”La tradition de l’Église, tant hagiographique qu’iconographique, a coutume de ranger au nombre des « Douze » S. Paul et les Évangélistes Marc et Luc, écartant par commodité Jude, Jacques fils d’Alphée et Matthias, sans toutefois les priver de l’honneur dû aux Apôtres. Le Synaxaire commémore aussi aujourd’hui les autres apôtres, membres du collège des « Soixante-Dix » Disciples, mais ils ont déjà été mentionnés lors de leur Synaxe particulière, le 4 janv.. Il leur associe de plus S. Jacques le Frère du Seigneur, les saintes Myrophores et tous les autres apôtres, restés anonymes, qui étaient rassemblés dans la chambre haute, au nombre de cent vingt, et qui, le jour de la Pentecôte, reçurent la plénitude de la grâce du Saint-Esprit.

En ce jour, qui reste illuminé par la gloire des deux Premiers-Coryphées, l’Église associe à leur mémoire les autres illustres Apôtres du Seigneur qui forment un chœur d’astres nouveaux dans son firmament spirituel. Fondements et colonnes de l’Église, ils sont aussi les anges chargés de la garde des douze portes ouvrant l’accès à la Jérusalem céleste (Apoc. 21, 9). Douze étaient les fils de Jacob, qui furent à l’origine du peuple d’Israël, et douze furent aussi les disciples que le Seigneur a choisis, dont il fit les témoins de son enseignement et de ses miracles, qu’il « envoya » [Apôtre signifie « envoyé »] prêcher le Royaume de Dieu en leur conférant le pouvoir d’expulser les démons et de guérir toute maladie (cf. Mat. 10), et qui finalement furent envoyés par lui, après la Résurrection, pour aller dans le monde entier, proclamer l’Évangile à toute la création (Marc 16, 14), et baptiser tous les peuples au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Mat. 28, 19). De même que le Fils a été « envoyé » par le Père en ce monde pour notre Salut, de même, mettant à part ces disciples, Il les a « envoyés » proclamer que le Royaume des cieux était tout proche : « Comme le Père m’a envoyé, ainsi, moi aussi, je vous envoie » (Jn. 20, 21). Il leur donna comme condition pour être ses Apôtres, de renoncer à tout attachement terrestre : « Ne vous procurez ni or, ni argent, ni menue monnaie pour vos ceintures, ni besace pour la route, ni deux tuniques, ni sandales, ni bâton… » (Mat. 10, 9-10); et leur annonça qu’ils devraient affronter tribulations et persécutions pour Lui rendre témoignage : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups … Vous serez haïs de tous à cause de moi (…) vous serez traduits devant les gouverneurs et les rois, à cause de moi, pour rendre témoignage. Mais lorsqu’on vous livrera, ne cherchez pas comment parler ou que dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment, car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mat. 10, 17-20). Témoins de la Résurrection du Seigneur tant par leur vie que par leur prédication, les saints Apôtres se sont offerts en spectacle au monde, aux anges et aux hommes, disant avec Paul « Nous sommes devenus comme l’ordure du monde, maltraités; errants, nus, souffrants la faim, la soif et les tourments de toutes sortes, devenus l’universel rebut », afin que par leur sacrifice l’Église fût édifiée sur la puissance de Dieu et non des hommes (I Cor. 4, 11-12).

Autour des deux Premiers-Coryphées les saints et illustres Apôtres forment donc aujourd’hui un chœur harmonieux : André, le Premier-Appelé, frère de Pierre, qui proclama l’Évangile sur le littoral de la Bithynie, du Pont et de l’Arménie. S’en retournant par le Pont et Byzance, il descendit jusqu’en Grèce, et mourut crucifié à Patras, en Achaïe (cf. 30 nov.).

Jacques, fils de Zébédée, qui témoigna de la Résurrection dans toute la Judée. Il périt par le glaive, sur ordre du roi Hérode Agrippa, jaloux de sa célébrité (cf. 30 av.).

Jean le Théologien, frère de Jacques, qui reposa sur la poitrine du Seigneur. Après avoir proclamé le Christ dans la province d’Asie, sur ordre de Domitien, il fut exilé à Patmos, où il écrivit son Évangile et l’Apocalypse. De retour à Éphèse, il s’endormit en paix dans un âge très avancé (cf. 26 sept.).

