”Notre saint Père Germain naquit au début du VIe siècle à Autun. À l’issu de ses études, il se retira chez un de ses parents et mena avec lui, pendant quinze ans, une vie agréable à Dieu, dans l’ascèse, la prière et les hymnes. La bonne odeur de ses vertus s’étant répandue dans la région, l’évêque d’Autun l’ordonna prêtre, puis le successeur de ce dernier, le mit à la tête du fameux monastère de Saint-Symphorien. Son austérité le mettait parfois en opposition avec l’évêque, ce qui lui valut même, une fois, d’être jeté en prison. La porte de la cellule s’ouvrit toute seule, mais le saint n’accepta de la franchir qu’après en avoir reçu l’ordre. Vers 555, il fut convoqué à Paris par le roi Childebert et désigné pour être consacré évêque de la cité. Dans cette nouvelle charge l’humble Germain ne changea rien à l’austérité de sa vie ni à son costume. Jusqu’à la fin de ses jours, il resta moine et ascète, ajoutant à sa tension vers la perfection évangélique le souci du salut de son peuple qu’il exhortait assidûment. Sa prédication était soutenue avec éclat par le don des miracles, que Dieu lui avait abondamment accordé. Il guérissait quantité d’infirmes et de malades par sa prière, et délivrait les possédés qu’il gardait plusieurs jours auprès de lui afin de prier pour eux. Sa renommée de thaumaturge s’étant répandue au loin, on se servait de tout objet qu’il avait béni ou seulement touché, pour l’envoyer à ceux qui étaient éprouvés et, par la grâce de Dieu, ils étaient délivrés de leurs maux. Inlassable dans l’aumône, Germain y consacrait l’essentiel des ressources de son Église, et lorsque ces dernières ne suffisaient pas, il avait recours au roi Childebert, qui lui portait une grande admiration depuis qu’il avait été guéri par le saint d’une grave maladie. La miséricorde de saint Germain s’étendait à tous, bons et méchants; et, quand il le pouvait, il faisait relâcher tous les prisonniers et libérait les esclaves de toutes nationalités. En sa personne les chrétiens de Paris croyaient voir revivre saint Denis, leur patron (cf. 9 oct.). Il encouragea le culte des saints locaux, et prenait un soin particulier de la beauté et de la dignité des offices liturgiques: on estime que nombre de particularités de la Liturgie des Gaules d’alors furent probablement dues à son influence. Grâce au soutien du souverain, il fonda un monastère, dédié à la Sainte-Croix et à Saint-Vincent, connu depuis sous le nom de Saint-Germain-des-Prés. Il fit venir des moines de Saint-Symphorien, afin d’y faire observer leur règle, issue du monastère de Lérins. Parfait connaisseur de la tradition ecclésiastique, saint Germain veillait avec un soin vigilant sur la paix et l’unité de l’Église des Gaules. Il prit une part prépondérante au Concile de Tours (567) et convoqua deux conciles à Paris (573).
Après la mort de Childebert (558), Paris devint la capitale du royaume uni de Clotaire qui témoigna au saint évêque la même déférence que son frère, grâce à l’influence de sa femme, sainte Radegonde (cf. 13 août). Lorsque la reine décida de prendre le voile dans le monastère de la Sainte-Croix qu’elle avait fondé à Poitiers, saint Germain supplia le roi de ne pas faire obstacle à sa vocation, et il entretint avec elle par la suite des relations suivies de direction spirituelle. À la fin du court règne de Clotaire (561) le royaume fut de nouveau divisé entre ses quatre fils : Caribert, Gontran, Sigebert et Chilperic. Caribert, le roi de Paris, était un homme impie et dévoyé, il pillait les églises et avait épousé deux sœurs. Il méprisa l’excommunication prononcée par le saint, mais, peu après, Dieu le frappa de mort, ainsi que l’une de ses épouses. Saint Germain s’efforça, mais en vain, de réconcilier Brunehaut, femme de Sigebert, et Frédégonde, épouse de Chilpéric. Après l’assassinat de la sœur de Brunehaut, sous l’instigation de Frédégonde (575), Sigebert entra en guerre contre Chilpéric. Passant par Paris, il y rencontra le saint évêque, qui tenta de lui faire renoncer à son projet de vengeance et lui dit : « Si tu prépares une fosse pour ton frère, tu tomberas dedans. » Sigebert négligea ce conseil, et mourut assassiné. Après avoir été, pendant de longues années, un artisan de paix et un pasteur exemplaire, saint Germain s’endormit dans le Seigneur, le 28 mai 576, et fut enterré dans l’église de son monastère parisien. Lors du grand incendie qui ravagea Paris en 585, il apparut pour libérer les prisonniers qui allèrent aussitôt se réfugier auprès de son tombeau. Par la suite, il resta un des saints les plus vénérés du peuple, tant à Paris et en Gaule, que dans tout le reste de l’Église latine.