”Durant sa jeunesse, à Pereyaslav, saint Nicétas se montra un garçon violent, faisant beaucoup de mal, volant et pillant en compagnie d’amis qui lui étaient semblables. Un jour, il passa devant une église au moment des vêpres et entendit les paroles du prophète Isaïe : « Lavez-vous, purifiez-vous, enlevez le mal de vos âmes! » (Is.1, 16). Effrayé par ces paroles, il retourna chez lui et passa toute la nuit sans sommeil. Le lendemain, conformément à son habitude, il convia ses amis à déjeuner, et demanda à son épouse de préparer le repas. Lorsque celle-ci accomoda la viande, elle vit le sang couler de manière inhabituelle, et lorsqu’elle la mit dans la casserole, le sang se mit à bouillir et des membres humains apparurent à la surface. Horrifiée, elle appela son époux qui, constatant le fait, s’écria avec épouvante : « Malheur à moi! Car j’ai beaucoup péché! » Il sortit précipitamment de la maison, en larmes, pour se rendre au monastère du Grand-Martyr-Nicétas. Tombant aux pieds de l’higoumène, il lui dit : « Sauve une âme qui se perd! » Pour l’éprouver l’higoumène lui ordonna de rester à la porte du monastère, et de confesser ses péchés devant tous ceux qui entreraient et sortiraient. Nicétas fit ainsi pendant quelque temps. Puis, apercevant un marécage avec des roseaux autour desquels volaient quantité de moucherons et de moustiques, il ôta ses vêtements et s’étendit nu sur les roseaux pour prier. Trois jours après, des moines, envoyés par l’higoumène, ne l’ayant pas trouvé au portail du monastère, se mirent à sa recherche et le découvrirent dans les roseaux, blessé de toutes parts et couvert de sang. L’higoumène vint sur place et lui demanda pourquoi il s’était exposé à un tel supplice. Nicétas répondit : « Père, sauve une âme qui se perd! » Ramené au monastère, on procéda à sa profession monastique, et il se retira dans une cellule étroite, où il vécut dans la prière et le jeûne continuels, sans dormir la nuit.

Attaqué par les démons, il les repoussait par le signe de la Croix et l’invocation du saint martyr Nicétas, mais il ne parlait à personne de ses combats. Il éleva ensuite une colonne, près de l’église sur laquelle il se tint en permanence, comme les stylites de jadis. De tels labeurs lui procurèrent le don d’accomplir miracles et guérisons en faveur de ceux qui venaient demander son intercession. Le pieux prince Michel de Tchernigov se trouvait alors paralysé. Ayant entendu parler de saint Nicétas, il ordonna à ses boïars de le transporter à Pereyaslav. En chemin, le démon, ayant pris l’aspect d’un moine, dit au prince qu’il venait du monastère où vivait Nicétas et que ce dernier n’était qu’un imposteur. Fortement attristé, le prince continua néanmoins son chemin, et parvenu à quelque distance du monastère il envoya un de ses boïars prévenir le saint de sa visite. Le démon, prenant cette fois l’aspect d’un moine borgne qui portait une pelle, interpella le messager, et lui dit que Nicétas était mort et qu’il venait juste de l’enterrer. Comprenant la tromperie, le boïar chassa le démon par l’invocation du nom du saint, et il parvint à la colonne du stylite qui lui remit son bâton. Aussitôt que le boïar eut transmis ce bâton au prince, ce dernier fut guéri, et il se rendit à pied auprès du saint, pour le remercier et recevoir sa bénédiction. Une nuit, de lointains parents de saint Nicétas vinrent le trouver pour demander ses prières. Voyant que les lourdes chaînes qu’il portait sur le corps brillaient, ils pensèrent qu’elles étaient en argent, et, sous l’instigation du démon, ils tuèrent l’homme de Dieu puis s’emparèrent de ses chaînes. Au petit matin, l’ecclésiarque, qui venait demander la bénédiction du saint pour commencer l’office, le trouva mort, son corps dégageant un suave parfum. Les moines l’inhumèrent dans l’église du Grandmartyr Nicétas, près de l’autel, et à cette occasion de nombreuses guérisons s’accomplirent. Quant aux meurtriers impies, s’étant aperçus que les chaînes qu’ils avaient dérobées étaient en fer, ils les jetèrent dans la Volga, près du monastère de Saint-Pierre, à Yaroslav. Elles furent découvertes par les moines de ce monastère, suite à une révélation, et accomplirent de nombreux miracles. Saint Nicétas apparut par la suite au moine qui avait découvert les chaînes et lui ordonna de les ramener à Pereyaslav, sur sa tombe. Depuis, ces précieuses reliques accordent la guérison à tous ceux qui les vénèrent avec foi.