”La bienheureuse Sophie était originaire d’Ainos (Thrace). Mariée et mère de six enfants, les soucis de son foyer ne la distrayaient cependant pas des devoirs de la piété, et elle ne manquait aucun office à l’église. De retour à la maison, elle passait la plus grande partie de la nuit en prière. Ses enfants étant décédés, elle distribua tous ses biens aux pauvres et devint la mère adoptive des veuves privées de soutien. Délivrée de tout autre souci que de plaire à Dieu, elle passa tout le reste de sa vie dans le jeûne continuel, sans autre nourriture que du pain et de l’eau. Les larmes ne cessaient de couler sur son visage et les Psaumes de David étaient constamment sur ses lèvres. Elle montrait une humilité sans mesure, même devant les gens de la plus basse condition, et mettait tout son soin à distribuer des aumônes, préférant se priver elle-même du nécessaire plutôt que de laisser un malheureux repartir de chez elle les mains vides. Elle avait une jarre pleine de vin qu’elle distribuait sans compter aux nécessiteux. Le récipient ne désemplit pas tant que la sainte garda ce miracle secret; mais dès qu’elle le révéla à l’un de ses parents, le liquide commença à diminuer naturellement. Attribuant ce retrait de la faveur divine à son indignité, la sainte accrut dès lors ses mortifications, au point que son corps desséché et réduit à la dernière extrémité pouvait à peine respirer. Elle vécut ainsi, dans les labeurs agréables à Dieu, pendant trente-quatre ans, en gardant la condition de laïque, et elle s’endormit en paix pour rejoindre le Seigneur à l’âge de cinquante-trois ans, peu après avoir fait sa profession monastique.