12.1 Le Seigneur dit alors à Abram : Sors de ta terre, de ta famille, et de la maison de ton père, pour te rendre en la terre que je te montrerai.

 

Gravité de l’ordre de Dieu

Quitter sa patrie, son lieu de naissance, pour les anciens signifiait quasiment mourrir. Les n’ont presque pas voyagé autrefois.

Saint Jean Chrysostome : « Ne négligeons rien de ce qui précède, mais songeons à la gravité de cette injonction : Sors, dit-il, de ton pays, quitte ta famille et la maison de ton père, et viens dans la terre que je te montrerai. C’est comme s’il disait : Abandonne une existence connue et assurée pour en prendre une inconnue et incertaine. Voyez comme le juste est éprouvé dès le commencement, comme il doit abandonner le certain pour l’incertain et le présent pour l’avenir. En effet, ce n’est pas là un ordre qu’on soit habitué à recevoir; il fallait quitter le pays qu’il avait habité si longtemps, toute sa famille, toute la maison de son père, et aller sans savoir où, dans un pays inconnu. Car Dieu ne lui dit pas dans quelle contrée il veut le transporter, mais il éprouve la piété du patriarche par ce qu’il y a de vague dans son commandement. Viens, dit-il, dans la terre que je te montrerai. »

 

La vertu d’Abram

Saint Jean Chrysostome : « Songez, mes bien-aimés, quelle force d’esprit cela exigeait, et combien il fallait être dégagé de toute affection et de toute habitude. Maintenant encore, après les progrès de la religion, bien des gens sont esclaves de l’habitude au point de supporter volontiers mille souffrances, plutôt que d’abandonner les lieux, qu’ils habitent, à moins que la nécessité ne les y force; et cela ne se voit pas seulement chez les premiers venus; mais chez ceux qui fuient le tumulte du monde et qui ont choisi l’existence des solitaires : combien donc était-il probable qu’un pareil ordre répugnerait à ce juste et lui serait pénible à accomplir? Pars, laisse tes parents, la maison paternelle, et viens sur la terre que je te montrerai.

Qui ne serait troublé de pareilles paroles? Dieu ne lui désigne d’une manière précise, ni l’endroit ni le pays, mais il sonde l’esprit du juste par l’incertitude de son commandement. Si tout autre, si le premier venu avait reçu cet ordre, il aurait dit: Soit; tu veux que je quitte le pays que j’habite, ma famille, la maison de mon père. Pourquoi ne me dis-tu pas aussi quel est l’endroit où tu m’envoies afin que je sache si j’ai beaucoup de chemin à faire? Comment- saurai-je si mon nouveau séjour l’emporte sur celui que j’abandonne, par l’abondance et la fertilité? Or, le juste ne dit rien, ne pensa rien de semblable, mais songeant à l’importance d’un pareil ordre, il préféra l’incertain au certain…

Comme un serviteur fidèle, il n’écouta que le commandement, sans montrer de curiosité et sans chercher de prétextes: il obéit, sachant que Dieu ne promet jamais en vain. »

 

La vieillesse n’est pas un prétexte pour ne pas accomplir les commandements de Dieu

Saint Jean Chrysostome : « Peut-être encore s’il avait voulu prêter l’oreille aux raisonnements humains, se serait-il tenu ce langage? Dans cet âge où j’arrive, au terme de la vieillesse, où irai-je? Je n’emmène point de frères, je n’ai pas de parents avec moi; séparé de toute ma famille, seul et étranger, comment me dirigerai-je vers ce pays inconnu sans savoir quand je cesserai d’errer sur la terre? Si je meurs au milieu de mon voyage, à quoi m’auront servi tant de souffrances? qui s’inquiétera d’un vieillard, d’un étranger sans patrie, sans maison ? Peut-être ma femme implorera-t-elle les voisins pour obtenir leur pitié et ramasser quelques aumônes, afin de m’ensevelir. Combien il vaudrait mieux achever ici le peu de temps qui me reste à vivre que d’errer dans ma vieillesse et d’essuyer les railleries de tout le monde ! On se moquera d’un homme qui ne peut, pas vivre tranquille à mon âge et qui passe sans cesse d’un endroit à un autre, sans s’arrêter nulle part. Eli bien ! ce juste ne pensa à rien de tout cela et ne songea qu’à se bâter d’obéir. »

 

Abram ne connaissait pas la destination de sa voie

C’est par la foi qu’Abraham, lors de sa vocation, obéit et partit pour un lieu qu’il devait recevoir en héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait. (Héb 11.8)

 

Le sens spirituel de l’ordre donné à Abram

Selon saint Césarée d’Arles :

Sorsde ton pays, dit le Seigneur, de ta famille. Tout cela, frères, comme nous le croyons et le ressentons, nous est fait par le sacrement du baptême. Notre terre est notre corps; nous venons de notre pays lorsque nous abandonnons les habitudes charnelles pour suivre le Christ. Ne vous semble-t-il pas heureux de quitter votre pays, c’est-à-dire vous-même, celui qui passe des orgueilleux aux humbles, des coléreux aux patients, des dépravés aux chagrins, des cupides aux généreux, des envieux aux gentils, des cruels aux doux? En vérité, frères, on est heureux qui, ayant tant changé pour l’amour du Seigneur, quitte donc son pays. En effet, même dans les communications privées, si soudainement une personne perverse commence à faire de bonnes actions, nous sommes enclins à dire de lui: il s’est surpassé. En fait, il convient de dire de lui qu’il s’est surpassé s’il renonçait aux vices et se consacrait aux vertus.

De ta famille, dit le Seigneur. Par notre famille, nous devrions comprendre les vices et les péchés qui naissent en partie avec nous, et qui grandissent et sont nourris par nous dès l’enfance par le fait que nous faisons de mauvaises choses. Par conséquent, nous quittons notre famille lorsque nous sommes libérés de tous les péchés et vices par la grâce du baptême.

Sors de la maison de ton père. Ceci, frères bien-aimés, nous devons recevoir spirituellement. Notre père, avant la grâce de Christ, était le diable, et le Seigneur parle de lui dans l’Évangile lorsqu’il condamne les Juifs: Ton père est le diable; et vous voulez satisfaire les convoitises de votre père (Jean 8:44). Il l’appelle le père de l’humanité… En effet, les gens ne pouvaient pas être nés de lui, mais ils voulaient l’imiter. Le fait que le diable était notre père auparavant, dit le psalmiste au nom de Dieu, s’adressant à l’Église: Écoute, ma fille, regarde, plie l’oreille et oublie ton peuple et la maison de ton père (Ps. 45:11).

