”Notre saint Père Macaire naquit en 1482 à Moscou. À la mort de son père, qui était prêtre, sa mère
prit le voile, et il entra lui-même au monastère de saint Paphnuce de Borovsk (cf. 1er mai), renommé pour son austérité. Tonsuré moine sous le nom de Macaire, il y menait une vie rude et devint un iconographe de grand talent. Ordonné prêtre en 1523, il fut aussitôt désigné comme higoumène du monastère de Louchtski, fondé par saint Théraponte du Lac Blanc (cf. 27 mai). Trois ans plus tard, en 1526, il est sacré archevêque de Novgorod et Pskov, diocèse illustre qui était resté dix-sept ans sans occupant. Il entreprit de corriger les désordres qui s’y étaient développés et envoya des missionnaires vers les peuplades du Grand Nord : parmi lesquels saint Tryphon de Pechenga (15 déc.) et saint Théodoret de Kola (17 août). Dans son diocèse, il lutta vigoureusement contre les subsistances de cultes païens et fit construire de nombreuses églises, dont quarante pour la seule ville de Novgorod. Il réunit tous les supérieurs de monastères et ermitages de son diocèse, et leur fit appliquer la règle cénobitique de saints Paphnuce de Borovsk et Joseph de Volokolamsk, pour corriger les néfastes tendances à l’idiorythmie, qui s’étaient répandues alors dans le monachisme russe. Il contribua grandement à la diffusion de bons manuscrits et entreprit de rassembler lui- même, en un vaste recueil, les Grands Ménées (Minei Chetii), toutes les vies des saints, qui se trouvaient alors dispersées en d’innombrables manuscrits, œuvre qui lui prit douze années. Il encouragea par ailleurs la rédaction des vies des saints locaux et fit compiler une chronique de Novgorod. Il jeûnait tant qu’il avait à peine la force de marcher pour accomplir ses actions charitables. Humble et doux en toutes circonstances, il ne faisait aucune distinction entre riches et pauvres, et répandait sa sollicitude paternelle sur toutes ses brebis spirituelles. C’est ainsi qu’il enterra lui-même des prisonniers qui avaient péri à la suite d’un accident, et rassembla l’argent d’une collecte pour racheter les captifs des Tatares. Toujours à la tête de son peuple dans les joies et les épreuves, il dirigeait les offices de supplications en période d’épidémie ou de sécheresse.

En 1542, saint Macaire fut élu Métropolite de Moscou et primat de l’Église Russe, et, cinq ans plus tard, c’est lui qui couronna le premier tsar russe, Jean Vassilievitch, qui lui témoigna en toute circonstance un profond respect. Pendant la durée de son ministère à la tête de l’Église russe, le saint prélat montra un zèle insurpassé pour remettre en ordre la vie religieuse et culturelle de sa nation. Il rassembla deux conciles à Moscou (1547, 1549), qui procédèrent à l’introduction de nombreux saints russes dans le calendrier, et imposèrent que les canonisations des saints soient désormais décidées par l’autorité suprême de l’Église. Il fréquenta lui-même plusieurs saints de son époque : il présida aux funérailles de saint Basile le Bienheureux (2 août), plaça saint Macaire le Romain (19 janv.) à la tête d’un monastère qu’il avait fondé, et entretint des relations suivies avec saint Alexandre de Svir (30 août) qui, au moment de mourir, confia le soin de sa communauté au Métropolite. Mais ce fut surtout le Concile des Cent Chapitres, convoqué en 1551, qui couronna son œuvre ecclésiastique. Cette assemblée condamna les hérétiques de l’époque, définit les principes de l’éducation et du comportement chrétien, et fixa les règles de l’iconographie et de l’art ecclésiastique. Bien qu’ayant perdu la vision d’un œil au cours du grand incendie de Moscou de 1547, le saint hiérarque se remit immédiatement après à l’œuvre de reconstruction des églises. Il continua de peindre des icônes, et ce fut sur son initiative qu’on commença à imprimer des livres en Russie (1553). Il organisa par ailleurs la conversion des Tatares, en envoyant d’excellents missionnaires dans le khanat de Kazan, tombé en 1553. Le premier d’entre eux fut saint Gouria, que le Métropolite sacra archevêque de Kazan, en 1555 (cf. 4 déc.).

Bien longtemps à l’avance saint Macaire prédit les divisions fraternelles qui allaient s’abattre sur la Russie, mais il obtint du Seigneur que ces malheurs n’adviennent qu’après sa mort. Le tsar ayant demandé au Métropolite de lui envoyer un livre spirituel, il reçut l’office des funérailles. Comme le souverain s’en irritait, le saint lui répondit qu’en vérité il lui avait envoyé le plus utile de tous les livres, car si quelqu’un le lit attentivement, il ne péchera jamais.

Lorsque saint Macaire tomba malade, il demanda au tsar à se retirer dans le monastère de sa profession monastique, mais cette permission lui fut refusée, et c’est à Moscou qu’il remit son âme entre les mains du Dieu vivant, le 31 décembre 1563. [Sa mémoire a été fixée au 30, à cause de la clôture de la Nativité.] Lors de ses funérailles, tous les assistants purent constater que la splendeur de ses vertus rayonnait sur son visage comme la lumière. On commença aussitôt à le vénérer, mais ce n’est qu’en 1988, à l’occasion du Millénaire de l’Église Russe, qu’on procéda à la canonisation de celui qui avait tant contribué à la glorification des saints russes.