”Né au début du XIIIe siècle, dans une famille de paysans du village de Bassarabov, dans la région sud du Danube, qui appartenait alors au royaume de Bulgarie, saint Dimitris entreprit dès son enfance de valeureux combats pour la vertu, par le jeûne et la prière. Un jour, comme il allait faire paître les vaches, il marcha sur un nid couvert par des herbes et écrasa les oisillons qui s’y trouvaient. Profondément affligé, il décida, en guise de pénitence, de laisser nu, pendant trois ans, été comme hiver, le pied qui avait été responsable de cet acte qu’il considérait comme un crime. Il se joignit ensuite à une communauté monastique, et après avoir été formé dans l’obéissance, il se retira dans la forêt et établit sa demeure dans une grotte, près du fleuve Lomos, ignoré des hommes et présentant, jour et nuit, ses prières et ses larmes devant Dieu.
Ayant connu à l’avance le jour de son décès, il s’allongea entre deux plaques de pierre et remit en paix son âme à Dieu. De longues années passèrent et tout le monde avait oublié l’existence de l’ascète, jusqu’au jour où, trois siècles après la mort du saint, une inondation fit monter les eaux du fleuve jusqu’à la grotte. Le courant souleva les plaques de pierre et emporta son corps resté incorrompu, lequel se trouva enfoui dans la boue. Cent ans plus tard, le saint apparut ensuite en rêve à une fillette paralysée, et lui ordonna de demander à ses parents de la transporter jusqu’à la rive du fleuve, pour y trouver la guérison. Une fois la nouvelle communiquée, une grande foule et le clergé du diocèse accompagnèrent la famille jusqu’à l’endroit où, précédemment, des habitants de la région avaient aperçu une mystérieuse lumière.
On se mit à creuser et, peu après, on découvrit le corps du saint intact et rayonnant de la grâce du Saint-Esprit, qui guérit aussitôt la fillette. Il fut transféré en grande pompe jusqu’au village de Bassarabov, et d’autres guérisons eurent lieu, alors que le peuple était venu de toutes parts pour le vénérer. Le despote d’Hongro-Valachie, ayant envoyé des prêtres et des notables pour constater cette découverte miraculeuse, fit ériger une église dans le village, où le saint accomplit pendant des années de nombreux miracles. Vers la fin de la guerre russo-turque (1774), l’armée russe étant parvenue à proximité du village, le général Pierre Saltikov ordonna de transférer en Russie les reliques de saint Dimitris, pour les mettre à l’abri d’une éventuelle profanation par les Turcs. Lorsque le cortège parvint à Bucarest, un pieux chrétien, Dimitris Chatzi, qui était ami du général, ayant demandé de laisser au peuple roumain le corps de leur saint compatriote, le général Saltikov acquiesça et prit seulement une main du saint, qu’il envoya à la Laure des Grottes de Kiev. Le corps de saint Dimitris fut alors placé dans la cathédrale de Bucarest, où il est vénéré depuis, à cause de ses nombreux miracles, comme le protecteur de la ville et de toute la Roumanie. Chaque année, le 27 octobre, une foule immense se rassemble à Bucarest pour célébrer, pendant trois jours, la fête de saint Dimitris le Jeune et vénérer ses précieuses reliques qui dégagent sans interruption un suave parfum.