”Né dans les dernières années du XIXe siècle, saint Onuphre (Gagaliouk) fut consacré évêque de Krivoï Rog, dans la région de Cherson, peu après avoir achevé ses études théologiques (1923). Le visage émacié par le jeûne et les longues prières nocturnes dans sa cellule, il semblait vivre dans un autre monde et célébrait les divins Mystères avec une telle intensité que le peuple, jeunes et vieux, négligeait la propagande athée des Jeunesses Communistes pour fréquenter l’église et écouter avec avidité ses sermons qui allumaient en eux le feu de la foi. Arrêté en été 1924, il monta dans le train qui allait l’emmener vers une destination inconnue en bénissant ses ouailles qui étaient tombées à genoux et versaient d’abondantes larmes. D’abord assigné à Élisabethgrad, dans le diocèse d’Odessa, il résidait en fait à Kharkov, où il déploya une courageuse activité de résistance aux entreprises de l' »Église Vivante », qui cherchait à soumettre les fidèles aux sans-dieux. Un jour un criminel ivrogne, payé par les autorités communistes, se présenta dans sa cellule avec une hache pour le tuer. Mais quand il se trouva devant le saint qui lui demandait paisiblement ce qu’il lui avait fait pour attenter à sa vie, le criminel tomba en larmes aux pieds de l’évêque qui l’instruisit sur l’amour du Christ.

À la fin de 1926 saint Onuphre fut de nouveau arrêté et exilé au Vieux-Oskol, petite ville de la province près de Koursk, où toutes les églises avaient été détruites par les Bolcheviques. Il y manifesta à de nombreuses reprises ses dons de clairvoyance et de thaumaturge, attirant ainsi de grandes foules dans son église. Les autorités, ne pouvant faire obstacle à son influence, l’exilèrent derechef dans l’Oural, puis il fut envoyé en Sibérie d’Extrême-Orient, au terme d’un voyage de neuf mois dans des conditions déplorables. Dans le camp de concentration où il avait été relégué, il retrouva plusieurs évêques qui s’efforçaient de prodiguer en secret soutien et réconfort spirituel aux détenus : Ils baptisaient, ordonnaient des prêtres et même de nouveaux évêques avant d’être envoyés dans le camp de la mort de Magadan, dans la région montagneuse de Kolyma, au-delà du cercle polaire, où l’on faisait travailler des milliers d' »ennemis du peuple » comme des bêtes de somme, par une température largement au-dessous de zéro. La plupart d’entre eux mouraient de faim ou de froid peu de temps après leur arrivée, et ceux qui devenaient trop faibles pour travailler étaient tout simplement exterminés, par centaines, quotidiennement. Le camp de Kolyma fut ainsi entre 1930 et 1950 l’équivalent de ce qu’avait été le terrible camp de Solovki dans les années 1920. C’est là que le saint évêque Onuphre périt fusillé, le 1er juin 1938, après avoir aidé beaucoup de ses compagnons de souffrance à le précéder dans le Paradis.