”Saint Philothée naquit au 14e siècle dans la ville de Chryssopolis (près de l’actuelle Kavalla). Son père, originaire d’Asie-Mineure, mourut lorsque le saint et son frère étaient encore tout jeunes, les laissant seuls avec leur mère. Un jour, ils furent capturés par les Turcs et emmenés en prison avec beaucoup d’autres enfants orthodoxes, dont un grand nombre reniait la foi de leurs Pères pour sauver leur vie. Mais Philothée et son frère restèrent fermes. Aussi, prenant pitié des larmes de leur mère, la sainte Mère de Dieu leur apparut dans leur cachot et les délivra miraculeusement en leur ordonnant d’aller se faire moines dans un couvent de Néapolis, qui lui était dédié. Les deux enfants y accoururent et y montrèrent un tel zèle dans les travaux de la vertu qu’ils revêtirent rapidement l’habit angélique et reçurent la charge de servir à l’église. Quelque temps plus tard, leur mère, n’ayant aucune nouvelle d’eux et ayant perdu tout espoir dans les consolations de cette vie, décida de rejoindre, elle ausi, l’ordre angélique, dans un monastère de moniales voisin.
Or, le jour d’une grande fête, à l’occasion de laquelle les nonnes s’étaient rendues dans l’église du monastère masculin, celle qui avait désormais pour nom Eudocie entendit appeler Philothée et ses entrailles maternelles reconnurent aussitôt son fils dans le jeune moine qui répondait. Après des retrouvailles émouvantes et de chaleureuses actions de grâces envers la Mère de Dieu, tous trois se consacrèrent avec un zèle redoublé à l’ascèse et à la prière, afin d’être dignes du saint habit qu’ils portaient. Le Démon ne s’avoua pourtant pas vaincu et concentra ses attaques sur Philothée. Il voulut attenter à sa virginité par l’intermédiaire d’une moniale qu’il avait possédée du démon de la luxure. Mais Philothée, tel le chaste patriarche Joseph, échappa aux pièges du Malin. Ses vertus étaient telles que pour échapper aux louanges des hommes, il partit quelque temps plus tard pour le Mont Athos, et fut reçu au monastère de Dionysiou. Là encore, il émerveilla tous les pères par son humilité et son zèle à servir chacun comme s’il était le Christ lui-même.
Après plusieurs années passées ainsi dans l’obéissance, il obtint la bénédiction de se retirer dans la solitude à peu de distance du monastère. Il se consacra alors complètement à l’œuvre de la prière pure et eut à affronter les assauts redoublés des démons jaloux. Un peu plus tard, il changea de retraite et prit avec lui trois disciples. Il vécut ainsi une existence plus céleste que terrestre et s’endormit en paix, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, ayant été gratifié par Dieu du don de clairvoyance. Son humilité était telle que sentant la mort approcher, il donna l’ordre à ses disciples de ne pas enterrer son corps; mais de le jeter tel quel dans un endroit perdu de la forêt, afin qu’il soit dévoré par les bêtes sauvages. La mort dans l’âme les disciples s’exécutèrent, mais Dieu ne laissa pas ainsi outrager les précieuses reliques de son saint. Quelques jours plus tard, un moine de Dionysiou, qui péchait sur le rivage, vit une grande lumière, semblable à un incendie jaillir de la forêt. Il accourut, et découvrit la dépouille du saint,que l’on ramena bientôt solennellement au monastère, pour qu’elle soit vénérée par tous.