”Ce saint et grand Concile, convoqué par l’empereur Théodose le Grand dès son entrée à Constantinople, réunit, entre le mois de mai et le mois de juillet 381, cent cinquante évêques d’Orient, d’abord sous la présidence de saint Mélèce d’Antioche (cf. 12 fév.), le grand champion de l’orthodoxie, que l’empereur honora tout spécialement. Après sa mort inopinée, survenue quelques jours après l’ouverture des sessions, et ses grandioses funérailles, auxquelles participèrent l’empereur et tous les Pères, on choisit saint Grégoire le Théologien, qui venait d’être intronisé archevêque de Constantinople, pour présider aux débats. Mais, les évêques ne parvenant pas à se mettre d’accord sur la succession de Mélèce au siège d’Antioche, Grégoire, accusé d’avoir été transféré à Constantinople en violation des saints Canons, se retira (cf. 25 janv.). On élut alors saint Nectaire (cf 11 oct.) pour lui succéder, tant sur le siège patriarcal qu’à la présidence du synode. Parmi les saints Pères qui brillèrent pendant ce Concile, se trouvaient saint Cyrille de Jérusalem (cf. 18 mars), saint Amphiloque d’Iconium (cf. 23 nov.), et les deux frères de saint Basile : saint Pierre de Sébaste et surtout saint Grégoire de Nysse (cf. 10 janv.). Celui-ci fut le véritable inspirateur des débats et il put y faire triompher le programme préparé au prix de longs et ingrats combats par son frère (cf. 1er janv.), de sorte qu’on peut dire que, par l’intermédiaire de ses frères et de ses disciples, saint Basile, mort deux ans plus tôt, était vraiment présent en esprit à ce Concile qui marquait le couronnement de ses labeurs, tant sur le plan théologique qu’au niveau de l’organisation ecclésiastique.

Mus par le Saint-Esprit, qu’ils proclamèrent vraiment de même nature que le Père et le Fils, les saints Pères mirent fin aux séquelles de l’arianisme, qui divisaient cruellement l’Orient depuis plus de cinquante ans. Ils jetèrent l’anathème sur les partisans de Macédonius, les Pneumatomaques, qui avaient reporté sur la Personne du Saint-Esprit les blasphèmes d’Arius sur la divinité du Fils, et réfutèrent tous les autres hérétiques : Sabellius, Marcel d’Ancyre, Photin de Sirmium, Eunome, Aèce, Paul de Samosate, Apollinaire (Canon 1). Ils confirmèrent ainsi sans équivoque la foi en la Sainte et indivisible Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit, trois Personnes divines, consubstantielles et distinctes, et en l’Incarnation du Fils de Dieu, définie par les Pères du Premier Concile Œcuménique, puis ils complétèrent et scellèrent définitivement le Symbole de Foi (Credo), qu’ils transmirent à l’Église comme parfaite définition du mystère du Salut. Cette sobre et majestueuse expression de la doctrine chrétienne fut confirmée par tous les Conciles Œcuméniques ultérieurs et considérée comme le critère infaillible de la foi orthodoxe, immuable pour la suite des siècles. Récitée chaque jour par les fidèles [La récitation du Symbole fut introduite dans la divine Liturgie au VIe s.. Il est aussi lu à l’office de Minuit et aux Complies, de manière à sanctifier les « portes du matin et du soir » par la confession de la vraie foi.], cette « Hymne divine de la piété orthodoxe, scellée par la grâce du Saint- Esprit », les rends participants de la foi des saints Pères, héritiers des Apôtres, et maintient toute l’Église dans l’unité et la concorde.

Avant de se séparer les Pères promulguèrent sept Canons énonçant d’importantes règles disciplinaires pour les relations des Églises locales, et déclarant en particulier que l’évêque de Constantinople, la Nouvelle Rome et le siège de l’administration impériale, aurait la primauté d’honneur après l’évêque de Rome (Canon 3).
Le 30 juillet 381, l’empereur Théodose publia un édit qui ratifiait l’œuvre du Concile, prescrivait de ne considérer comme orthodoxes que ceux qui étaient en communion avec les Pères, et imposait de remettre aux orthodoxes les églises détenues par les hérétiques. [Bien qu’ayant réuni seulement des représentants de l’Église orientale, ce Concile reçut une réception universelle lors du Concile de Chalcédoine (451). Ceci montre clairement que l’œcuménicité des Conciles est moins une notion géographique que doctrinale, d’autres conciles ayant rassemblé plus de représentants, d’Orient et d’occident, pour se prononcer en faveur de telle ou telle variante de l’arianisme. C’est donc la vérité de la doctrine, confirmée par les fruits de sainteté, qui a donné aux Sept Conciles Œcuméniques leur valeur vraiment universelle.]