”Le saint confesseur et martyr du Christ Vessarion Saraj naquit en 1714 à Madian, en Bosnie, et reçut au baptême le nom de Nicolas. Dès son enfance, il fut attiré par la vie de solitude et de prière. À l’âge de dix-huit ans, il partit en pèlerinage en Terre Sainte. C’est là, au monastère de Saint Sabas qu’il devint moine et reçut le nom de Vessarion. Au retour de Terre Sainte, il passa par le MontAthos. Il regagna ensuite sa patrie, et entra au monastère de Pakrou en Slavonie, où il servit en qualité de diacre durant sept ans, puis fut ordonné prêtre. Vessarion était renommé dans le peuple en raison de la sainteté de sa vie et du don qu’il manifestait pour prêcher la parole de Dieu. Mû par l’amour qu’il éprouvait envers les lieux où vécut et prêcha notre Seigneur, le saint visita encore une fois la Terre Sainte, puis revint parmi son peuple pour témoigner du Christ crucifié et ressuscité. En ce temps, le peuple orthodoxe des Balkans, tout particulièrement sur le territoire de la monarchie austrohongroise, souffrait fort de la propagande uniate.

En effet, les catholiques-romains s’efforçaient à ce que, de gré ou de force, les orthodoxes renient la foi de leurs Pères pour se soumettre au pape de Rome. Cette pression se fit particulièrement ressentir sous le règne de Marie Thérèse (1741-1780) au Banat et en Transylvanie. Auparavant, les calvinistes avaient déjà fait de la propagande, accompagnée de violence, mais les Serbes et les Roumains orthodoxes étaient restés fermes dans leur foi. Le patriarche serbe Arsène IV (1726-1748), voyant les capacités de Vessarion, tant en ce qui concerne la prédication que la confession de la foi, envoya celui-ci vers 1742, au Banat et en Transylvanie, afin de soutenir par ses prédications et sa sainte vie, les populations de ces régions, oppressées par la violence uniate. En effet, certains orthodoxes, sous diverses pressions des autorités politiques et ecclésiastiques avaient commencé à accepter l’union. S. Vessarion considérait l’œuvre à accomplir comme une mission que Dieu lui avait confiée, et il défendit avec zèle la foi et le peuple orthodoxes dans ces contrées menacées.

Il allait de village en village, incitant le peuple à rester fidèle à la foi de ses pères. Les fidèles ressentaient la force et la grâce divine qui émanaient de ses prédications et c’est pour cette raison que le saint était souvent attendu par un peuple réuni en procession, avec cierges et encensoirs à la main, au son des cloches. Mais le diable, l’ennemi du genre humain, fit que les Habsbourg emprisonnent saint Vessarion, qui, après avoir été torturé, fut transféré dans différentes prisons. C’est dans la dernière de celles-ci, à Kufstein, dans les montagnes du Tyrol, que le saint mourut, épuisé par les souffrances et les tourments qu’il avait endurés pour le Christ. Son saint nom et sa confession furent vénérés par le peuple orthodoxe alors que Vessarion était encore en vie, et, après sa mort de martyr, on le considéra immédiatement comme un saint. Le Saint Synode de l’Église roumaine a introduit S. Vessarion dans le calendrier le 28 février 1950. [Cette canonisation a été confirmée et généralisée en juin 1992.

Selon d’autres sources, S. Vessarion ne serait pas mort dans la forteresse de Kufstein; mais, après son transfert à Vienne, il aurait été libéré grâce à l’intervention du représentant du ministre russe des Affaires Étrangères, qui se trouvait alors en Autriche, et de là envoyé en Russie, où il aurait terminé ses jours.] Quant à S. Sophrone, il naquit à Tchoara, près d’Alba, en Roumanie, et s’appelait Stan dans le monde. Devenu moine en Valachie sous le nom de Sophrone, il repartit dans la région d’où il était originaire et y fonda une petite skite, vers 1756. De nombreux chrétiens orthodoxes le visitaient et étaient soutenus dans leur foi par le saint qui les encourageait à ne pas se soumettre à la propagande uniate. C’est pour cette raison que les catholiques-romains détruisirent la skite et contraignirent Sophrone à quitter les lieux. À neuf reprises, le saint fut arrêté et persécuté, mais la Grâce divine le protégea. Depuis lors, il prêchait au peuple la fidélité aux traditions des Pères, il organisait des assemblées comprenant clercs et laïcs, parmi lesquelles la plus célèbre fut celle qui se tint en 1761 à Alba Iulia.

Lors de cette réunion, les orthodoxes demandèrent aux autorités viennoises de ne point les empêcher d’avoir leurs évêques orthodoxes, ce qu’ils obtinrent. Après cela, saint Sophrone se retira au monastère de Curteade-Argès, où il s’endormit dans la paix du Seigneur. Pour ce qui est du martyr Oprea Miklaouch, il naquit à Salistea, près de Sibiu. C’était un paysan, marié et père de famille. Voyant les persécutions que subissaient les orthodoxes et l’exode de nombre d’entre eux en Valachie, il se dressa pour la défense de l’Orthodoxie et intercéda auprès du pouvoir pour les orphelins orthodoxes, qui subissaient nombre de vexations. En 1748, il se rendit même à Vienne pour demander la liberté religieuse pour les orthodoxes d’Arad. En raison de cela, il fut arrêté et condamné aux travaux forcés à perpétuité à la prison de Kufstein, dans le Tyrol. C’est là qu’il termina sa vie et ses combats, recevant du Christ la couronne du martyre.