 

La nécessité d’imiter Abraham

Saint Philarète de Moscou : « Dès le début, Dieu agit avec Abraham comme un homme parfait, qui servira d’exemple à tous ceux que Dieu appelle à la perfection. Son ordre de quitter ses parents, la patrie et de le suivre (Matthieu 19:29) est le conseil de Jésus-Christ à ceux qui veulent être parfaits. Étant dûs à Dieu pour toutes Ses bénédictions, tant spirituelles que matérielles, nous devons Lui donner tout l’amour et toute l’obéissance; tout laisser à Dieu, Le préférer à tout, voilà l’accomplissement le plus parfait de nos devoirs envers lui! Dieu n’appelle pas Abraham le pays connu vers lequel il doit se rendre, il ne fait que lui montrer la direction: Abraham, pour sa part, n’est pas gêné par cet inconnu, car il agit par la foi, qui est simple et ne supporte pas la curiosité. Lorsque vous entendez la voix de Dieu vous ordonnant de quitter le monde et de tout ce que vous y avez sous la forme d’un aimable séjour, obéissez-lui comme Abraham a obéi, puis priez avec ferveur que le Seigneur vous montre le saint refuge qu’il vous a accordé et qui devrait être la terre promise pour vous. »

 

12.2 Je ferai sortir de toi un grand peuple ; je te bénirai, je glorifierai ton nom, et il sera béni.

 

Les promesses données à Abram

Saint Jean Chrysostome : « Je ferai naître de toi une grande nation et je te bénirai; je glorifierai ton nom et tu seras béni. Voilà une promesse magnifique. Je ferai naître de toi une grande nation et je, te bénirai, et je glorifierai ton nom. Non-seulement tu seras l’origine d’un grand peuple et je rendrai ton nom glorieux, mais je te bénirai, tu seras béni! Ne croyez pas, mes bien-aimés, qu’il y ait une répétition inutile dans mots : Je te bénirai et tu seras béni. Je t’accorderai, dit-il, une telle bénédiction qu’elle s’étendra dans l’éternité. Tu seras béni, au point que l’on regardera comme le plus grand honneur d’être allié avec toi. Voyez comme longtemps à l’avance et dès le commencement il lui prédit l’illustration qu’il lui préparait. Aussi les Juifs, fiers de leur patriarche, se vantaient de se rattacher à sa famille et disaient: Nous sommes les fils d’Abraham. Mais, pour leur montrer que leur perversité les rendait indignes de cette descendance, le Christ leur dit : Si vous étiez les fils d’Abraham, vous feriez les oeuvres d’Abraham. (Jean, VIII, 39.) De même, Jean, le fils de Zacharie, quand il voyait lus Juifs accourir à lui et s’empresser pour se faire baptiser, leur disait: Race de vipères, d’où avez-vous appris à fuir la colère qui vous menace ? Faites de dignes fruits de pénitence et ne pensez pas à dire : Nous avons pour père Abraham ? Je vous le dis, Dieu peut faire sortir, même de ces pierres, des enfants à Abraham. (Mat. III, 7, 9.) Voyez-vous combien ce nom était grand aux yeux de tous? Mais longtemps avant l’accomplissement, la piété du juste se manifeste par sa confiance aux paroles de Dieu et la facilité avec laquelle il se charge d’un fardeau qui semblait si lourd. »

 

 

12.3 Je bénirai ceux qui te béniront ; ceux qui je maudiront, je les maudirai, et en toi seront bénies toutes les tribus de la terre.

 

Bénédictions abondantes d’Abram

Saint Jean Chrysostome : «Voyez comme Dieu s’abaisse jusqu’à lui, et quelle preuve il lui donne de son affection ! J’aurai, dit-il, pour amis, ceux qui vivront en paix avec toi, et pour ennemis, ceux qui voudront te nuire; tandis que c’est à peine si les fils partagent les amitiés et les inimitiés de leurs pères.. Voyez , mes bien-aimés , jusqu’où va la bienveillance de Dieu pour le patriarche Je bénirai, dit-il, ceux qui te béniront et je maudirai ceux qui te maudiront, et toutes les tribus de la terre seront bénies en toi. Voyez quel surcroît de libéralité ! Toutes les tribus de la terre, dit-il, s’efforceront d’être bénies en ton nom et se feront un honneur de t’invoquer. »

Abraham devient non seulement béni mais la source de la bénédiction pour toutes les tribus de la terre.

 

Je bénirai ceux qui te béniront ; ceux qui je maudiront, je les maudirai

Saint Philarète de Moscou : « Ceux qui bénissent Abram sont ceux qui croient en la bénédiction de Dieu qui repose sur lui; et c’est pourquoi leur foi leur est imputée, tout comme elle est imputée à Abram (Genèse 15: 6). Ceux qui maudissent Abram sont des incroyants : par conséquent, ceux qui se sont eux-mêmes éloignés de la bénédiction offerte à la foi, et restent donc nécessairement sous le coup d’une malédiction (Gal. 3:9). »

 

En toi seront bénies toutes les tribus de la terre

Cette promesse concerne le Seigneur Jésus-Christ qui est le fil d’Abraham selon la chair.

Saint Bède le Vulnérable : « Ainsi, lorsque Dieu dit : et que toutes les tribus de la terre sont bénies en toi, ceci revient à dire : Dans ta postérité, toutes les tribus de la terre sont bénies (Actes 3:25). Dans les paroles de l’apôtre, je dirai qu’au moment où on lui a dit cela, dans les reins d’Abram, il y avait déjà Marie, de qui le Christ devait naître. Comme la distribution de la sévérité et de la gentillesse de Dieu était merveilleuse ! De nombreuses personnes rassemblées pour la cause de l’orgueil méritent d’être divisées en différentes langues et tribus (voir Genèse 11: 1-9). Seul Abraham mérite d’avoir la promesse, selon laquelle toutes les nations autrefois divisées en différentes langues et tribus s’uniraient en lui seul. » 

 

La propagation de la bénédiction d’Abraham aux Gentils

L’apôtre Paul donne le meilleur commentaire dans son épître aux Galates, affirmant que par l’intermédiaire de Jésus-Christ, la bénédiction d’Abram a été étendue aux Gentils … Dieu, sachant qu’Il justifiera les Gentils par la foi, proclame à Abram: « toutes les nations seront bénies en toi ».

Aussi l’Ecriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : Toutes les nations seront bénies en toi ! 9 de sorte que ceux qui croient sont bénis avec Abraham le croyant. (Gal 3.8-9)

 

12.4 Et Abram s’en alla, comme avait dit le Seigneur, et Lot partit avec lui. Or, Abram avait soixante-quinze ans lorsqu’il sortit de Haran.

12.5 Abram prit donc Sara, sa femme, Lot, fils de son frère, tout ce qui leur appartenait, tout ce qu’ils avaient acquis, toutes les âmes qu’ils avaient acquises dans Haran ; et ils partirent pour passer en la terre de Chanaan.

 

L’obéissance d’Abram

Saint Jean Chrysostome :  « Abram partit comme le Seigneur Dieu le lui avait dit, et Loth alla avec lui. Le texte ne dit pas simplement: Abram partit; mais il ajoute : Comme le Seigneur Dieu le lui avait dit. Il fit tout ce qui lui était ordonné. Dieu lui dit de tout abandonner, sa famille et sa maison: il les abandonna. Dieu lui dit d’aller sur une terre inconnue : il obéit. Dieu lui promit de le rendre père d’un grand peuple et de le bénir : il crut que cela arriverait. Il partit comme le lui avait dit le Seigneur Dieu, c’est-à-dire, il crut à toutes les paroles de Dieu sans hésiter, sans douter, mais il partit l’âme pleine de constance et de fermeté. Aussi fut-il très-agréable au Seigneur. »

 

Pourquoi Abram prend Loth avec lui ?

