”Saint Hilarion naquit de parents pieux et fortunés dans la région de Moglène, en Macédoine [Audessus du village actuel de Chrysie, dans le département de Pellée.], vers 1090, à la suite d’une apparition de la Mère de Dieu. À l’âge de dix-huit ans il entra dans un monastère de la région, où son obéissance empressée envers tous les frères lui valut d’être rapidement revêtu de l’Habit angélique. Son Ancien partit bientôt vers les demeures éternelles, laissant Hilarion pour lui succéder. Humble, pieux, sévère dans l’ascèse et persévérant jour et nuit dans la prière, Hilarion s’acquitta admirablement de sa tâche, malgré son jeune âge. Il enseignait sans avoir besoin de parler, car sa démarche seule manifestait la plénitude des vertus monastiques. Lors d’une redoutable famine, il se mit en prière et aussitôt les réserves du monastère se remplirent de grain, en quantité suffisante pour nourrir les frères et les nombreux indigents qui se pressaient aux portes.

Le saint higoumène acquit ainsi une grande renommée qui attira vers le monastère quantité de nouvelles recrues. Après une apparition de la Mère de Dieu à l’archevêque d’Ochrid [Passée depuis 1019 sous la juridiction du Patriarcat de Constantinople, Ochrid (Achris) perdit progressivement son caractère slave pour devenir un centre de rayonnement de la civilisation byzantine. Cf. notice de S. Clément, au 27 juil.], Eustache, il fut consacré évêque de Moglène en 1134. Le nouveau pasteur se mit sans retard à l’ouvrage pour confirmer son peuple dans la vraie foi et débarrasser son diocèse de la perfide hérésie des Bogomiles, venue de Bulgarie. [Variante du manichéisme, apparentée au catharisme qui sévissait à la même époque en Occident.] Grâce à ses paroles inspirées, il n’eut pas de mal à réfuter cette grossière erreur dualiste et il baptisa la plupart de ses adeptes.

Mais ceux qui persévéraient dans l’hérésie nourrirent contre le saint une haine implacable et ne cessèrent dès lors de lui dresser des embûches et d’attenter même à sa vie. Hilarion, tout à la joie de subir des outrages pour le Nom du Seigneur (Actes 5, 41), empêcha ses fidèles de châtier ses agresseurs. La nouvelle de sa victoire contre l’hérésie parvint jusqu’à l’empereur Manuel Comnène (1143-1180) qui lui remit une lettre pour l’encourager dans son combat et lui recommander d’expulser les hérétiques réfractaires vers la Bulgarie. Le saint érigea une église dédiée aux Saints-Apôtres à quelque distance de la cité et y organisa un vaste monastère qu’il visitait souvent, afin d’instruire ses disciples. Au bout de trente années d’épiscopat, il reçut la révélation de son prochain trépas et, après avoir réuni ses disciples, il leur délivra ses derniers enseignements et nomma son successeur à la tête du monastère, puis il s’endormit en paix (1164).

Peu de temps après, saint Hilarion apparut pendant leur sommeil à des moines qui avaient refusé de se soumettre au nouvel higoumène, et il les corrigea sévèrement. De nombreux miracles commencèrent de s’accomplir auprès de son tombeau, si bien qu’on procéda bientôt au transfert de ses reliques dans la cathédrale de Moglène. On découvrit alors son corps incorrompu et de ses yeux coulaient deux sources de baume parfumé, qui firent abonder les guérisons pour le peuple venu de toutes les parties de la Macédoine. Vers 1200, la ville fut prise par les Bulgares du tsar Kalojan (1197-1207), qui fit transférer les reliques de saint Hilarion dans sa capitale, Tirnovo (21 octobre 1205). [La mémoire d’aujourd’hui donc est vraisemblablement celle de cette translation.] Après une nouvelle translation, en 1230, dans la majestueuse église des Quarante-Martyrs, ces précieuses reliques continuèrent pendant de nombreux siècles de confirmer par leurs miracles la foi du peuple bulgare, et le culte de saint Hilarion se répandit largement dans les églises slaves. [Ce saint, dont la vie a été écrite par S. Euthyme de Tirnovo (cf. 20 janv.), n’est commémoré que dans les ménologes slaves et a été le plus souvent considéré comme d’origine bulgare; mais il devait être plutôt de noble famille byzantine, installée dans la région de Moglène (Mèglin), alors dépendante de Byzance.]