”Saint Apollinaire était, dit-on, originaire d’Antioche de Syrie. Ayant suivi saint Pierre à Rome, il fut envoyé par lui à Ravenne, pour répandre la Bonne Nouvelle. Ses succès auprès de la population païenne lui causèrent maintes persécutions. Chassé de la ville, il s’embarqua pour Corinthe et, après avoir échappé à un naufrage, prêcha en Mésie et en Thrace, où il rendit muette une idole de Sérapis. Renvoyé à Ravenne, il y renversa une statue d’Apollon. Aussitôt arrêté, il put s’enfuir grâce à la complicité d’un centurion qu’il avait converti. Les païens parvinrent cependant à le rattraper et le soumirent à divers supplices, à l’issue desquels il remit son âme valeureuse à Dieu, dans un village de lépreux. [Dans une homélie que lui dédie S. Pierre Chrysologue, évêque de Ravenne au V s., il est loué comme martyr : non pour être mort dans les supplices, mais à cause de ses labeurs pastoraux.]
Après avoir été choisie comme capitale
de l’Empire d’Orient à la veille de l’invasion d’Alaric (402), Ravenne devint ensuite le siège des rois Ostrogoths ariens (493-526), puis elle fut transformée en exarchat byzantin, après la conquête de l’Italie par Justinien (568-751). Pendant cette période d’apogée, de somptueux monuments y furent édifiés, en particulier les basiliques dédiées aux saints protecteurs de la ville : saint Apollinaire, dont le culte se développa alors en Italie et dans le reste de l’Europe, et saint Vital.
Personnage de haute condition, qui s’était illustré dans l’armée romaine (Ie ou IIe s.), saint Vital avait suivi le Juge Paulin à Ravenne pour le seconder. Un jour, un médecin chrétien, Ursicin, fut amené au tribunal et, après avoir subi de cruelles tortures, fut condamné à la décapitation. Mais, au dernier moment, il se trouva prêt d’apostasier. Vital, témoin de cette scène, lui rendit courage, de peur qu’il ne soit privé de la couronne du martyr, et il l’ensevelit ensuite avec piété. Comme il s’était ainsi déclaré chrétien, il fut arrêté et soumis aux supplices. Paulin ordonna de le conduire jusqu’à l’endroit où Ursicin avait été exécuté, et de l’enfouir sous un tas de pierres et de sable. Après son glorieux martyre, le prêtre d’Apollon, qui avait suggéré ce supplice au magistrat se trouva puni par Dieu, et pendant sept jours il criait : « Tu me brûles, Vital, martyr du Christ! » Après la mort de Vital, son épouse, Valérie, se rendit à Milan. Ayant refusé de prendre part à une festivité païenne en confessant sa foi, elle fut frappée avec une telle cruauté que, ramenée mourante en ville, elle expira trois jours après.