Saint Jean Chrysostome :  « Cependant l’Ecriture dit: Et Loth partit avec lui. Pourquoi, lorsque Dieu lui avait dit Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père, Abram a-t-il emmené Loth ? Ce n’est pas qu’il ait désobéi au Seigneur, mais c’est peut-être qu’il servait de père à Loth qui était encore jeune, et que celui-ci, d’un caractère doux et aimant, avait peine à quitter le juste, qui, par cette raison, n’eut pas le courage de s’en séparer. Du reste, il le traita comme son fils, n’ayant pu avoir, jusqu’à cet âge avancé, aucun enfant à cause de la stérilité de Sara. D’ailleurs les mœurs du jeune homme se rapprochaient des vertus du juste. En effet, ayant à choisir entre deux frères, il s’était attaché au juste : combien ne lui fallait-il pas de prudence pour juger et apprécier celui de ses oncles auquel il devait se fier ? Le parti qu’il prit de voyager fut donc une preuve de ses bonnes qualités. Si plus tard il ne sembla pas toujours irréprochable, du moins lorsqu’il eut à choisir, il s’efforça de suivre les traces du juste. Aussi quand le juste le choisit pour compagnon de voyage, il accepta avec ardeur, préférant, au séjour de la maison, les courses lointaines.»

 

Abraham a tout laissé à Chaldée

Saint Jean Chrysostome : « Ce n’est pas sans intention que l’Ecriture dit: tout ce qu’ils possédaient à Charran; elle veut nous apprendre que le patriarche n’a rien pris des biens de Chaldée, qu’il a laissé à son frère tous les biens paternels situés en ce pays, et qu’il n’a emporté avec lui que ce qu’il possédait à Charran. Et même, si cet homme admirable les emportait, ce n’était point par intérêt ni par avarice ; mais pour que sa richesse pût faire voir partout combien Dieu le protégeait. Car celui qui l’avait tiré de la terre des Chaldéens, et lui ordonnait un nouveau voyage, augmentait ses biens chaque jour et le préservait de toute peine; aussi, était-ce encore une preuve de sa piété de le voir faire une si longue route avec un si grand équipage. Tous ceux qui le voyaient se demandaient avec raison pourquoi ce juste voyageait. Puis en apprenant que l’ordre de Dieu lui faisait changer de pays et quitter ses propriétés, on jugeait par sa conduite même combien l’obéissance de ce juste prouvait de piété et combien Dieu le protégeait »

 

Comment Abraham savait-il que la terre de Chanaan devait être le terme de son voyage ?

Saint Jean Chrysostome : « Il partit pour se rendre dans la terre de Chanaan. Comment savait-il que la terre de Chanaan devait être le terme de son voyage, quoique l’ordre eût d’abord été ainsi conçu : Va dans la terre que je te montrerai. Peut-être Dieu le lui annonça-t-il, en montrant à son esprit la terre où il voulait l’établir. Aussi, en lui faisant le commandement, il disait d’une manière indéterminée : Va dans la terre que je te montrerai, afin de nous dévoiler la vertu du juste. Ensuite quand celui – ci eut complètement rassemblé tout ce qui dépendait de lui, Dieu ne tarda pas à lui indiquer la terre qu’il devait habiter. Comme il prévoyait les grandes vertus de ce juste, il lui fit changer de séjour, sans lui dire d’emmener son frère ; c’est qu’il voulait s’en servir pour faire pénétrer sa loi, non-seulement en Palestine, mais bientôt après en Egypte. »

 

Toutes les âmes qu’ils avaient acquises dans Haran

Saint Philarète de Moscou dit que Abram et Sara étaient des missionnaires dans Haran qui prêchaient le monothéisme, la foi en un seul Dieu Tout-puissant. Les gens qui y ont cru, ils ont pris avec eux pour aller à la Palestine.

 

Pourquoi Dieu a géographiquement choisi la Palestine ?

Les frontières de la Palestine au nord étaient les montagnes du Liban, au sud – les déserts arabes, à l’est le désert syrien et à l’ouest la mer Méditerranée. Entouré de telle manière par les montagnes, les déserts et les mers, ce pays, devient destiné à être l’héritage du peuple élu, était plus que tout autre, propice à son éducation loin de l’influence païenne. Au contraire, étant au centre du monde alors connu, au carrefour de l’Europe (de la mer), de la plupart des pays asiatiques et de l’Afrique, ce pays a présenté de nombreuses commodités pour répandre partout le sermon de l’Évangile.

 

12.6 Abram traversa cette terre dans toute sa longueur jusqu’au territoire de Sichem, vers le grand chêne. Or, les Chananéens habitaient alors cette terre.

 

Fermeté d’Abraham

Saint Jean Chrysostome : « L’Écriture nous indique les parties du pays où la juste place maintenant sa tente. Puis elle ajoute, pour que nous sachions comment il y vivait : Les Chananéens habitaient cette terre. Ce n’est pas sans raison que le bienheureux Moïse ajoute cette observation, mais pour que nous puissions apprécier la résignation du patriarche toute la contrée étant occupée d’avance par les Chananéens, il était forcé, comme un étranger et un vagabond, comme l’homme le plus vil et le plus abject, de s’arrêter n’importe où, sans peut-être trouver d’asile. Cependant il ne s’en impatientait pas ; il ne disait pas : qu’est-ce donc? Moi qui vivais avec tant de considération à Charran, moi qui avais tant de serviteurs, je suis forcé maintenant, comme un exilé, un étranger, un passager, à me trouver trop heureux qu’on me laisse voyager, pour chercher un modeste refuge. Et je ne le trouve même pas; je suis contraint de vivre dans des tentes et des cabanes et de porter avec moi ces fardeaux que la nécessité m’impose. Est-ce là ce qui m’a été dit : Viens, et je ferai naître de toi une grande nation? C’était là un beau prélude : quel avantage en retirerai-je? Le juste ne disait rien de semblable, il n’hésitait pas: La fermeté de son esprit et la perfection de sa foi rendirent inébranlable sa confiance dans les promesses de Dieu, ainsi que sa sagesse, et il mérita d’en recevoir promptement la récompense d’en-haut.» 

 

Nouvelle tentation pour Abram

Saint Philarète de Moscou : « Abram ne vint pas dans la terre promise comme dans une demeure calme et prête, mais la trouva déjà occupée par le peuple, ce qui était dangereux pour lui à la fois par sa force et par ses vices. Cette explication correspond à l’esprit de toute l’histoire de Moïse à propos d’Abram, qui est le sujet principal de sa ferme foi et de son obéissance à Dieu. »

 

12.7 Et le Seigneur apparut à Abram, et il lui dit : À ta face je donnerai cette terre ; c’est pourquoi Abram bâtit là un autel au Seigneur qui lui était apparu.

 

Comment Dieu pouvait-Il apparaître ?

