”Né en 1329 dans la ville de Prilepec, saint Lazare montra dès sa jeunesse de telles qualités, qu’il fut remarqué par le tsar Douchan et introduit dans son palais de Skopljé, où il s’acquit le respect de tous pour sa probité, son héroïsme et sa piété. Il épousa une parente du tsar, sainte Militsa (cf. 19 juil.), dont il eut cinq filles et trois garçons. Après Douchan, le bienheureux tsar Ourosh [1355-1371, commémoré le 2 déc.] régna sur le royaume de Serbie et, à la mort de celui-ci, Lazare, qui avait reçu le titre de prince, assuma la succession. Malgré les oppositions, et même les tentatives de meurtre auxquelles il échappa par miracle, il commença à réaliser le projet qu’il avait formé de rassembler les Serbes divisés, en vue de lutter contre les Turcs.
En plus de son activité politique le souverain montra un grand amour pour l’Église. Dès son élévation au trône, son plus grand souci fut de réconcilier au plus vite l’Église de Serbie avec celle de Constantinople, qui avait rompu la communion à cause de la proclamation du Patriarcat serbe par le tsar Douchan. Une mission, dirigée par le moine Isaïe, fut envoyée dans la capitale byzantine et réussit à obtenir du Patriarche saint Philothée la levée de l’anathème (1375). Saint Lazare manifesta également sa piété par la fondation de nombreuses églises et monastères, tant en Serbie qu’à l’extérieur, en particulier en Terre Sainte et au Mont Athos. Après 1371, il accueillit avec empressement les disciples de saint Grégoire le Sinaïte [Cf. 7 av. et 6 mai.], qui avaient quitté la Sainte Montagne devant la menace turque; il fit ériger pour eux le monastère de Gornjak et celui de Ravanitsa qui, dirigé par saint Romylos (cf 18 sept.), resta sa fondation la plus importante. Le saint prince entreprit plusieurs campagnes contre les Turcs, mais qui se heurtaient toujours aux divisions internes de son peuple. Finalement, il parvint à rassembler tous ses seigneurs et chefs d’armée à Krushevac, et les incita à oublier leurs querelles pour lutter, tous ensemble, contre les ennemis de la Croix.
Puis on célébra une liturgie au cours de laquelle tous les soldats communièrent aux saints Mystères. Ils rencontrèrent l’armée du sultan Mourat, deux fois plus nombreuse, dans la plaine du Kossovo, le 15 juin 1389. Ce fut au cours de cette bataille mémorable que le pieux prince mourut décapité, après avoir reçu seize blessures dans le combat [D’autres sources rapportent que le prince réussit à s’introduire dans le camp adverse avec quelques hommes vaillants. L’un d’eux blessa Mourat, qui mourut trois jours plus tard après avoir donné l’ordre de l’exécution de Lazare et de ses compagnons. Cette bataille du Kossovo eut pour conséquence de faire du royaume de Serbie le vassal de l’Empire ottoman, ouvrant la péninsule des Balkans à l’expansion turque. Elle est néanmoins restée le symbole de la résistance du peuple serbe contre l’envahisseur.]. On raconte que, la veille de la bataille, un ange lui était apparu et lui avait demandé s’il préférait le pouvoir terrestre ou le Royaume céleste. Le prince répondit : « Si je choisis le royaume terrestre, il n’est que peu de chose, corrompu et éphémère, tandis que le Royaume céleste dure éternellement. » Au moment d’incliner la tête sous le glaive, il fit cette prière : « Ô mon Créateur, qui juges mes péchés connus et inconnus, je T’implore et je Te prie : pardonne-moi, Seigneur, tout ce que j’ai omis de faire selon Ta volonté, et sauve mon peuple, ou plutôt Ton peuple. » Lorsque le sultan Bazajet apprit avec quelle dignité ce prince chrétien avait accueilli la mort, il donna l’autorisation d’inhumer son corps avec honneurs en l’église de l’Ascension à Prizren. Un an plus tard, lorsqu’on exhuma les saintes reliques, elles exhalèrent un merveilleux parfum d’incorruptibilité, et furent alors transférées au monastère de Ravanitsa.