”Notre bienheureux père Silvestre, originaire d’une pieuse famille de Rome, montra depuis son enfance un zèle ardent pour la défense et la propagation de la Foi. Pendant la persécution, il pratiqua avec courage l’hospitalité pour les confesseurs pourchassés par les autorités, en particulier pour le saint martyr Timothée d’Antioche, qu’il alla enterrer en secret après son exécution. Arrêté, puis miraculeusement délivré, il fut ordonné prêtre par le pape saint Miltiade et, à la mort de ce dernier (314), fut contraint d’accepter la succession par les fidèles qui appréciaient ses vertus et sa charité. Silvestre devint alors un digne imitateur de l’Apôtre Pierre par le soin pastorale de son troupeau spirituel et par le zèle pour les saints dogmes. Il organisa avec soin le service des pauvres, institua les coutumes de l’Église de manière à les différencier des usages païens, et s’illustra par de nombreux miracles.
Lorsque Constantin le Grand, vainqueur de Maxence par la puissance de la précieuse Croix, entra dans Rome et fit promulguer de nombreuses mesures favorables au Christianisme, saint Silvestre put sortir de la clandestinité et enseigner aux foules les mystères de la Foi. Nombreux furent ceux qui reçurent alors le saint baptême dans l’allégresse générale. Quant à l’empereur, après avoir été catéchisé par le saint, il préféra remettre la date de son baptême, afin d’être initié à la vie nouvelle dans le Jourdain, sur les lieux mêmes du Baptême du Sauveur. [Selon certains Constantin le Grand aurait été baptisé par saint Silvestre; mais d’après les historiens ecclésiastiques (Théodoret, Socrate, Sozomène), il reçut le baptême à l’approche de la mort, aux environs de Nicomédie. Voir sa notice au 21 mai.] Avec les conseils de Silvestre, Constantin fit construire dans Rome sept grandes basiliques pour célébrer dignement, désormais sans entraves, les fêtes du Seigneur et des saints martyrs.
Seul le diable, ennemi du genre humain, grinçait des dents et méditait une vengeance. Il suggéra à la mère de l’empereur, sainte Hélène (voir 21 mai), alors encore adepte du Judaïsme, d’organiser une grande confrontation publique de douze scribes des plus savants, menés par un certain Zambré adonné à la magie, et de douze évêques chrétiens, sous la direction de Silvestre. À toutes les objections des Juifs, le bienheureux montrait de manière indiscutable, au moyen des paroles mêmes des prophètes, que tous les événements de l’Ancienne Alliance et toutes les promesses de Dieu trouvent la plénitude de leur réalisation en la Personne du Christ Sauveur. Après leur avoir exposé que la confession des trois Personnes: Père, Fils et Saint-Esprit, ne contredit pas, mais confirme plutôt l’unité du Dieu Un en Sa nature, il répondit à leur question sur l’Incarnation à l’aide d’exemples. Prenant en main le manteau de pourpre de l’empereur, il dit: «Tout comme il convenait que cette étoffe écrue subisse violence et travail, qu’elle soit teinte de pourpre, taillée et façonnée, de manière à servir d’ornement et d’emblème de la dignité impériale, sans pour cela que le souverain n’en souffre quoi que ce fût; de même il fallait que la chair du Christ, assumée par lui, fusse soumise à l’épreuve, sans que Sa divinité n’en souffrit quoi que ce fût, pour que l’homme tout entier, âme et corps, devienne un digne ornement de la Gloire de Dieu.»
À une autre objection sur la mort du Christ, il répondit: «Parce que l’homme était devenu prisonnier de la mort par la transgression, Dieu n’envoya pas un ange mais son propre Fils pour l’échanger et le livrer comme en otage à la mort. Mais découvrant que cette proie était incorruptible, car Dieu même incarné, elle le rejeta, et la nature humaine toute entière avec Lui, convaincue dès lors de son impuissance. C’est ainsi qu’avec le Christ-homme, l’homme déchu ne fut pas seulement délivré de la mort, mais gagna le Ciel et le séjour avec Dieu». Les scribes juifs restèrent muets devant de tels arguments. Mais, voulant montrer malgré tout la puissance de son Dieu, Zambré souffla une invocation magique dans l’oreille d’un taureau sauvage qui tomba mort sur le coup, et défia Silvestre d’en faire autant. «Mon Dieu ne donne pas la mort, mais la vie et la résurrection» répondit Silvestre; et, élevant les mains vers le ciel, il ressuscita la bête qu’il renvoya docile. L’empereur et la foule saluèrent le saint par des ovations et nombreux furent ceux qui décidèrent alors de se faire baptiser. Saint Silvestre continua d’œuvrer pour la gloire de l’Église et la défense des saints dogmes. Il remit son âme à Dieu le 31 décembre 335.