Saint Jean Chrysostome : « Le Seigneur Dieu apparut à Abram. C’est la première fois que nous trouvons dans l’Ecriture cette parole : il apparut. Car l’Ecriture sainte n’a jamais employé ce mot à propos d’Adam, d’Abel, de Noé ou de tout autre. Pourquoi donc est-il dit : il apparut? Et comment plus loin est-il dit : Personne ne pourra voir Dieu et rester vivant? (Exod. XXXIII, 20.) Que dirons-nous en lisant dans l’Ecriture : Il apparut ? Comment apparut-il au juste ? Est-ce que celui-ci vit la substance même de Dieu ? Non, loin de nous cette pensée ! Mais que fut cette vision? Ce qu’elle fut, Dieu seul le sait ; le juste seul pouvait le voir; car notre sage et bon Maître sait encore condescendre à la nature humaine pour se manifester aux hommes qui se sont préparés à en être dignes. Il le fait voir par le Prophète, en disant : J’ai multiplié les visions, et dans la main des prophètes, j’ai été représenté sous diverses images. (Osée, XII, 10.) Par exemple, Isaïe le vit assis. (Isaïe, VI, 1); cela est indigne de Dieu, car Dieu n’est pas assis; comment cela se pourrait-il, puisque sa nature est incorporelle, et impérissable? Daniel le vit aussi comme l’Ancien des jours (Dan. VII, 9, 22) ; Zacharie l’a vu sous un aspect différent (Zach. I), et Ezéchiel encore sous d’autres. Voilà pourquoi il disait : J’ai multiplié les visions, c’est-à-dire : j’ai paru devant chacun suivant son mérite. »

 

Les manifestations de Dieu dans les livres de l’Ancien Testament

Les manifestations miraculeuses de Dieu sont parfois dans un rêve, parfois dans un état intermédiaire entre le sommeil et la veille, parfois dans un état de veille.

  • Dans une vision nocturne, Dieu apparut à Abram (Genèse 15: 1, 12), Abimélec (Genèse 20: 3), Jacob sur le chemin de Harran (Genèse 28: 12-13), Laban (Genèse 31:24)
  • Il a parlé avec eux et Jacob a également vu l’échelle, les anges et le Seigneur Lui-même. Entre le sommeil et l’éveil, la voix de Dieu, la jeunesse de Samuel, était entendue.
  • Cette voix était semblable à la voix d’Elie, le souverain sacrificateur (1 Sam. 3: 3-10). Dans le même état, semble-t-il, Balaam aurait eu quelques révélations (Nombres 22: 9; Nombres 24: 3-4).
  • Les images dans lesquelles Dieu a permis aux personnes en veille de connaître sa présence sont fondamentalement différentes, telles que : un ange qui apparaît extérieurement sous la forme d’un homme avec lequel on pouvait parler ou dont le regard inspirait l’horreur. Telles étaient les apparitions de Hagar (Genèse 16: 7-13), d’Abram à la chaîne de Mamra (Genèse, ch. 13), à Gédéon (Juges 6:11, 16, 21), Manoah (Juges 13: 3, 6, 20).
  • Un ange descendant du ciel et parlant soit comme le messager de Dieu, soit dans la personne de Dieu Lui-même. Telle était la deuxième apparition à Agarar (Genèse 21: 17-18) et à Abram lors du sacrifice d’Isaac (Genèse 22:11, 12, 15, 16) ;
  • Un homme sous la forme duquel le Seigneur s’est battu avec Jacob (Genèse 32:24)
  • Une voix d’un buisson en feu, comme Dieu est apparu à Moïse pour la première fois (Exode 3: 2-4).
  • Une voix au milieu de la fumée et du feu, comme Dieu est apparu à tout Israël sur le mont Horeb (Exode 20:18; Deut. 4:15). Une voix d’une nuée qui avait une apparence glorieuse pour Moïse sur le mont Sinaï (Exode 34: 5-7). Une voix de la respiration douce après une tempête, un tremblement de terre et une flamme. C’est ainsi que le Dieu d’Elie fut révélé (1 Rois 19: 11-13).
  • Parfois, les prophètes utilisaient des aides externes pour se préparer à cet état, comme par exemple Elisée utilisait de la musique (2 Rois 3:15).
  • Un ange qui parle intérieurement à l’homme, dont la présence est ressenti sans aucune image. De ce genre des révélations était apparemment chez le prophète Zacharie (Zach. 1:9) 

 

La consolation d’Abraham

Saint Jean Chrysostome : « Le Seigneur, dans sa bonté, voulut le consoler et fortifier son courage, pour l’empêcher de tomber dans l’abattement et dans le doute à l’égard de la promesse qui lui avait déjà été faite dans ces termes: Viens, et je ferai naître de toi une grande nation: En effet, le juste voyait que les événements semblaient contraires à cette promesse; il errait comme un homme vil et méprisé, sans recommandations et sans refuge il fallait donc relever son courage; c’est pour cela qu’il est dit : Le Seigneur apparut à Abram et lui dit : Je donnerai à ta race toute cette terre. Voilà une grande promesse pour faire suite à celle qui lui avait fait quitter son pays. Il lui avait dit : Je glorifierai ton nom; aussi ajoute-t-il maintenant : Je donnerai à ta race toute cette terre. Tandis que le juste, déjà âgé, n’avait pas d’enfants à cause de la stérilité de Sara, cette terre est promise au fils qu’il doit avoir. Considérez ici la miséricorde de Dieu qui, prévoyant la vertu du juste, voulait la montrer à tous et la faire éclater aux yeux comme une perle cachée jusqu’alors. Après avoir fait suivre ses promesses d’autres promesses plus grandes, et les avoir confirmées de nouveau, il attend encore un peu pour faire éclater davantage la piété du juste : le saint homme, voyant que ces promesses ne se réalisaient pas, n’avait ni inquiétude, ni impatience, ni trouble d’esprit, sachant que ce que Dieu a une fois annoncé arrive d’une manière certaine et infaillible. Examinons tout à mesure pourvoir combien la sagesse du bon Dieu est ingénieuse et quels soins il a pris de ce juste, ainsi que pour apprendre l’amour du patriarche pour le Seigneur : Et le Seigneur Dieu apparut à Abram. Comment cela ? Comme Dieu seul le sait, et comme le juste seul pouvait le voir. »

 

Abraham remercie Dieu pour Ses promesses

Saint Jean Chrysostome : « Aussi le juste montrant sa reconnaissance rend à l’instant des actions de grâce. Il dressa à cet endroit un autel au Dieu qu’il avait vu. Et le lieu même où Dieu avait daigné parler avec lui fut consacré, par ces actions de grâce, autant que cela fut en sa puissance. Voilà pourquoi il dressa un autel, c’est-à-dire il remercia Dieu de ses promesses. De même que souvent les hommes sont portés par leur inclination à bâtir des maisons là où ils trouvent leurs meilleurs voisins, souvent même à fonder des villes et à les nommer sous l’inspiration de leur amitié ; de même ce juste, après avoir été honoré de la vision de Dieu, dressa un autel au Dieu qu’il avait vu, et se retira de là. Pourquoi se retira-t-il de là? Comme la place était consacrée et sanctifiée par Dieu, il s’éloigna et vint à une autre place. Il partit et vint sur une montagne à l’orient de Béthel, et il y dressa sa tente. Demeure bien fragile, direz-vous ! Voyez comme il évitait le luxe et l’embarras, comme il se transportait facilement avec sa femme et ses serviteurs ! Ecoutez, hommes et femmes ! Souvent, quand nous voulons aller à la campagne, nous faisons mille préparatifs, nous avons une foule d’embarras, parce que nous traînons une quantité de choses qui ne servent à rien, qui sont superflues et inutiles, qui ne satisfont que nos caprices, et que néanmoins il faut porter et remporter avec nous. Telle ne fut pas la conduite de ce juste. »

 

Abraham met un sceau sur sa future terre

Saint Philarète de Moscou : « Abraham bâtit un autel. C’est une action digne du père des croyants, que l’autel soit censé être le premier sceau de propriété attribué à la terre par Dieu, au lieu que le fils de ce siècle crée une maison ou bâtisse une ville. L’autel créé dès que la terre a été donnée : Abram a à peine reçu le don de Dieu, alors qu’il se hâte de le sacrifier à Dieu. »

 

12.8 Et il alla de ce lieu vers la montagne, à l’orient de Béthel, il y dressa ses tentes, ayant Béthel à l’occident, et Angaï à l’orient ; puis il éleva là un autel au Seigneur, et il invoqua le nom du Seigneur.

