”Le Saint Synode de l’Église Orthodoxe Serbe a décidé de commémorer, en ce jour, tous les martyrs de Serbie, en commençant par ceux de la Turcocratie jusqu’à ceux qui ont péri en Croatie durant la Seconde Guerre mondiale. Durant, cette période, 700 000 hommes, femmes et enfants périrent dans d’atroces souffrances, « telles que le monde n’en avait pas vues depuis le temps de Néron », pour avoir refusé de renier la foi de leurs pères en adhérant au catholicisme confessé par les Oustachis croates. À titre d’exemple, on pourrait citer quatre de ces nouveaux-martyrs : les évêques Platon et Sava, le prêtre Dane et le laïc Vukachine. L’évêque Platon de Banja Luka fut arrêté, en compagnie de quelques prêtres, dans la nuit du 6 juin 1941, par une bande d’Oustachis. Ses tortionnaires lui ferrèrent les pieds comme à un cheval et le firent marcher, dans d’horribles souffrances, jusqu’à quelques kilomètres de la ville. Comme il s’était effondré, ne pouvant plus marcher, on lui arracha la barbe, ainsi qu’aux autres prêtres, et, sur sa poitrine nue, les Oustachis allumèrent un feu de charbon de bois. Après quoi ils furent achevés à coups de hachette et jetés dans la rivière Vrbanja. Monseigneur Sava, évêque de Trlajitch, fut arrêté dans la ville de Plaski, et on retrouva ensuite son corps atrocement torturé dans un champ. Quant au prêtre Dane Babitch, il fut arrêté par les Oustachis dans le village de Svinjici de la province de Banja. Ses bourreaux l’enterrèrent vivant, jusqu’à mi-corps, et se mirent à danser sauvagement autour de lui, en arrachant un lambeau de chair chaque fois qu’ils passaient à ses côtés. Après plusieurs heures de supplice, ils abandonnèrent son corps qui n’avait plus forme humaine, pour servir d’exemple. Vukachine était un vieux paysan du village de Klepats, près de Tchaplina, dont toute la famille avait été assassinée au camp de concentration de Jasenovac. Alors qu’un Oustachi était en train d’égorger des habitants de son village, il le regardait d’un air étrangement paisible, qui troubla le bourreau plus que les cris de ses victimes. Il se précipita sur lui en vue de briser sa paix par les supplices les plus terribles, et comme Vukachine refusait de crier : « Vive Pavelitch ! » , il lui coupa successivement les deux oreilles et le nez, sans pouvoir le faire sortir de son silence. Quand il le menaça de lui arracher le cœur, le vieillard répondit : « Enfant, fais ton travail ! » Fou de rage le tortionnaire lui arracha les yeux et le cœur et, après l’avoir égorgé, il le jeta d’un coup de pied dans la fosse. Par la suite, l’homme confessa que, depuis ce jour-là, il n’avait pu trouver la paix et que, la nuit, il se réveillait en sursaut et apercevait dans l’obscurité le regard perçant de Vukachine qui lui répétait ces mêmes paroles.