”Saint Sadoth avait succédé au saint martyr Syméon [Cf. 17 avril] sur le siège épiscopal de Séleucie à l’époque de la sauvage persécution menée contre les chrétiens par le roi des Perses Sapor II (342). Sadoth, nom qui signifie «ami du roi», aimait de toute son âme et de toutes ses forces le vrai et unique Roi du ciel et de la terre. Il ressemblait en tout point à son illustre prédécesseur, et était prêt à mourir plutôt que d’adorer le soleil. Une nuit, il vit en songe une échelle de gloire qui allait de la terre jusqu’au ciel. Le bienheureux Syméon se tenait au sommet, il était baigné d’une lumière éblouissante et criait joyeusement à son fils spirituel: «Monte, Sadoth, monte et ne crains pas. Je suis monté hier, tu monteras aujourd’hui». Sadoth comprit alors qu’il allait à son tour bientôt être appelé à rendre l’ultime témoignage de sa foi et exhortait ses fidèles à partager son ardeur en disant: «Fortifiez-vous dans le Seigneur et dans sa souveraine puissance. Revêtez l’armure de Dieu. C’est ainsi que vous serez la lumière des hommes, et que vous serez protégés par la parole de vie. Ne craignons pas la mort prochaine, ne tremblons pas. Que celui qui meurt se batte en héros, que celui qui vit se montre courageux. Nous serons mis à mort pour le Christ et pour sa vérité. Aussi longtemps que l’épée est levée soyez sur vos gardes, aussi longtemps que l’épée étincelle profitonsen. Faisons route vers le royaume jusqu’à ce que le soleil se lève dans la nuit. Nous méritons un nom et une gloire éternels et nous laisserons aux générations futures le souvenir de nos actions d’éclat. Priez donc pour que cette vision se réalise bientôt!» Il en fut en effet ainsi.

 

 

Quelques jours plus tard, on vint arrêter le saint évêque au nom du roi, et dans divers villes et villages des environs, on arrêta 128 prêtres, diacres, ascètes, hommes et femmes. Tous furent enchaînés et enfermés dans un dur et amer cachot pendant cinq mois. Trois fois, ils passèrent à l’interrogatoire et les soldats du roi les soumirent à des tortures que seul le Diable peut suggérer à l’imagination humaine, afin de leur faire adorer le soleil, mais en vain. On leur transmit le message du roi: «Si vous m’obéissez, vous ne mourrez pas.» Le bienheureux Sadoth répondit au nom de tous: «Dites à celui qui vous a envoyés: Nous n’avons qu’une force, qu’une vérité, qu’une volonté, dans une foi unique, nous annonçons le Dieu unique et nous Le servons de toute notre âme. Quant au soleil et au feu, ses créatures, nous ne les vénérons pas. C’est pourquoi nous ne soumettrons pas à ton ordre et tes menaces ne nous rendront pas parjures à notre loi. À toi l’épée, voici nos nuques, tu possèdes la mort, nous possédons la vie. Ne retarde pas notre exécution d’un seul jour, n’attends pas pour verser notre sang». On les condamna donc à mourir par le glaive. Alors qu’on les conduisait enchaînés hors de la ville pour y être exécutés, les saints martyrs chantaient joyeusement des hymnes. Arrivés sur le lieu de l’exécution, ils s’écrièrent: «Loué soit Dieu qui nous a préparé cette couronne que nous contemplons; il n’a pas retardé l’héritage que nous espérons. Loué soit le Christ qui ne nous a pas laissé dans ce monde, mais nous appelle et nous unit à lui par le baptême du sang.» Et leur chants ne cessèrent qu’à la mort du dernier martyr. Sadoth fut conduit enchaîné vers une autre ville, où, quelque temps plus tard, il fut décapité et couronné dans le Christ son espérance.