 

Abraham construit de nouveau un autel

Saint Jean Chrysostome : « Après avoir dressé sa tente, de nouveau il bâtit un autel au Seigneur et invoque le nom du Seigneur. Voyez quelle sagesse ! voyez ce précepte écrit par le docteur de l’univers, par saint Paul : Levant au ciel en tous lieux leurs saintes mains, voyez comme le patriarche l’avait accompli d’avance en dressant à chaque place un autel pour rendre grâce au Seigneur. Il savait, en effet, il savait d’une manière certaine que le Dieu de toutes choses ne demande rien à la nature humaine, pour tant de grâces ineffables, qu’un cœur reconnaissant et qui sache le remercier hautement de ses bienfaits.»

 

Abraham invoqua le nom du Seigneur

Quel nom du Seigneur a invoqué Abraham ? Les Témoins de Jéhovah vont forcément dire le nom « Jéhovah ».  Pourtant, la Bible dit que Abraham ne connaissait pas le nom de Dieu Jéhovah :

Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, comme le Dieu Tout-puissant (El Shaddai); mais je n’ai pas été connu d’eux sous mon nom, YHWH (Jéhovah)  (Ex. 6.3) 

Ainsi, l’ami de Dieu Abraham s’adresse à Dieu avec son nom El Shaddai, ce qui veut dire Jéhovah n’est pas du tout le seul nom de Dieu comme pensent « les témoins ». Ce verset détruit ainsi leur théorie centrale que Dieu a le seul nom.

 

12.9 Ensuite Abram partit, et, ayant marché, il campa dans le désert.

 

Pourquoi Abraham quitte de nouveau sa demeure ?

Saint Jean Chrysostome : « Pourquoi cet autre départ ? Peut-être voyait-il que sa présence déplaisait à quelques habitants. S’il alla au désert, il montra ainsi l’excès de sa douceur et l’importance qu’il attachait à vivre en repos sans avoir rien à démêler avec personne. Il partit et dressa son camp dans le désert. Voilà un étrange usage que la divine Ecriture fait de ce mot, car elle parle du juste comme s’il s’agissait d’un chef d’armée ; mais cette expression de camp montre que le juste était aussi à son aise dans ses mouvements que les soldats qui vont sans peine d’un lieu à un autre. Ainsi ce juste, quoiqu’il emmenât avec lui sa femme, son neveu et une foule de serviteurs, n’avait aucune peine à se déplacer. Avez-vous remarqué l’existence simple et facile de ce vieillard avec sa femme et tant de serviteurs?

 

La vertu de Sara

Saint Jean Chrysostome : « Pour moi j’admire encore plus le courage de la femme. Quand je songe à la faiblesse naturelle à la femme et que je réfléchis à la facilité avec laquelle celle-ci aide son mari dans ses déplacements, sans l’impatienter, sans le gêner, je suis stupéfait et je crois qu’elle n’a pas eu moins de raison et de courage que lui-même. »

 

12.10 Il y eut alors une famine en la contrée, et Abram descendit en Égypte pour y séjourner, parce que la famine avait prévalu dans le pays.

 

Pourquoi Abram choisit l’Egypte ?

Parce que la vallée du Nil en Egypte était célèbre pour sa fertilité.

 

Une nouvelle épreuve au lieu de l’accomplissement de la promesse

C’était bien sûr une nouvelle épreuve forte pour la foi d’Abram : au lieu de, selon la promesse divine, jouir des divers avantages de sa nouvelle possession, il a été forcé au début de subir une privation aussi grave que la faim.

 

La famine ne tourmente pas du tout le juste

Saint Jean Chrysostome : « Vous avez vu qu’après avoir entendu ces mots : Je donnerai à ta race toute cette terre, le juste ne s’est pas reposé, et est allé sans cesse d’un endroit à un autre. Mais voyez comment il est encore chassé du désert, non plus par les hommes, mais par la contrainte de la famine. Il y eut une famine sur la terre. J’appelle là-dessus l’attention de ceux qui parlent au hasard, qui augurent étourdiment et qui disent : un tel est arrivé, la disette est venue ; un tel était là, il est survenu des accidents. Vous voyez qu’à l’arrivée de ce juste, il se manifeste une disette, et une forte disette ; cependant le juste n’est pas tourmenté, n’a rien à souffrir de la part des hommes, et personne n’attribue la famine à sa présence. Mais quand il manqua de provisions et que cette famine se fut accrue, Abram se rendit en Egypte, parce que la famine régnait sur la terre. »

 

Dieu permet une famine pour propager la vertu d’Abraham en Egypte

Saint Jean Chrysostome : « Aussi pour remplir la promesse qu’il lui avait faite en lui disant : je glorifierai ton nom, Dieu permit que la famine, survînt et le forçât d’aller en Egypte pour que les habitants de ce pays connussent sa vertu. Car la famine, semblable à un licteur qui emmène un prisonnier enchaîné, les entraîna du désert en Egypte. »

 

12.11 Or, il arriva qu’Abram, près d’entrer en Égypte, dit à Sara, sa femme : Je sais que tu es une femme très belle ;

 

Sara avait environ 65 ans lorsqu’ils sont descendus en Egypte.

 

12.12 Il adviendra donc, quand les Égyptiens t’auront vue, qu’ils diront : C’est sa femme ; alors ils me tueront, et ils s’empareront de toi.

12.13 Dis donc : Je suis sa sœur, afin qu’à cause de toi je sois mieux traité, et qu’en ta considération j’aie la vie sauve.

 

Abraham rencontre une nouvelle épreuve

Saint Jean Chrysostome : « Mais voyez ce qui va suivre, et dans quelles difficultés le juste est tombé, pour que nous connaissions son courage et la sagesse de sa femme. Comme ils avaient fait beaucoup de chemin et qu’ils étaient, près de l’Égypte, le juste, saisi d’angoisse, et craignant presque pour sa vie, parle à sa femme en tremblant…

Ces paroles vous montrent quelle était l’angoisse et la crainte du juste : cependant ; la réflexion ne lui manquait pas, il ne se troublait pas et ne disait pas hors de lui : Qu’est-ce ? sommes-nous abandonnés, sommes-nous trompés? La providence du Seigneur nous a-t-elle délaissés ? Celui qui a dit : Je te glorifierai, et je donnerai à ta race toute cette terre, celui-là nous livre-t-il au sort le plus cruel, et nous jette-t-il dans un danger inévitable ? Rien de tout cela n’entra dans l’esprit du juste; il n’avait d’autre souci que d’imaginer les moyens d’éviter la famine et d’échapper aux mains des Egyptiens.

 

La beauté de Sara

Saint Jean Chrysostome : « Je sais, dit-il, que tu es une belle femme. Voyez quelle était cette beauté ! Après tant d’années et comme elle touchait à la vieillesse, les grâces de la jeunesse paraissaient encore sur sa figure, malgré tant de fatigues et de peines qu’elle avait supportées en voyage pour visiter tant de pays, de Chaldée à Charran, de Charran à Chanaan, de Chanaan encore ici et là, et enfin en Egypte. »

 

Quel était l’idée d’Abraham ?

