“Saint Benjamin était diacre de l’Église du Christ en Perse, sous le règne du roi Iezdgerd ler (399420). Celui-ci, constatant que sous l’influence de Benjamin et des autres propagateurs de la Foi, ses sujets étaient de plus en plus nombreux à abandonner le culte du feu et de l’eau, fit publier un édit dans lequel il prescrivait de détruire toutes les églises et monastères, d’y supprimer tout culte et de traduire devant le tribunal royal les clercs et les supérieurs de monastères. Benjamin fut l’un des premiers à être arrêté. Après l’avoir soumis à la fustigation, on le jeta en prison où il resta deux années, jusqu’à ce qu’à l’occasion d’une ambassade envoyée par l’empereur Théodose le Jeune auprès du roi Perse, les émissaires romains demandent sa libération. Le roi accepta à la condition qu’il cesse toute activité missionnaire. En entendant ces conditions, Benjamin s’écria effrayé: «Mais il m’est tout à fait impossible de cesser de transmettre la lumière de la connaissance de Dieu à ceux qui sont dans les ténèbres, de peur d’être soumis à la terrible condamnation promise par l’Évangile à celui qui cachera en terre le talent que lui a laissé son maître en dépôt (Mat. 25, 14-30)».

Le roi ne comprit pas ces paroles et le relâcha. Benjamin reprit aussitôt son œuvre et passa ainsi plusieurs années à répandre dans toute la Perse la parole de la Vérité. Furieux, le roi le fit arrêter à nouveau et, comme il lui proposait de renier le Christ sous peine de mort, le saint diacre lui répondit: «Si celui qui renie ou méprise ta royauté pour en préférer une autre est digne de la mort, ô Roi, à combien plus forte raison celui qui abandonne le Roi éternel et Créateur de toute chose pour adorer les créatures périssables sera-t-il passible d’un châtiment plus terrible encore et qui ne connaîtra pas de fin». Entendant ces paroles et constatant ainsi son impuissance, le roi ordonna de tailler vingt roseaux et de lui enfiler dans les ongles des pieds et des mains. Mais comme le martyr se riait de la souffrance et semblait s’y soumettre comme à un jeu d’enfant, il lui fit enfiler un roseau fin et coupant dans le pénis, en lui occasionnant d’atroces douleurs. Finalement, il le fit empaler sur un pieu noueux.