Philippe, de Bethsaïde en Galilée, concitoyen de Pierre et André, proclama la Bonne Nouvelle dans la province d’Asie et la région de Hiérapolis en Phrygie, en compagnie de sa sœur Mariamne et de saint Barthélemy. Il mourut à Hiérapolis, crucifié par les païens (cf. 14 déc.).

Thomas, appelé aussi Didyme, diffusa l’Évangile chez les Parthes, les Mèdes, les Perses et les habitants de l’Inde. Il mourut percé de lances par les païens (cf. 6 oct.).

Barthélemy (Bartholomée) prêcha en Lydie et en Mysie avec l’Apôtre Philippe; puis, après la mort de ce dernier, il poursuivit sa mission en Arabie Heureuse, en Perse et en Inde, et acheva sa course en Arménie, crucifié, à Albanopolis (ou Urbanopolis). Sa dépouille, enfermée dans un coffre de plomb et jetée à la mer, fut ensuite recueillie en Sicile (cf. 11 juin).

Matthieu le Publicain, appelé précédemment Lévi, était frère de Jacques fils d’Alphée. Après avoir rédigé son Évangile, il partit en mission chez les Parthes. Il périt, dit-on, par le feu à Hiérapolis sur l’Euphrate (cf. 16 nov.).

Jacques, fils d’Alphée, son frère, annonça le Christ à Gaza et Eleuthériopolis et ses environs. Il périt crucifié dans la ville d’Ostracine en Égypte (cf. 9 oct.).

Simon le Zélote, de Cana en Galilée – qui est aussi appelé Nathanaël dans l’Évangile de saint Jean – proclama la Bonne Nouvelle dans la Mauritanie et l’Afrique du Nord, puis il partit, dit-on, pour la Grande-Bretagne, où il mourut crucifié (cf. 10 mai).

Jude, apparenté à Notre Seigneur – appelé aussi Thaddée et Lévi par saint Matthieu –, partit en mission en Mésopotamie et finit ses jours dans la région du Mont Ararat, pendu et percé de flèches par les infidèles (cf. 19 juin).

Matthias fut ajouté au nombre des Apôtres après l’Ascension, pour remplacer le traître Judas. Il prêcha l’Évangile en Éthiopie, où il remit son âme à Dieu à la suite de nombreux tourments que lui infligèrent les païens (cf. 9 août).

À ces bienheureux Apôtres, on a coutume d’associer les saints Évangélistes : Marc, fils spirituel de saint Pierre, qui évangélisa Alexandrie et la Pentapole, et souffrit le martyre broyé sous un rocher (cf. 25 av.),

et Luc, le médecin et premier iconographe, qui, après avoir suivi saint Paul dans ses périples, écrivit son Évangile sous son inspiration. Parvenu à Thèbes en Béotie, il y mourut en paix à l’âge de quatre-vingts ans (cf. 18 oct.).

C’est donc sur le témoignage de ces saints Apôtres, dont les paroles se sont fait entendre jusqu’aux extrémités du monde (Ps. 18, 5) pour attester la réalité de la Résurrection du Christ, que l’Église a été édifiée. Et s’ils occupent à juste titre la première place dans l’assemblée des saints, c’est précisément parce que, se détachant de tout pour suivre le Seigneur, ils sont devenus ses parfaits imitateurs, et ils clament à tous les hommes : « Devenez nos imitateurs comme nous l’avons été du Christ » (I Cor. 11, 1). Une fois passée la génération de ceux qui avaient connu le Seigneur pendant son séjour terrestre, le ministère apostolique ne s’en est pas éteint pour autant (comme en témoigne saint Paul), mais il a été transmis à tous ceux qui ont contemplé la résurrection du Christ [Prière dite à l’orthros du dimanche, après la lecture de l’Évangile] dans l’illumination de l’Esprit Saint. La grâce de l’apostolat ne se limite donc pas à la prédication orale de la Bonne Nouvelle, mais elle s’étend sur tous les saints, qui ont contribué à l’édification de l’Église par leur témoignage de la Résurrection.