Saint Jean Chrysostome : « Quel est l’homme même vigoureux que n’auraient pas abattu, ces courses continuelles ? Mais cette femme admirable, après avoir soutenu tant de fatigues, était encore d’une beauté si éclatante que le juste en conçut une grande et vive frayeur; aussi lui dit-il: Je sais que tu es une belle femme. Quand les Égyptiens te verront ils diront: c’est son épouse, ils me tueront; et te garderont. Observez la confiance qu’il avait dans sa femme, la certitude où il étai qu’elle serait inflexible aux louanges, puisqu’il lui donne ce conseil : pour qu’ils ne me tuent pas afin de te garder, dis-leur donc : je suis sa sœur, pour qu’on me traite bien et que mon âme vive à cause, de toi. Comme cette demande avait quelque chose d’extraordinaire, il voulait, par les paroles qui l’accompagnaient, l’attirer et l’engager à y condescendre, et lui persuader de jouer son rôle de bon cœur. Quand les Egyptiens te verront ils diront : voilà sa femme, ils me tueront et te garderont. Il ne dit pas, ils t’outrageront, il ne veut pas l’effrayer, mais sa crainte était relative à la promesse de Dieu. C’est à ce propos qu’il dit: ils te garderont, dis-leur donc :je suis sa sœur. Imaginez, je vous prie, ce que devait penser le juste en donnant ces conseils à sa femme. Vous savez, en effet, vous savez tous combien il est pénible pour un mari de concevoir sur sa femme un pareil soupçon. Eh bien! ce juste s’efforce de faire consommer l’adultère. Cependant, mes bien-aimés, ne le condamnez pas témérairement, prenez plutôt une haute idée de sa prudence et de son courage; il faut du courage, en effet, pour résister avec tant d’énergie au trouble de ses pensées et pour l’avoir dominé, comme il l’a fait, en donnant un pareil conseil. En effet, rien n’est plus insupportable que ce trouble, comme le dit Salomon. La colère du mari est pleine de jalousie, il ne pardonnera pas au jour du jugement, et ne changera sa haine contre aucun présent. (Prov. VI, 34, 35) ; et encore : La jalousie est cruelle comme l’enfer. (Cant. VIII, 6.)…

S’il avait dit que c’était sa femme, et s’il n’avait imaginé de là faire passer pour sa sœur, elle lui aurait encore été enlevée, puisque sa beauté aurait excité le libertinage des Egyptiens, et on l’aurait tué lui-même pour que personne ne pût porter plainte. Ainsi placé entre ces deux funestes dangers de l’incontinence des sujets et de la tyrannie du roi, il cherche dans sa détresse un léger adoucissement, et il dit à sa femme : Dis-leur, je suis sa sœur, cela me sauvera peut-être du danger. Car, quant à toi, que tu passes pour sœur ou pour femme, rien ne peut t’empêcher d’être enlevée à cause de ta beauté; pour moi, j’éviterai probablement leurs embûches en prenant le nom de ton frère. Voyez-vous quelle était la prudence du juste, comment dans son embarras il sut trouver le chemin qu’il cherchait pour dérouter les embûches des Egyptiens ?»

 

La modestie et l’obéissance de Sara

Saint Jean Chrysostome : « [Abraham disait à Sara] : deviens pour moi une cause, de salut, afin qu’on me traite bien à cause de toi. Ces paroles sont touchantes: c’est que la fureur des Egyptiens était terrible et que la tyrannie de la mort n’était pas encore brisée; aussi le juste consent à l’adultère de sa femme et semble même favoriser cette souillure pour éviter la mort. En effet, l’aspect de la mort était encore terrible, ses portes d’airain n’étaient pas encore rompues, son aiguillon n’était pas encore émoussé. Vous avez vu le lien d’affection entre le mari et la femme, vous voyez aussi quel conseille mari ose donner et la femme peut recevoir ! Elle ne refuse pas et ne se fâche point, mais elle fait tout pour que la feinte ne, soit pas découverte. Ecoutez, hommes et femmes, imitez cette concorde, ce lien d’affection, cet effort de piété et cette parfaite modestie de Sara. Si belle encore dans sa vieillesse, elle rivalisait avec les vertus de son mari; aussi fut-elle honorée de la protection de Dieu et des faveurs d’en-haut. Que personne donc n’accuse la beauté, que personne ne dise ces paroles irréfléchies : telle femme, tel homme ont été perdus par leur beauté. Il ne faut point s’en prendre à la beauté; non certes ! car elle vient de Dieu; c’est la perversité de la volonté qui est cause de tous les maux. Cette femme aussi admirable par la beauté de son âme que par celle de son visage, vous la voyez suivre les pas du juste. Que les femmes suivent son exemple ! Ni les grâces extérieures, ni sa stérilité prolongée, ni les grandes richesses, ni les voyages et déplacements, ni les tentations continuelles et successives, rien, en un mot, ne put ébranler sa raison, ni altérer son calme. Aussi elle obtint un digne prix de sa résignation ; dans son extrême vieillesse, ses entrailles stériles et presque mortes purent engendrer. »

 

L’exemple du véritable mariage entre Abraham et Sara

Saint Jean Chrysostome : « C’est là véritablement un mariage, quand les époux sont unis, non-seulement dans la tranquillité, mais dans les dangers, même ! c’est la preuve d’une affection légitime et d’une amitié parfaite. Un roi ne tire pas autant d’honneur du diadème qui le couronne, que cette femme bienheureuse ne tira d’éclat et d’illustration de la condescendance qu’elle montra au conseil du juste. Comment ne pas admirer cette obéissance ? comment la louer dignement, lorsque, après une si longue chasteté et à un âge si avancé, elle consent, pour sauver son mari, au projet d’un adultère avec un barbare ? »

 

Ainsi, Saint Jean Chrysostome, dans cet accord volontaire des époux et leur sacrifice mutuel de leurs intérêts pour le bien commun (l’un par les droits du mari, l’autre par la dignité d’une épouse fidèle) voit la couronne de leur amour conjugal et un modèle digne de l’imitation.

 

Quelle fiancée il faut chercher ?

Saint Ambroise de Milan : « Il y avait une famine et il est descendu en Egypte. Il savait qu’en Egypte il y avait des jeunes dissolus, de la débauche, de la luxure sans frein, des passions sans frein. Il a compris que, dans un tel environnement, la modestie de sa femme ne serait pas protégée et que la beauté de sa femme serait dangereuse pour lui. Il lui a donc appris à dire qu’elle était sa sœur. Ainsi, nous apprenons qu’il ne faut pas trop rechercher la beauté de l’épouse, qui peut souvent causer la mort de son mari. Après tout, ce n’est pas tant la beauté de la femme que sa vertu et son sérieux ravissent le mari. Celui qui aspire à un mariage heureux ne s’occupe pas de celui qui se vante d’une richesse qui n’est pas contrainte par des obligations matrimoniales, ni de celui qui se pare de bijoux, mais de celui qui se pare de bonnes mœurs. Souvent, une femme insulte son mari si elle sait qu’elle est plus noble. Tout cela est proche de la fierté.

