enjoint de partir.

Caïn traverse beaucoup de pays et s’arrête avec sa femme dans un endroit appelé Naïs, où il fixe sa résidence et où des enfants lui naquirent. Loin de considérer son châtiment comme un avertissement, il n’en devint que plus pervers : il s’adonna à toutes les voluptés corporelles, dût-il maltraiter, pour les satisfaire, ceux qui étaient avec lui ; il augmente sa fortune de quantités de richesses amassées par la rapine et la violence ; il invita au plaisir et au pillage tous ceux qu’il rencontrait et devint leur instructeur en pratiques scélérates. Il détruisit l’insouciance, où vivaient précédemment les hommes, par l’invention des mesures et des poids ; la vie franche et généreuse que l’on menait dans l’ignorance de ces choses, il en fait une vie de fourberie. Le premier, il délimita des propriétés ; il bâtit une ville, la fortifia par des murs et contraignit ses compagnons à s’associer en communauté. Cette ville, il la nomme Anocha du nom de son fils aîné Anoch(os). Anoch eut pour fils Jared(ès) ; de celui-ci naquit Marouêl(os), lequel eut pour fils Mathousalas, père de Lamech(os) qui eut soixante-dix-sept enfants de deux femmes, Sella et Ada. L’un d’eux Jôbel(os), né d’Ada, planta des tentes et se plut à la vie pastorale. Joubal(os), son frère, né de la même mère, s’adonna à la musique et inventa les psaltérions et les cithares. Thobél(os), un des fils de l’autre femme, plus fort que tous les hommes, se distingua dans l’art de la guerre où il trouva de quoi satisfaire aux plaisirs du corps ; il inventa le premier l’art de forger. Lamech devint père d’une fille, Noéma : comme il voyait, par sa grande science des choses divines, qu’il subirait la peine du meurtre commis par Caïn sur son frère, il s’en ouvrit à ses femmes.

Encore du vivant d’Adam, les descendants de Caïn en arrivèrent aux plus grands crimes : par les traditions et l’exemple, leurs vices allaient toujours en empirant ; ils faisaient la guerre sans modération et s’empressaient au pillage. Et ceux qui n’osaient pas verser le sang montraient, du moins, tous les emportements de l’insolence, de l’audace et de la cupidité.

4.25  Adam connut encore sa femme; elle enfanta un fils, et l’appela du nom de Seth, car, dit-elle, Dieu m’a donnée un autre fils à la place d’Abel, que Caïn a tué.

 

L’espérance d’Adam et Eve

Seth veut dire « fondement ». Le nom montre l’espérance d’Adam et Eve que Dieu restitue la « bonne » génération à partir de Seth qui s’est achevé avec la mort d’Abel (saint Philarète de Moscou). Eve espère que Seth devienne le fondement du futur peuple béni des adorateurs de Dieu.

 

Saint Jean Chrysostome : « Or, Adam connut Eve sa femme, et celle-ci ayant conçu, enfanta un fils, et elle le nomma Seth, disant : Dieu m’a suscité une autre postérité à la place d’Abel, que Caïn a tué. Arrêtant la liste généalogique à Lamech, la sainte Ecriture remonte à Adam et à sa femme, et dit : Or, Adam connut sa femme, et celle-ci ayant conçu, enfanta un fils, et elle le nomma Seth, disant : Dieu m’a suscité une autre postérité ci la place d’Abel tué par Caïn. Elle enfanta, est-il écrit, un fils, et elle lui donna le nom de Seth. Non contente d’avoir donné un nom à son nouveau-né, la mère ajoute encore : Dieu m’a suscité une autre postérité ci la place d’Abel tué par Caïn. Remarquez le soin que prend cette mère, par le nom qu’elle donne à son fils, de perpétuer la mémoire de ce crime abominable; c’est afin que les générations futures apprennent le meurtre commis par Caïn, qu’elle dit : au lieu d’Abel tué par Caïn. Parole d’une mère affligée par la douleur, troublée par le souvenir d’un triste événement, parole d’action de grâce pour le fils que Dieu envoie, mais parole qui, dans le nom du nouveau-né, imprime d’une manière ineffaçable le crime d’un autre fils. Et en vérité, quel deuil amer Caïn n’avait-il pas causé à ses parents, lorsqu’il avait armé sa main contre son frère, lorsqu’il leur avait fait voir cet enfant si tendrement (124) aimé, étendu par terre, mort, privé de mouvement. Adam avait bien entendu prononcer son arrêt : Tu es terre et tu retourneras en terre; et encore : Le jour où vous en mangerez, vous mourrez de mort; mais jusque là la sentence était demeurée en paroles, et nos premiers parents n’avaient pas encore vu ce que c’était que la mort; Caïn poussé par sa haine contre son frère, et par l’envie qui le rongeait intérieurement , se jeta sur Abel et le tua, et il fit voir à ses parents un horrible spectacle. C’est pourquoi la mère, à qui la naissance d’un nouvel enfant aidait à soulever un peu le poids de son deuil, rend grâce au Seigneur de la consolation qu’il lui accorde, mais en même temps elle veut perpétuer le souvenir du fratricide, punissant ainsi à son tour le coupable d’un nouveau et sévère châtiment.

Voyez-vous quel mal c’est que le péché ; comme il inflige une marque publique de honte et d’infamie à ceux qui le commettent; comme après avoir privé Caïn du secours d’en-haut, il en a fait le jouet du monde ? Voyez-vous comme, par son détestable péché, il est devenu odieux même à ses parents, que la nature cependant incline si fort à la tendresse pour leurs enfants. Fuyons donc, je vous en conjure, ce péché qui nous environne de tant de maux, et embrassons la vertu, qui nous procurera la faveur céleste, et éloignera de nous la punition. »

4.26  Seth eut aussi un fils, et il l’appela du nom d’Énosch. C’est alors que l’on commença à invoquer le nom de l’Éternel.

 

Énosch veut dire « mortel » ou « faible ».  

Saint Jean Chrysostome : « Et il naquit un fils à Seth : et il lui donna le nom d’Enos ; celui-ci mit sa confiance à invoquer le nom du Seigneur. Remarquez ici de quelle manière les hommes prennent peu à peu l’habitude. de témoigner à Dieu leur reconnaissance dans les noms qu’ils donnent à leurs enfants. Seth eut donc un fils et il le nomma Enos, raconte la sainte Ecriture ; puis pour interpréter le sens de ce nom elle ajoute : Celui-ci mit sa confiance à invoquer le nom du Seigneur. Aussi est-ce par Seth, et par Enos et leurs descendants que le bienheureux Prophète établira sa généalogie; désormais il laisse de côté Caïn et sa descendance depuis Lamech. Caïn a perdu son privilège de naissance, je veux dire son privilège de premier-né : il l’a perdu librement par sa méchanceté, et lui et sa postérité sont exclus de la liste. Au contraire, Seth obtient par sa vertu une prérogative que la nature lui a refusée: les droits de primogéniture lui sont transférés en dépit de la nature, parce que sa volonté s’est tournée vers le bien , et ses descendants sont appelés à l’honneur de former la généalogie des premiers ancêtres de l’humanité. Enos fut ainsi appelé à cause de sa confiance à invoquer le nom du Seigneur Dieu, et ceux qui naîtront de lui porteront le même nom. Ici notre bienheureux Prophète suspend sa narration, et remonte encore une fois à l’origine pour commencer un autre récit. »

 

C’est alors que l’on commença à invoquer le nom de l’Éternel.

Pour la première fois, les hommes ont commencé à prier ensemble Dieu, à lui servir de manière collective. (Saint Philarète de Moscou)


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