”Saint Jean naquit en 1651 dans la province de Tchernigov. Dès son enfance, il aimait fréquenter l’église et lire les Écritures. À l’issue de ses études à l’Académie Théologique de Kiev, il y enseigna pendant huit années. Ses visites fréquentes au monastère des Grottes nourrirent son désir pour la vie monastique, et c’est là qu’il fut tonsuré moine. C’est alors que se révéla son don pour l’écriture et la prédication. Il publia plusieurs livres d’édification spirituelle dans une langue belle et accessible à tous. L’un de ses ouvrages les plus remarquables s’intitulait Le Tournesol, signifiant que l’âme doit se tourner continuellement vers Dieu, comme le tournesol se tourne vers le soleil. Ces travaux littéraires furent interrompus, en 1677, par la menace de l’invasion de la Petite Russie par les Turcs. Il fut dépêché à Moscou pour demander de l’aide au tsar, et, une armée ayant été envoyée à Kiev, on le nomma higoumène du monastère qui servait de refuge aux moines des Grottes. Le soin pastoral et les dons multiples dont il fit preuve pendant vingt années, attirèrent l’attention de l’archevêque de Tchernigov, Théodose, qui plaça Jean à la tête d’un des monastères de sa cité, en vue de lui laisser la succession. L’année suivante Théodose décéda (1696), et son premier miracle fut la guérison de Jean qui était atteint d’une fièvre mortelle. L’archevêque défunt lui apparut et lui commanda de se préparer à célébrer la divine Liturgie le lendemain. Jean s’exécuta, et fut complètement guéri en célébrant les saints Mystères. À la demande du peuple, il fut sacré évêque de Tchernigov, le 10 janvier 1697, et fonda là le premier séminaire de Russie pour la formation des clercs. Au bout de quelques années, le métropolite Philothée de Tobolsk en Sibérie, ayant démissionné pour devenir moine, saint Jean fut désigné pour le remplacer.

Il arriva en Sibérie en 1711, et y entreprit une lourde tâche pastorale, à la tête d’un immense diocèse où vivaient de nombreuses populations encore païennes. Il envoya l’ex-métropolite Philothée prêcher le Christ aux tribus païennes, et organisa aussi la mission russe à Pékin. Quant à lui, il se chargea plus spécialement du peuple de Tobolsk. Il développa l’école fondée par son prédécesseur, et s’adonna sans relâche à l’instruction et à l’assistance des âmes et des corps de ses fidèles. Sans complaisance envers lui-même dans sa vie ascétique, il était condescendant envers les autres, plein de compassion et d’un calme indéfectible. On ne le voyait jamais oisif, et plus que tout autre labeur, il s’adonnait à la prière. Il ne fréquentait pas la maison des riches, mais aimait faire en secret l’aumône aux pauvres, en particulier aux veuves. Il leur envoyait ses dons par personnes interposées, ou se rendait chez eux de nuit, frappait à la fenêtre et disait : « Reçois cela au Nom de Jésus-Christ ! » Il allait aussi rendre visite aux détenus dans les prisons, et était toujours présent là où se trouvait la détresse ou le besoin. Grâce à son don de clairvoyance, le saint évêque prédit au tsar Pierre le Grand sa victoire sur les Suédois et l’invasion de la Russie par Napoléon. Ayant annoncé à l’avance la date de son trépas, il célébra sa dernière Liturgie, le 10 juin 1715, et à l’issue de celle-ci convia le clergé et les pauvres de la ville à un repas, où il assura lui-même le service. Puis, ayant fait ses adieux à tous, il se retira dans sa cellule. À l’heure des vêpres, comme on venait prendre sa bénédiction pour sonner les cloches, on le trouva mort, à genoux, en prière devant l’icône de la Mère de Dieu de Tchernigov. Le même jour, loin dans les steppes désertiques, son ami Philothée annonça à ses compagnons : « Notre frère Jean vient de décéder. Rentrons à Tobolsk ! » Ses reliques furent déposées dans la cathédrale de Tobolsk, où elles accomplirent sur-le-champ de nombreux miracles; et deux siècles plus tard, en 1916, son culte fut officiellement reconnu par l’Église.