Sarah n’était pas plus riche en fortune, ni brillante en nature. Par conséquent, elle ne considérait pas son mari comme étant inégalitaire, elle l’aimait donc comme l’égale de sa dignité. Par conséquent, ni sa fortune, ni ses parents, ni ses proches ne l’ont gardée, mais elle a suivi son mari partout où il allait. Elle est entrée dans un pays étranger, s’est déclarée sa sœur, acceptant, comme il était nécessaire, de mettre en péril son honneur, mais non pas la sécurité de son mari, et pour sauver son mari, elle a menti sur la parenté avec lui afin que ceux qui le violeraient ne le tuent pas comme rival et défenseur de la femme. Et en effet, aussitôt que les Égyptiens la virent, frappée par son extraordinaire beauté, la présentèrent à leur roi et traitèrent bien Abraham, lui montrant les honneurs comme le frère de celui que leur roi aimait bien. »

De Abraham 

 

12.14 Et lorsque Abram fut entré en Égypte, les Égyptiens virent que sa femme était très belle.

12.15 Les officiers du Pharaon la virent aussi ; ils la vantèrent devant le Pharaon, et ils la conduisirent en sa demeure.

12.16 À cause d’elle, ils traitèrent bien Abram, et il eut des brebis, des bœufs, des ânes, des serviteurs, des servantes, des mulets et des chameaux.

 

L’accomplissement des prévisions d’Abraham

Saint Jean Chrysostome : « Vous voyez se réaliser toutes les prévisions du juste, lorsqu’il entra en Egypte. Les Egyptiens virent que sa femme était extrêmement belle, non pas simplement belle, mais extrêmement, au point d’attirer tous les regards. Les officiers de Pharaon l’ayant vue, la vantèrent devant Pharaon. »

 

Les bouleversements d’Abraham et de Sara

Saint Jean Chrysostome : « Quelles étaient alors les pensées de cette femme ! quel trouble agitait son esprit! quelle tempête s’élevait en elle! comment , au lieu de faire naufrage, est-elle restée inébranlable comme un rocher, les yeux tournés vers la puissance céleste ! Mais pourquoi parler de la femme? Que devait penser le juste quand on la menait chez Pharaon ? Et Abram fut bien traité par eux, puisqu’il passait pour son frère; on lui amena des brebis, des veaux, des ânes, des serviteurs, des servantes, des chameaux et des mulets. Tous ces cadeaux qu’on lui faisait, tout ce luxe dont on l’honorait, quel incendie ne devaient-ils pas allumer chez lui? comment son âme n’était-elle pas en feu, son cœur dévoré, quand il songeait à ce que lui valait tous ces présents? Vous avez vu comment son malheur s’était presque accompli, comment aucune force humaine ne pouvait s’y opposer, comment tout était perdu d’après les prévisions humaines; enfin, vous avez vu comment la femme était presque dans la gueule du monstre. Eh bien ! voyez maintenant l’inexprimable bonté de Dieu, et admirez toute l’étendue de sa puissance ! »

 

 

 

12.17 Mais Dieu envoya au Pharaon et à sa famille de grandes et cruelles afflictions, à cause de Sara, femme d’Abram.

 

Quelles étaient de grandes et cruelles afflictions ?

Selon Josèphe Flavius, le Pharaon est attrapé une maladie pénible dont la cause lui a été révélée par Sara.

 

L’intervention divine au milieu de l’épreuve

Selon saint Jean Chrysostome, Sara a échappé à la violence du Pharaon.

Saint Jean Chrysostome : « Quand il eut fait tout ce qui dépendait de lui par son courage et sa sagesse, sa femme aussi coopéra à ses projets par affection et par obéissance, et aida à ce qu’ils avaient décidé. Puis quand ils eurent fait tout ce qui dépendait d’eux, que tout fut désespéré humaine ment, et que l’œuvre d’iniquité était presque consommée, alors Dieu déploya sur Abraham sa providence. Non-seulement il sauva la femme de l’outrage par la colère qu’il fit éclater sur le roi et toute sa maison, mais il fit retourner le patriarche d’Egypte en Palestine, avec de grands honneurs. Voyez comment, au milieu de toutes ces épreuves, le Seigneur, dans sa bienveillance, le soutient de sa force, et prépare son athlète à toutes les luttes à venir ; jamais il ne le prive de son assistance, mais-il dispose tout si bien, que la moindre coopération apportée par le patriarche à l’œuvre de Dieu est récompensée par des bienfaits qui dépassent la nature humaine. »

 

Sara a vaincu les tentations d’Egypte et y devient l’image pour ses enfants

Saint Ephrem le Syrien : « Abram a dit cela en tant qu’homme, et Sara a été emmenée dans la maison du roi pour que son amour pour son mari soit révélé quand elle ne l’échangerait pas contre le roi, et pour que les filles de Sarah puissent voir dans son visage un exemple instructif : comment elle n’avait pas été séduite par le royaume Égyptien, elles ne devraient donc pas s’accrocher aux idoles égyptiennes, à l’ail et aux oignons. Comme toute la maison du pharaon a été punie pour la libération de Sara, de même, lors de la libération de ses enfants, toute l’Egypte sera punie. Le foyer de Pharaon a été puni pour avoir capturé la beauté de Sarah et suscité le désir du roi de l’avoir, tandis que le pharaon lui-même était puni pour l’avoir prise de force et l’avoir forcée à être sa femme contre son gré. Car si Sarah n’avait pas eu peur de sa mort et de celle de son mari, elle ne se serait pas donnée à Pharaon. »

 

L’absence de l’espérance en Dieu ou la tentation de Dieu ?

Selon saint Augustin, Sara a échappé à la violence du Pharaon.

« Lorsque ensuite Abraham eut dressé un autel en cet endroit et invoqué Dieu, il alla demeurer au désert, d’où, pressé de la faim, il passa en Egypte. Là il dit que Sarra était sa soeur, ce qui était vrai parce qu’elle était sa cousine germaine, de même que Lot, qui le touchait au même degré, est aussi appelé son frère. Il dissimula donc qu’elle était sa femme, mais il ne le nia pas, remettant à Dieu le soin de son honneur, et se gardant comme homme des insultes des hommes. S’il n’eût pris en cette rencontre toutes les précautions possibles, il aurait plutôt tenté Dieu que témoigné sa confiance en lui… Aussi arriva-t-il ce qu’Abraham s’était promis de Dieu, puisque Pharaon, roi d’Egypte, qui avait choisi Sarra pour épouse, frappé de plusieurs plaies, la rendit à son mari. Loin de nous la pensée que sa chasteté ait reçu aucun outrage de ce prince, tout portant à croire qu’il en fut détourné par ces fléaux du ciel. »

Cité de Dieu

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/bibliotheque-monastique/bibliotheque/saints/augustin/citededieu/livre16.htm#_Toc510703421

 

C’est pourquoi toute tentation s’effectue entre deux extrêmes selon l’orientation de notre espérance. L’extrême droite est lorsque notre espérance en Dieu est irraisonnable ce qui cause le péché de la tentation de Dieu :

Le diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple, et lui dit: Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il est écrit: Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet; Et ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre. Jésus lui dit: Il est aussi écrit: Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu. (Mat 4.5-7)

L’extrême gauche est lorsque notre espérance n’est orientée que sur nos propres forces et les moyens terrestres (l’argent, les relations, la puissance).

