”Né à Jérusalem en 775, saint Théodore fut envoyé avec son frère Théophane au monastère de Saint- Sabbas pour y recevoir une brillante éducation, tant dans les sciences profanes que dans la vie vertueuse, sous la direction de saint Michel le Syncelle. Doué d’une rare intelligence, Théodore excellait aussi bien dans les vertus de la pratique ascétique que dans la divine contemplation; aussi, une fois devenus moines, ils furent lui et son frère ordonnés prêtres (en 811) et se virent confier une importante mission pour la défense de la foi et le soutien de l’Église de Jérusalem, dévastée par les Arabes, à Rome puis à Constantinople, en compagnie de leur père spirituel.
Installés au monastère de Chora, ils montrèrent un zèle ardent pour la foi orthodoxe pendant la persécution déclenchée par Léon V l’Arménien contre les saintes icônes, et furent enfermés dans une forteresse du Bosphore, jusqu’à la mort de l’oppresseur. Pendant l’accalmie du règne de Michel II (820-829), Théodore et son frère purent mener leur vie monastique et poursuivre leur œuvre littéraire dans la quiétude du monastère de Saint-Michel de Sosthénion, sur la rive européenne du Bosphore. Arrêtés sur l’ordre de l’empereur Théophile, lors de la reprise de la persécution (834), et couverts de coups et d’injures, ils furent relégués dans l’île d’Afousia (Propontide), et comparurent, deux ans plus tard, devant le souverain.

Avec calme et douceur, d’une voix pleine de l’autorité du Saint-Esprit qui l’inspirait, Théodore montra à Théophile que le culte des images du Christ et de Ses saints n’est pas contraire aux prescriptions de l’Ancien Testament, qu’il n’est pas idolâtrie, mais au contraire confession de l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ, fondée sur la tradition la plus vénérable de l’Église. Au comble de la rage devant une telle assurance, Théophile les livra à ses bourreaux, en ordonnant de les fustiger sans pitié, puis de leur marquer le front au fer rouge de douze vers iambiques, indiquant le motif de leur condamnation. Malgré la souffrance, Théodore trouva la force de dire au tyran que c’était la face même du Christ, dont ses serviteurs portent l’image, qu’il avait marquée et il le remercia de lui avoir ainsi ouvert les portes du Paradis et de la vie éternelle, en compagnie des martyrs et des confesseurs du Christ. Exilés pour quelque temps dans les environs de Constantinople, les deux frères furent ensuite déportés à Apamée en Bithynie [Distincte de l’Apamée de Syrie, plus célèbre], où Théodore rendit son âme à Dieu, accablé par ses longs et vaillants combats. Malgré l’ordre impérial de laisser les corps des confesseurs sans sépulture, Théophane ensevelit les saints restes de son frère, en compagnie d’un grand nombre de fidèles qui avaient décidé de braver le danger pour honorer la mémoire du saint aux accents des hymnes composés par Théophane pour la circonstance. Une fois la paix revenue, sa précieuse relique fut transférée à Chalcédoine, dans le monastère construit par l’empereur Michel en son honneur.