”Neveu de saint Théodore Tiron, saint Basilisque fut soumis à la torture avec saints Eutrope et Cléonique, à Amasée; mais, à son grand dépit, il ne put jouir avec eux de la gloire du martyre et fut renvoyé en prison après leur exécution. Alors qu’il pleurait et se lamentait dans son cachot, le Christ lui apparut, pour lui assurer qu’Il avait inscrit aussi son nom dans Son royaume et qu’il ne serait en rien inférieur à ses compagnons, puis Il lui recommanda d’aller faire ses adieux à sa famille. Au lever du jour, Basilisque vit que les portes de la prison étaient ouvertes et il se rendit, accompagné de ses gardes, à son village natal, Choumiala. Il dit adieu à sa mère et à sa parenté, les exhorta à rester fidèles au Christ et à prier pour qu’il soit affermi dans sa confession. Il fut de retour à la prison d’Amasée au moment où le nouveau gouverneur, Agrippa, homme terrible et cruel, assumant sa charge, avait réuni les notables de la cité pour un banquet. Comme on lui avait parlé de saint Basilisque, il ordonna de le transférer à Comane (Pont), avec les autres captifs chrétiens, pour y être jugés. Tiré violemment de prison, le saint fut chargé de lourdes chaînes, on lui cloua des sandales de fer aux pieds et, tout le long du chemin, les treize soldats qui l’escortaient le fustigèrent, de sorte que la route était arrosée de son sang. Ayant fait halte au village de Dacozara, ils attachèrent Basilisque, les mains derrière le dos, à un platane desséché depuis de longues années, pendant qu’ils prenaient leur repas chez la maîtresse du village, Troïanée. À la prière du saint, un tremblement de terre se produisit, avec un grand vacarme, qui jeta à terre la foule des badauds rassemblés là. Lorsqu’ils se relevèrent, ils constatèrent avec stupeur que l’arbre avait reverdi et qu’une source d’eau pure coulait aux pieds du bienheureux.
À cette vue, Troïanée crut au Christ avec toute sa maison et, le saint, ayant délivré des possédés et guéri des malades, convertit non seulement un grand nombre d’habitants du lieu mais encore les soldats de son escorte. Désormais pleins de respect pour leur captif, ils le déchargèrent de ses liens et reprirent leur route. En tout lieu, saint Basilisque accomplissait miracles et conversions, refusant de prendre quelque nourriture, rassasié qu’il était par la prière et par la présence en lui de la grâce du Christ.
Parvenus à Comane, ils y trouvèrent Agrippa, qui ordonna de conduire sans retard le martyr au temple d’Apollon pour y sacrifier. Les soldats de la garnison locale le frappèrent en se moquant de sa foi en un Dieu invisible; mais le saint, rempli d’une mâle assurance, leur répliqua que si Dieu ne peut être vu selon Sa nature, Il se manifeste cependant spirituellement, selon l’énergie de Sa grâce, autant qu’il est possible à l’intelligence humaine de Le saisir, et Il accomplit beaucoup de merveilles par l’intermédiaire de ceux qu’Il a jugés dignes de Le recevoir. Présenté au magistrat dans le temple et sommé de sacrifier, il répondit qu’il offrait en tout temps un sacrifice de louange à Dieu. Agrippa lui demanda quel était le nom de ce Dieu. Il répondit : « Mon Dieu est inexprimable, insaisissable, indescriptible, invisible, et les noms qui lui sont donnés par l’Écriture sont : Père, Tout-Puissant, Seigneur et Dieu, Roi suprême et Seigneur des armées, Sauveur et Miséricordieux, Compatissant, Longanime et Riche en pitié. Voilà le Dieu à qui j’offre un sacrifice de louange! » Le gouverneur irrité reprit : « Sacrifie au nom du dieu que tu veux, mais sacrifie, et finissons-en. » Étendant les mains vers le ciel Basilisque éleva une prière ardente à Dieu pour la destruction des idoles, et aussitôt un feu descendit du ciel, incendia le temple et réduisit en poussière la statue d’Apollon. Le gouverneur sortit précipitamment du bâtiment en flamme et toute la ville fut troublée par cet événement. Revenu à lui et grinçant des dents de rage, Agrippa fit sortir du temple le saint, qui avait été miraculeusement protégé des flammes, et l’accusa de magie.
Basilisque répondit qu’il ne s’agissait pas d’artifices magiques, mais de la puissance de Dieu qui avait accompli tout cela pour prouver que les dieux des païens ne sont que néant et illusion. Constatant la fermeté inébranlable du martyr, le magistrat prononça la sentence de mort. Basilisque fut emmené hors de la ville, en un lieu dit Dioscore, où il fut décapité. Un chrétien racheta son corps aux bourreaux et construisit une église à Comane, où il l’inhuma dignement. C’est dans cette église que, le 13 septembre 407, saint Jean Chrysostome, emmené pour son dernier exil, eut une vision de saint Basilisque, qui le réconforta et lui promit qu’ils seraient réunis le lendemain. Effectivement, le lendemain, après avoir revêtu des vêtements blancs et reçu la sainte Communion, le saint hiérarque remit là son âme à Dieu. [Cf. 13 nov.. Pallade, qui relate ce fait, affirme que S. Basilisque avait été évêque de Comane, ce qui est démenti par les synaxaires.]