Quand vient l’orgueil [l’espérance en soi-même], vient aussi l’ignominie ; Mais la sagesse est avec les humbles. (Prev 11.2)

La vertu se trouve toujours au milieu entre l’abondance et le manque.

 

La femme devait être préparée pour le Pharaon pendant 6 mois

Selon saint Jérôme, Sara a échappé à la violence du Pharaon.

Selon le livre d’Esther, parmi les anciens, si un roi aimait une femme, elle était tout d’abord frottée à l’huile de myrte pendant six mois, ornée de divers colorants et pendant six mois. Elle vivait alors, entourée des soins des servantes, et seulement ensuite présentée au roi (cf. Esther. 2:12). Et dans ce cas, il se peut que Sarah, après que le roi l’ait aimée, préparât son entrée dans la chambre royale pendant un an, tandis que le pharaon donnait généreusement à Abraham, mais était ensuite frappé par le Seigneur: Sarah jusqu’à cet instant fut sauvé de la cohabitation avec le pharaon.

 

Pourquoi Dieu punit-Il le roi et sa famille ?

Saint Jean Chrysostome : « Que veut dire ce mot, frappa ? Cela signifie qu’il le punit à cause de son audace et de son intention d’adultère. Il le frappa de grandes afflictions. Il ne frappa point le roi d’une manière ordinaire, mais de grandes afflictions. Comme l’insolence était grande, la peine devait l’être aussi. Ainsi que sa maison, c’est-à-dire que le châtiment du roi s’est étendu sur sa maison. Et pourquoi, lorsque le roi seul fait une faute, toute sa maison partage-t-elle la punition ? Ce n’est pas sans raison, mais pour mettre un frein aux passions du roi. Il lui fallait un châtiment énergique pour le détourner du crime. Mais, direz-vous, comment est-il juste d’en punir d’autres à propos de lui? C’est que cette punition n’était pas méritée seulement par le roi, mais aussi par ceux qu: l’avaient sans doute engagé et aidé dans cette tentative coupable. »

 

12.18 Et le Pharaon ayant appelé Abram, lui dit : Pourquoi as-tu fait cela, et ne m’as-tu pas dit : C’est ma femme ?

12.19 Pourquoi as-tu dit : C’est ma sœur ? Alors je l’ai prise pour qu’elle fût ma femme ; or, maintenant voici ta femme devant toi ; reprends-la, et pars aussitôt.

12.20 Le Pharaon prescrivit à des hommes d’escorter Abram, sa femme, et tout ce qui lui appartenait.

 

Dieu adoucit le cœur du Pharaon

Saint Jean Chrysostome : « Le châtiment lui fait comprendre que c’est la femme d’un juste. En effet, même après avoir été introduite chez Pharaon, elle resta la femme du juste. Pharaon ayant fait venir Abram, lui dit: Pourquoi m’as-tu fait cela? Voyez quelles sont les paroles du roi. Pourquoi m’as-tu fait cela? dit-il. — Et que t’ai-je fait, moi étranger inconnu, poussé par la famine, à toi, roi, tyran et souverain de l’Egypte? que t’ai-je fait? Tu m’as enlevé mon épouse, tu m’as méprisé, humilié, dédaigné comme un étranger; tu n’as écouté que tes désirs déréglés et tu as voulu faire selon ton caprice. Que t’ai-je donc fait? — Tu m’as fait bien du -tort, dit le roi, et tu m’as causé beaucoup de mal. Voyez quel renversement de ce qui se passe d’ordinaire ! C’est le roi qui dit au particulier: Que m’as-tu fait? Tu m’as attiré la haine et la colère de Dieu, tu m’as rendu coupable, tu m’as fait punir, ainsi que toute ma maison, de l’injure qu’on t’avait faite. Pourquoi m’as-tu fait cela? pourquoi ne m’as-tu pas dit que c’était ta femme? pourquoi m’as-tu dit que c’était ta sueur, de manière que je pusse la prendre pour femme ? Ainsi , dit-il, la croyant ta sœur, je voulais l’épouser. — Mais comment as-tu su que c’était ma femme? — Je le sais par Celui-là même qui m’a puni de ma faute. Pourquoi m’as-tu fait cela, et ne m’as-tu pas dit que c’était ta femme, m’exposant à l’épouser moi-même par un crime ? Je m’y disposais , croyant qu’elle était ta sœur. Voyez comme la sévérité du châtiment a ému son esprit au point de le rendre équitable et humain avec le juste ! Mais sans l’action de Dieu qui adoucissait son âme et la remplissait de crainte, il se serait ensuite livré une colère terrible, il aurait puni le juste comme l’ayant trompé, et lui aurait fait souffrir les plus cruels supplices. Il n’en fut rien : la crainte du châtiment modéra et éteignit sa colère; et il ne songea qu’à être humain envers le juste. Il réfléchit qu’un homme ordinaire n’aurait pas été aussi protégé d’en-haut. Et maintenant voilà ta femme devant toi ; prends-la et pars. Maintenant, dit-il, que je sais qu’elle n’est point ta sœur, mais ton épouse, je te la rends. Je n’ai point déshonoré votre union, je ne t’ai point privé de ta femme, mais la voilà devant toi, emmène-là, et pars. »

 

Le retour de l’Egypte

Saint Jean Chrysostome : « On peut appliquer ici les paroles du bienheureux David à propos de ceux qui revenaient après avoir été captifs à Babylone. Ceux qui sèment dans les larmes, moissonneront dans la joie. Au départ ils marcheront en pleurant tout en jetant leurs semences; au retour, ils marcheront dans l’allégresse en portant leurs gerbes. (Ps. CXXV, 5, 6.) Vous avez vu l’arrivée pleine d’anxiétés et de frayeurs qui allaient jusqu’à craindre la mort. Voyez maintenant ce retour plein d’honneur et d’éclat. Tout le monde respectait le juste, en Egypte aussi bien qu’en Palestine. En effet, qui n’aurait pas eu de respect pour celui que Dieu gardait ainsi et qu’il honorait d’une telle protection ? Car personne n’ignorait ce qui était arrivé au roi et à sa maison. Tout avait été disposé, dans l’accroissement des épreuves du juste, pour que sa patience fût mise au grand jour et que personne n’ignorât sa vertu. »

 

L’avantage des épreuves

Saint Jean Chrysostome : « Vous avez vu, mes bien-aimés, quel avantage on retire des épreuves, quel est le prix de la patience. Cet homme et cette femme, l’un déjà vieux, l’autre déjà âgée, vous avez vu tout ce qu’ils montraient de résignation, de courage, de tendresse mutuelle et d’affection conjugale. Imitons-les tous et ne nous irritons jamais ; ne croyons pas que Dieu nous délaisse et nous dédaigne parce que nous sommes assaillis d’épreuves ; au contraire, regardons-les comme la meilleure preuve de l’intérêt que Dieu nous porte. En effet, si nous sommes chargés d’un lourd fardeau de péchés, nous pourrons l’alléger par notre persévérance et notre bonne volonté ; s’il est moins pesant, nous parviendrons à l’alléger encore avec la grâce d’en-haut, pourvu que nous le supportions sans murmurer. En effet, notre Dieu est généreux et s’intéresse à notre salut ; s’il nous exerce comme dans une arène et nous fait lutter avec les tentations, c’est afin qu’après avoir déployé nos propres forces, nous soyons plus dignes de sa protection. »

 

Catégories : Etudes de la Bible

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