”Fils d’un barde irlandais, saint Fintan abandonna la garde des troupeaux de son père pour aller étudier les saintes Lettres auprès d’un prêtre qui vivait en ermite; et pendant son absence deux loups gardèrent paisiblement le troupeau. Il se rendit ensuite à Bangor, pour y devenir disciple de saint Comgall (cf. 10 mai), lequel lui inculqua avec austérité les principes de la vie ascétique. Il fit par la suite un pèlerinage à Iona, mais saint Colomba (cf. 9 juin), qui venait de décéder, avait laissé une prédiction, disant que le jeune garçon qui allait se présenter n’était pas appelé à vivre dans le monastère mais à devenir pasteur d’âmes. Fintan s’établit alors quelque temps en Irlande, dans une île, mais, troublé par les clameurs des guerriers, il continua son périple, livré à la Providence. En chemin, il guérit le troupeau d’un riche propriétaire qui, en remerciement, lui offrit une terre pour y fonder un monastère. Fintan y brilla par ses miracles : il ressuscita une de ses sœurs, qui était morte en venant lui rendre visite, et un autre mort qu’on lui avait présenté comme endormi, afin de tromper son humilité.
À la mort de saint Comgall, les moines de Bangor proposèrent à Fintan de lui succéder. Il refusa et fut reconduit par trois anges à son monastère. Le monastère de Taghmon abrita bientôt plus de cinquante moines, qui ne se nourrissaient que de pain et d’eau mélangée d’un peu de lait. Ils vivaient dans l’harmonie et l’absence de tout autre souci que de plaire au Seigneur, car saint Fintan prenait soin de tout. Il protégea aussi par ses miracles le prince Dimma et le délivra de ses ennemis. À la suite d’un avertissement transmis par un Ange, le saint fut atteint de lèpre pendant vingt-quatre années. Endurant la souffrance sans murmure, il ne grattait jamais ses ulcères et ne se baignait que le Jeudi Saint. Cette infirmité ne l’empêcha pas de continuer ses activités. Il prit part à un concile, au cours duquel il soutint les anciennes traditions celtiques contre les partisans de l’introduction des usages romains [Cf. les notices de Ste Hilda 17 nov., S. Wilfrid 24 avril]. Il avait le don de prédire à coup sûr la date de la mort de ses disciples et de connaître les pensées secrètes, de sorte qu’il pouvait prescrire aux pécheurs les remèdes nécessaires avant qu’ils ne lui aient confessé leurs fautes. Toutes ses paroles étaient dites au nom de Dieu et toutes ses actions avaient quelque chose de miraculeux. Le jour de son repos étant arrivé, saint Fintan convoqua ses moines et les bénit. Une troupe de démons tenta de se précipiter sur lui, mais le saint tourna alors son regard vers le ciel, et ils s’enfuirent effrayés, pendant qu’une multitude d’anges venait à sa rencontre pour le recevoir avec joie dans la cour céleste (635).