”Saint Triphyllios était originaire d’une des plus illustres familles de Rome, mais il fut élevé à Constantinople, où son père avait été transféré par saint Constantin le Grand. Il compléta ses études à l’école de droit de Béryte, où il acquit un grand savoir et se fit apprécier pour ses talents oratoires. [S. Jérôme le loue pour son Commentaire sur le Cantique des cantiques, aujourd’hui perdu.] Au retour d’un pèlerinage en Terre sainte avec sa mère, Domnique, il visita Chypre, où il fit connaissance de saint Spyridon (cf. 12 déc.). L’évêque de Trimythonte fit sur lui une telle impression, par sa sainteté et sa simplicité, que le jeune homme, oubliant sa patrie et tout projet d’une carrière prometteuse, devint son disciple. Il l’assistait dans ses œuvres pastorales et dans la prédication, et saint Spyridon n’hésitait pas à le reprendre en public quand il prétendait remplacer les mots de l’Écriture, qu’il jugeait trop communs, par des expressions recherchées. Un jour, alors que Triphyllios s’arrêtait pour admirer un beau paysage de montagne, son maître lui dit : « Ne sois pas ainsi entraîné par les beautés de cette terre. Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous recherchons celle de l’avenir (cf. Heb. 13, 14) ». Il progressa ainsi dans l’humilité et devint digne de diriger les âmes. Peu avant d’être consacré évêque de Leucosie[Qui ne devint métropole de Chypre qu’au XIIe s.], Triphyllios apparut en vision, vêtu des ornements épiscopaux, au fils de Constantin [Selon d’autres, il s’agissait de S. Constantin lui-même], qui se trouvait à Antioche et souffrait de cruels maux de tête, et intercédant pour lui, il obtint de Dieu sa guérison. Dans son ministère pastoral, saint Triphyllios imitait en tout point saint Spyridon. Comme lui il vivait modestement, visitait les pauvres et les déshérités et ne passait pas un jour sans nourrir ses ouailles du pain spirituel des Écritures saintes. Et, tel un nouvel Élisée, il devint l’héritier des pouvoirs thaumaturgiques de Spyridon.

Il assista avec lui au Concile de Nicée (325) et prit la défense de saint Athanase et de l’Orthodoxie au Concile de Sardique (343). Dans son diocèse, il fonda le monastère de l’Odighitria, dont l’église était si grande qu’elle pouvait contenir toute la population chrétienne de la ville, et un couvent féminin, qui accueillait les moniales en pèlerinage vers les lieux saints, et dans lequel sa mère finit ses jours. Le saint évêque s’endormit en paix, chargé de jours et de grâces, à l’âge de quatre-vingts ans (vers 370); il fut inhumé dans le cimetière de l’Odighitria. Longtemps après, sous le règne d’Héraclius (610-641), au cours d’une de leurs fréquentes razzias, les Sarrasins profanèrent la sainte relique pour s’emparer des précieux ornements dont elle était revêtue. Ils lui tranchèrent la tête, et alors du sang frais en coula, témoignant que le saint avait été jugé digne, de manière posthume, de la couronne du martyre. Puis ils brûlèrent ses restes. On raconte que saint Diomède [Cf. 28 oct.], un ascète qui vivait non loin de là dans une grotte, accourut et s’empara de son chef pour le mettre en sûreté. Cinq cents barbares se mirent aussitôt à sa poursuite et étaient près de le rejoindre, quand le saint se retourna et cracha en leur direction. Les Sarrasins tombèrent à terre, pris d’un mal de ventre qui les empêchait de continuer. Ils le supplièrent avec larmes d’avoir pitié d’eux, et saint Diomède les guérit et en baptisa le plus grand nombre.