”Aréthas vivait à la Laure de Kiev, mais, victime de l’amour de l’argent, cette idolâtrie, il gardait un trésor considérable dans sa cellule et refusait de donner quelque aumône que ce fût aux indigents. Un jour des voleurs lui dérobèrent son trésor, et cruellement affligé, Aréthas commença à s’en prendre avec violence à tous ceux qu’il rencontrait, sans écouter les conseils des autres moines. Au bout de quelques jours, il tomba gravement malade, mais ne cessa pas ses grognements et ses blasphèmes. Soudain, alors qu’il était étendu sur sa couche, des anges et une grande troupe de démons apparurent et commencèrent d’argumenter sur le sort que son avarice préparait à Aréthas. Les anges se lamentaient à son sujet, non seulement parce qu’il avait gardé de l’argent étant moine et avait refusé de faire l’aumône, mais encore parce que, après en avoir été privé par la Providence, il avait blasphémé. Aréthas se mit alors à crier : « Seigneur aie pitié! J’ai péché, pardonne-moi. Cet argent t’appartenait, je ne regrette pas qu’il m’ait été volé! » Aussitôt les démons disparurent, et les anges se réjouirent, annonçant que l’argent volé lui était désormais compté par Dieu comme ayant été distribué en aumônes. Dès lors Aréthas changea son genre de vie, et tous étaient étonnés de voir se vérifier en lui les mots de l’Apôtre : «Là où le péché a abondé, la Grâce a surabondé» (Rom. 5, 21). Et il s’enrichit, non plus en richesses corruptibles, mais en divines vertus. Il s’endormit en paix et ses reliques furent gardées incorrompues.