”Saint Nicétas était fils d’un notable de Nisyros, petite île située entre Kos et Rhodes. Impliqué dans un procès, celui-ci avait renié le Christ pour avoir la vie sauve, et les Turcs contraignirent aussi sa femme et ses enfants à la conversion. Nicétas était encore si jeune qu’il n’avait pas conscience de ce qui était advenu, et il grandit, sous le nom de Mehmed, montrant un grand zèle pour la religion. Un jour, comme il s’était battu avec un autre enfant, la mère de ce dernier lui lança des injures que les Turcs avaient coutume d’adresser aux chrétiens. Blessé par ces paroles, Mehmed alla presser sa mère de questions sur son origine, et apprit qu’il se nommait en réalité Nicétas. Obéissant à sa conscience, il quitta alors sa famille et parvint au monastère de Néa-Moni, à Chio. L’higoumène, à qui il avait demandé conseil sur le moyen de faire son salut, le confia à saint Macaire de Corinthe (cf. 17 av.), qui résidait au monastère. Le saint hiérarque entendit sa confession et l’oignit du saint Myron pour le réintégrer dans l’Église. Nicétas vécut ensuite au monastère, montrant une telle dévotion que certains pensaient qu’il avait l’esprit dérangé. Avide de plus grandes austérités, il se retira dans la grotte des saints fondateurs (cf. 20 mai), et fit part à l’ermite Anthime de son désir de s’offrir au martyre. De retour au monastère, il sollicita des pères l’autorisation de réaliser ce projet et ceux-ci, après avoir célébré un office de Paraklisis à la Mère de Dieu, lui accordèrent leur bénédiction. Nicétas se rendit alors dans la capitale de Chio, Chôra, où il fut aussitôt arrêté pour payer la taxe exigée des chrétiens en déplacement. Tandis qu’il était gardé à vue, près d’un café, en attendant qu’on eût rassemblé d’autres contrevenants pour les conduire en prison, un prêtre de sa connaissance, Daniel, passa par là et, le saluant par son nom de Mehmed, il demanda comment il se faisait qu’un jeune musulman soit arrêté pour payer la taxe des chrétiens. Ses gardes entendirent que l’enfant se déclarait effectivement chrétien, et ils le livrèrent aussitôt à l’aga, devant lequel Nicétas proclama sans crainte sa conversion.

Il fut soumis à la torture pendant dix jours, et chaque fois qu’on le ramenait en prison, il refusait de manger, disant à ses compagnons de captivité : « Je me nourris d’une autre nourriture que vous ne connaissez pas, et je me réjouis d’une joie que vous ne pouvez ressentir. » On le jeta dans une écurie, afin qu’il soit piétiné par les chevaux, mais il fut épargné par l’intervention de la Grâce, et quand on l’enferma dans un sombre cachot, celui-ci se trouva illuminé d’une lumière surnaturelle. Après ces supplices, Nicétas fut livré à la foule furieuse, qui le traîna à l’extrémité de la ville, en contre-bas d’une dépendance du monastère d’Iviron. Comme on le pressait encore de revenir à l’Islam, il rétorqua : « Je suis chrétien, je m’appelle Nicétas, et c’est en tant que Nicétas que je veux mourir! » Plusieurs fois de suite, on le mit à genoux, en position d’exécution, dans l’espoir d’ébranler sa résolution, mais il s’exclama : « Pourquoi tardez-vous ainsi? Mettez-moi vite à mort, pour que je m’en aille jouir de la béatitude du Paradis! » Kremlès, son geôlier, saisit le glaive et lui en frappa la nuque à coups répétés, afin d’accentuer la douleur. C’est ainsi que le glorieux serviteur du Christ Nicétas remporta la couronne de la victoire, le 21 juin 1732, âgé de quinze ans. [Cette date, donnée par les synaxaires, est certainement erronée, puisque S. Macaire de Corinthe se retira à Chio en 1774.] Des aveugles qui s’oignirent de son sang retrouvèrent aussitôt la vue. Les Turcs versèrent de la fange sur son corps pour empêcher les chrétiens de s’emparer de quelque relique, mais celui-ci resta immaculé et frais comme une fleur; aussi le jetèrent-ils à la mer.