“Saint Lucien vécut sous le règne de l’empereur Dioclétien (284-304) [D’après les historiens, son martyre eut lieu sous Licinius, le 7 janvier 311, et marqua la fin de la persécution à Antioche]. Originaire d’Antioche, il quitta sa patrie à la mort de ses parents en abandonnant tous ses biens aux pauvres. Il se rendit alors à Édesse pour recevoir l’enseignement spirituel d’un maître réputé nommé Macaire. Après avoir reçu le saint baptême, il passa là plusieurs années dans une ascèse très stricte. Il n’avait pour compagnons que le jeûne, les veilles et les larmes. Son maître lui donna un grand amour pour la méditation des saintes Écritures, de sorte qu’il passait toutes ses nuits sans presque dormir, tant la lecture et la prière le mettaient en présence des réalités célestes et éternelles. Son admirable vertu lui valut d’être rappelé à Antioche, pour y devenir prêtre. Il y fonda la fameuse «Ecole des Exégètes», où, sous sa conduite, ses disciples apprenaient à interpréter la Sainte Écriture selon son sens littéral, et où, grâce à sa connaissance de l’hébreux, il corrigea les livres qui avaient été altérés par les hérétiques. Apprenant l’étendue de la science que possédait Lucien et combien grande était son influence, le coempereur Maximien le fit capturer et transférer à Nicomédie, où il séjournait. En arrivant dans la ville, Lucien employa tout son zèle à encourager les chrétiens qui, par peur des supplices, apostasiaient en grand nombre.
Il leur montra par des citations de l’Écriture sainte que les châtiments éternels qui attendent les apostats sont bien plus terribles que les brèves tortures inventées par les païens. Sa parole était si convaincante que tous se repentirent de leur lâcheté et se tinrent prêts avec impatience pour le combat du martyre. Le saint prêtre avait un tel rayonnement qu’il suffisait souvent à ses interlocuteurs de regarder son visage où brillait la grâce du Saint-Esprit, pour être convaincus de la vérité de sa parole. De peur d’être lui aussi victime de ce charme, l’empereur le fit comparaître à son tribunal en ayant pris soin auparavant de placer un voile entre lui-même et le saint. Comme aucun argument ne parvenait à ébranler le saint, l’empereur le fit soumettre à la torture et ordonna qu’on le laisse mourir de faim et de soif dans son cachot. Comme on approchait alors de la fête de la Théophanie, un grand nombre des disciples de Lucien vinrent d’Antioche et d’autres villes pour le voir une dernière fois et recevoir sa bénédiction. Arrivé le jour de la fête, les disciples qui avaient réussi à parvenir jusqu’à son cachot avec le pain et le vin nécessaires à la célébration des saints Mystères le conjurèrent d’offrir encore une fois pour eux le saint Sacrifice. Comme il n’y avait pas là d’autel consacré selon les lois de l’Église, Lucien célébra la divine liturgie sur sa propre poitrine: l’autel le plus digne de Dieu, puisque c’est à Son image que l’homme a été créé. Les jours passaient et le saint semblait rester insensible à la faim et à la soif. Pour rendre son supplice encore plus insupportable, les païens installèrent devant lui une table pleine de viandes et de mets qui avaient été offerts aux idoles. Mais il les rejeta avec mépris et chaque fois qu’on lui proposait de céder il répondait: «Je juis chrétien!». La troisième fois, il rendit doucement son âme à Dieu après cette réponse. L’empereur donna l’ordre de jeter son corps à la mer, mais un dauphin le recueillit sur son dos et le ramena sur le rivage, permettant ainsi aux fidèles de l’ensevelir dignement et de communier à la grâce qui se dégageait de ses saintes reliques.