”Né dans l’ancienne Rome au sein d’une illustre famille chrétienne, saint Zotique fut confié aux meilleurs maîtres et progressa tant dans la vertu, qu’ayant à peine dépassé l’adolescence, il fut choisi par le saint empereur Constantin le Grand pour être un de ses collaborateurs dans la fondation de la nouvelle capitale de l’empire à Byzance, ville qui devait éclipser toutes les autres par sa magnificence (inaugurée en mai 330). Comme une épidémie de lèpre s’était déclarée, le souverain prescrivit de chasser de la ville ou même de jeter à la mer tous ceux qui en étaient atteints, sans distinction de condition, afin d’éviter la contagion. Pris de pitié le bon et compatissant Zotique se rendit alors au palais et demanda à l’empereur de lui confier une grande quantité d’or «afin que, dit- il, j’achète des perles et des pierres précieuses pour relever la gloire de Votre Majesté, attendu que j’ai une grande expérience en ces affaires». Ayant obtenu autant d’or qu’il voulait, grâce à cette sainte ruse, Zotique s’empressa de l’utiliser pour acquérir de vraies pierres précieuses en parcourant la ville pour soulager les malades et racheter ceux que l’on conduisait vers l’exil ou la noyade. Il les conduisait en masse sur la colline de l’Olivette, située sur l’autre rive du Bosphore, où il avait fait monter des tentes et des huttes de branchages, et leur procurait avec amour soins et consolation. Quand Constance, partisan de l’hérésie d’Arius, monta sur le trône à la mort de son père (337), il commença à persécuter les défenseurs de l’Orthodoxie. Des courtisans, jaloux des privilèges de Zotique durant le règne précédant, profitèrent de cette occasion pour l’accuser auprès de l’empereur de professer des opinions contraires aux siennes et de dilapider l’argent de l’état en soignant les lépreux. Leurs calomnies redoublèrent lorsqu’en sus de la lèpre une redoutable famine menaça la Nouvelle Rome; selon eux, Zotique était le responsable de tous ces maux.
Devançant la décision de Constance, le bienheureux se présenta lui-même au palais, revêtu d’un habit éclatant, et proposa à l’empereur d’aller voir avec lui les pierres précieuses qu’il avait achetées. En arrivant aux pieds de la colline, Constance fut stupéfait de voir s’avancer vers lui, en une procession bien rangée, une foule considérable de lépreux tenant tous un flambeau de cire à la main, et à leur tête sa propre fille qui, atteinte du fléau, avait elle aussi été sauvée de la noyade par Zotique. À la question de l’empereur le saint répondit: «Ceux qui s’avancent vers toi sont les pierres précieuses et les perles brillantes qui donnent de l’éclat au diadème du royaume céleste que tu obtiendras toi-même en héritage, par leurs prières, ô Maitre. C’est en vue du salut de ton âme que j’ai décidé de les acheter». Au lieu de se réjouir le père impitoyable et tyran impie entra dans une violente colère, et ordonna à ses soldats de se saisir aussitôt de Zotique et de le faire traîner derrière des mules sauvages, jusqu’à ce que son corps soit dépecé en morceaux. Excitées par les bourreaux les mules dévalèrent la pente, en traînant à terre, parmi pierres, ronces et branchages, le corps du bienheureux. Parvenu à l’église de Saint- Pantéléimon, il eut l’œil droit arraché, et une source aux vertus miraculeuses jaillit aussitôt à cet endroit; puis les mules rebroussèrent d’elles-mêmes leur chemin, remontèrent jusqu’au sommet et s’arrêtèrent immobiles, comme pour vénérer le corps inanimé du saint martyr. Comme les bourreaux s’efforçaient de leur faire continuer leur course, elles prirent soudain la parole, comme autrefois l’âne du devin Balaam (Nombres 22, 28-30), et déclarèrent que le corps devait être enterré sur la colline. Stupéfait, l’empereur se repentit de sa conduite, fit ensevelir avec honneur le corps du saint martyr et ordonna de construire là un hôpital pour le soin des lépreux. Pendant des siècles, ces malheureux y reçurent, non seulement le secours de la science humaine, mais un grand nombre d’entre eux furent encore miraculeusement guéris par la prière de saint Zotique, vénéré comme le fondateur des établisseme nts de bienfa isa nce de la capitale byzantine.