”Né à Trébizonde au sein d’une famille de puissants magistrats, saint Dorothée s’enfuit de la maison paternelle à l’âge de douze ans, afin d’échapper à un mariage préparé par ses parents. Errant à la recherche d’un guide spirituel, il parvint dans la région d’Amisos, entre Trébizonde et Sinope, où il fit la connaissance d’un ascète doué du don de clairvoyance, Jean, qui avait entrepris depuis peu la fondation d’un monastère dédié à la Nativité. Discernant l’avenir brillant réservé par Dieu au jeune garçon, Jean l’accepta dans sa communauté et le revêtit du saint Habit angélique. Ayant trouvé la source d’eau vive, Dorothée en était d’autant plus altéré, et c’était avec une ardeur irrésistible qu’il progressait dans les combats ascétiques. Il montrait en particulier une parfaite obéissance, non seulement envers l’higoumène, mais à l’égard de tous les frères, et il se considérait comme un serviteur inutile, indigne même de recevoir leur bénédiction. Après de longues années passées au service des frères, il fut ordonné prêtre, et pendant soixantedeux ans il célébra chaque jour, sans manquement, la divine Liturgie. Il menait une vie retirée, tout entier tourné vers Dieu, le cœur brûlant de componction et arrosant de larmes le sol de sa cellule. Quand il achevait la célébration de la sainte Liturgie son visage apparaissait tout empourpré d’une flamme divine, comme Moïse quand il redescendit du Sinaï (Ex. 34, 35).

À la suite d’une vision, il alla rapporter à Jean, que Dieu lui ordonnait d’ériger sur une colline voisine, nommée Chiliocomos, une église dédiée à la Sainte Trinité et d’y commencer la fondation d’un monastère. Craignant cependant de perdre la grâce de l’obéissance, il le supplia avec larmes, en baisant ses pieds, de ne pas le laisser partir. Mais son père spirituel lui répondit qu’il ne convient pas de résister aux ordres divins, et il choisit l’un des frères pour l’accompagner. Les deux moines défrichèrent au prix de grands labeurs cet endroit sauvage, et quelque temps après les habitants de la contrée commencèrent à venir les visiter et à les aider à la construction, de sorte que l’église fut bientôt achevée. Dorothée put reprendre sa vie hésychaste, et le rayonnement de sa sainteté attira un nombre croissant de disciples. Il organisa la communauté comme une laure, selon le typikon d’Arsène du monastère de la Pierre-d’Or [Situé en Paphlagonie, ce monastère était l’un des plus célèbres centres monastiques de l’époque, avec le Mont Olympe, le Kyminas, le Latros, le Barachaios, et bientôt le Mont Athos qui devait les supplanter. Cet Arsène est par ailleurs inconnu. Cf. vie de S. Nicon le Metanoïte (26 nov.) et de S. Grégoire de la Pierre-d’Or (24 nov.)] : les moines vivant dans des cellules séparées, mais se réunissant dans l’église pour l’office quotidien. Ils persévéraient tous ensemble dans la prière, dégagés de tout souci du monde. Selon l’exemple de l’Apôtre saint Paul, ils travaillaient de leurs mains pour leur subsistance, afin d’éviter les sorties hors du monastère, et refusaient les aumônes, car selon la divine parole, il y a plus de joie à donner qu’à recevoir (Act. 20, 35). Dieu, qui glorifie ceux qui le glorifient, comblait saint Dorothée de grâce et de miracles, pour l’édification de sa communauté et la consolation des habitants de la contrée. À l’approche de son trépas, il passa dans toutes les cellules pour demander pardon aux frères, puis alla remettre paisiblement son âme à Dieu dans la solitude.