”Saint Euthyme, originaire d’Ouzares, aux confins de la Lycaonie, fut envoyé par ses parents à Alexandrie pour y poursuivre ses études. De retour dans sa patrie, quelques années plus tard, il revêtit l’habit monastique dans un monastère de la contrée, où il montra une conduite si exemplaire dans l’humilité, l’obéissance et les autres vertus qu’il fut bientôt élevé au diaconat, puis au sacerdoce.

La renommée de sa science et de ses vertus s’étant répandue, il fut appelé par les fidèles de l’Église de Sardes à prendre la succession de leur évêque qui venait de décéder. Malgré ses résistances, le saint moine se soumit à la volonté divine et devint, à l’image du Christ, un pasteur plein d’empressement pour le salut de son troupeau. Serviteur de tous plutôt que leur maître, il enseignait cependant avec autorité la parole de vérité et brillait par sa sollicitude à l’égard des pauvres. En 787, lorsque l’impératrice Irène et son fils Constantin réunirent le Septième saint et grand Concile Œcuménique à Nicée pour condamner les ennemis des saintes icônes [Commémoré le dimanche entre le 11 et le 18 octobre], saint Euthyme siégea parmi les 367 Pères et s’illustra avec autorité par sa profonde connaissance de la tradition ecclésiastique. Lors de la quatrième session, c’est lui qui proclama la définition officielle sur le culte des saintes icônes. Il joua un rôle si déterminant pendant ce concile qu’il obtint la faveur et la confiance de l’empereur Constantin VI et fut chargé de plusieurs missions officielles pendant le règne de ce dernier (780-797).

Pendant le règne de Nicéphore Ier (802-811), le métropolite de Sardes offrit un jour refuge à une jeune fille qui voulait échapper à un mariage forcé avec un des hauts dignitaires de l’empereur, et la couvrit de la protection inviolable du saint voile monastique. Furieux et emporté par la rancune, le prétendant déçu alla accuser calomnieusement le saint auprès du souverain, et obtint sa destitution et son exil dans l’île de Pattalara. Euthyme resta ainsi plusieurs années soumis aux mauvais traitements des barbares, et ne fut rappelé à Constantinople, en 814, que pour subir de nouvelles tribulations. L’empereur Léon V l’Arménien (813-820), ayant déclenché une nouvelle persécution contre les saintes icônes, le convoqua et voulut le contraindre à se joindre à son parti; mais devant le refus énergique du Saint et son insistance à proclamer sans crainte la vraie foi, il le fit déporter dans la ville d’Asson. Devant ces nouvelles épreuves, Euthyme gardait imperturbable sa joie de souffrir pour le Nom du Christ, dans lequel il avait placé son espérance. À la mort de Léon, il fut rappelé à Constantinople et convoqué par le nouvel empereur, Michel II (820-829), en compagnie de cet autre illustre confesseur des saintes icônes: saint Méthode (mémoire le 14 juin). Sans crainte de la puissance menaçante du souverain et emporté par un zèle divin, tel les Prophètes de jadis, Euthyme s’écria devant l’empereur iconaclaste: «Que quiconque ne vénère pas Notre Seigneur Jésus Christ représenté (circonscrit) en image selon son humanité, soit anathème!» Emporté par la colère après un tel affront, l’empereur ordonna aussitôt l’exil du saint évêque au cap Akritas, à l’extrémité orientale de la mer Noire, où il fut incarcéré pendant trois années dans un étroit cachot obscur et insalubre. Rappelé derechef à Byzance pour comparaître devant l’empereur Théophile (829-842), cet ultime mais terrible ennemi des icônes, le saint Confesseur montra la même intrépide résolution et supporta sans trouble quatre cents coups de verges. Après un second interrogatoire, au cours duquel il reprocha à l’empereur son impiété avec la même fougue, il fut frappé avec une telle violence à coups de nerfs de bœuf que son corps, couvert de plaies horribles, se mit à gonfler comme une outre. Jeté, tel une bête, dans un sombre cachot le bienheureux survécut encore huit jours entiers dans de terribles souffrances, puis remit enfin son âme à Dieu, tel un valeureux combattant qui a accompli sa mission, le 26 décembre 831.

La précieuse relique de saint Euthyme accomplit aussitôt de nombreux miracles et guérisons. Vénéré pendant plusieurs siècles à Constantinople, elle fut transportée à Cherson (Crimée) lors de la prise de la capitale par les Turcs (1453), puis transférée en secret à Chilée, près de Chalcédoine. Lors de l’expulsion de la population grecque d’Asie Mineure, en 1922, les habitants de Chilée emportèrent avec eux en Grèce le crâne du Saint, comme leur plus précieux trésor, et firent par la suite construire au Pirée une église en son honneur, où il est aujourd’hui vénéré avec ferveur.