”Né de pieux parents dans le village de Poukhov, situé dans la région d’Oustioug, saint Jean fit preuve d’une grande tempérance dès son plus jeune âge. Le mercredi et le vendredi il ne mangeait rien, et les autres jours, il se nourrissait de pain et d’eau, passant toutes ses nuits en prière. Il cheminait toujours le visage triste, si bien que certains pensaient qu’il devait être un peu anormal. À sa mère, qui voulait le convaincre de changer son mode de vie, le bienheureux répondit : « Ne me force pas, ô mère, à faire cela. La tempérance me délivre des péchés. » – « De quels péchés? » demanda sa mère, « tu es si jeune! » L’enfant reprit : « Ne dis pas de telles choses, car l’Écriture enseigne que seul Dieu est sans péché, et encore que la nourriture et la boisson ne nous rapprochent pas du Royaume de Dieu (cf. I Cor. 8, 8). Aussi, ne nourrissons pas notre corps au point qu’il devienne notre ennemi. » Après la mort de son époux, la mère du saint devint moniale, puis elle fut nommée higoumène du monastère de la Sainte-Trinité, près d’Oustioug, et elle prit son fils avec elle. Comme le jeune garçon insistait pour mener l’ascèse extrême de la folie pour le Christ, sa mère l’abandonna à la volonté de Dieu. Jean s’installa alors près de la cathédrale d’Oustioug, dédiée à la Dormition. Il se faisait passer pour fou pendant la journée, en faisant maintes excentricités, mais veillait toute la nuit dans une prière incessante. Il prenait son repos sur un tas de fumier et circulait à moitié nu, vêtu d’une vieille chemise en lambeaux. En plus de la privation volontaire de nourriture et de confort, il endurait avec une patience semblable à celle du Christ en sa Passion, les ricanements, les offenses et même les coups des passants. Mais ces épreuves lui procurèrent la faveur de Dieu et, par sa prière, il guérit de la fièvre Théodora, l’épouse du prince. Ayant ainsi accompli sa course apostolique à l’âge de dix-huit ans, le bienheureux, sentant sa fin prochaine, pria pour le monde entier, puis il s’étendit sur le sol et rendit paisiblement son âme au Seigneur. Son corps fut inhumé dans la cathédrale et accomplit par la suite des miracles pour ceux qui s’en approchaient avec foi. En 1613, lors de l’invasion polonaise, les habitants de la cité eurent recours à son intercession et à celle de saint Procope (cf. 8 juil.), et le danger fut écarté.