”Saint Philothée naquit à Thessalonique vers la fin du 13e siècle d’une mère juive convertie. Il reçut une brillante éducation auprès du magistros Thomas († 1347) et montra de grands talents, tant pour la spéculation théologique que pour l’art oratoire. Toutefois, il quitta le monde de bonne heure pour embrasser la vie angélique, d’abord au Mont Sinaï, puis au Mont Athos, dans le monastère de la Grande-Lavra. C’est à cette époque que saint Grégoire Palamas (cf. 14 nov.) menait glorieusement sa lutte contre les détracteurs des Hésychastes et de la théologie orthodoxe de la Grâce incréée. Philothée se rangea avec zèle parmi les disciples de Grégoire et fut désigné pour rédiger le fameux «Tome Hagiorite», le manifeste des moines de l’Athos sur la distinction réelle entre l’Essence de Dieu imparticipable et ses énergies participables et déifiantes, communiquant aux saints la lumière divine qui a brillé corporellement pour les trois Apôtres sur la montagne du Thabor le jour de la Transfiguration du Seigneur. En 1340, il fut nommé higoumène du monastère de Philokalou à Thessalonique. Mais on le rappela bientôt à l’Athos (1342), pour lui confier la direction de la Grande-Lavra.

Pour le remercier de son rôle dans la querelle hésychaste, le patriarche Isidore le fit métropolite d’Héraclée en Thrace (1347). Mais Philothée resta séjourner à Constantinople pour continuer sa lutte dogmatique. Il assista ainsi au concile hésychaste de 1351 et en rédigea les actes. Pendant son absence, la ville d’Héraclée fut victime de la rivalité entre les Génois et les Vénitiens, et ce n’est que grâce à l’intervention de Philothée qu’un grand nombre d’habitants, faits prisonniers par les Génois, purent être libérés. En 1354, lorsque Matthieu Cantacuzène, fils de Jean Cantacuzène, prit le pouvoir, le Patriarche Calliste Ier abdiqua de sa charge (cf. 20 juin) et Philothée fut désigné pour occuper le trône patriarcal, à cause de sa sagesse et de son orthodoxie. Mais il ne resta toutefois qu’un an en place. À l’arrivée de Jean Paléologue, il abandonna son siège pour reprendre celui d’Héraclée. En 1364, à la mort de Calliste, on lui demanda de reprendre le trône de Constantinople. Ce deuxième patriarcat fut marqué par le vif désir de Philothée d’ouvrir des discussions en vue de l’union avec l’Église romaine, non pas dans un souci diplomatique comme l’empereur Jean V, qui venait d’abjurer pour confesser la foi latine, mais dans un véritable amour de la Vérité.

Philothée entama des discussions en vue de l’ouverture d’un concile œcuménique, mais à cause des légats latins celles-ci n’aboutirent à aucun résultat. Pendant cette période, il confirma la théologie des énergies incréés par de nombreux écrits théologiques et affronta victorieusement les théologiens humanistes, qui avaient découvert dans les écrits des théologiens scolastiques occidentaux et de Thomas d’Aquin une philosophie naturaliste qui leur permettait d’épancher leur amour pour l’Antiquité classique. Philothée composa également un grand nombre d’offices liturgiques (dont celui de saint Grégoire Palamas) et rédigea d’admirables vies de saints. Discernant le rôle providentiel que devait jouer l’Église russe pour la sauvegarde de l’héritage de l’Empire chrétien menacé, il envoya en Russie son disciple saint Cyprien (cf. 16 sept. sup.) et entretint une correspondance avec saint Serge de Radonège (cf. 25 sept.), auquel il recommanda d’adopter le mode de vie cénobitique dans sa Laure. En 1376, Andronique IV Paléologue s’étant emparé du pouvoir, le saint Patriarche fut destitué et exilé. Épuisé par les mauvais traitements et par une longue maladie, il remit son âme à Dieu en 1379. [Bien qu’il ne soit pas commémoré dans les synaxaires, il est vénéré comme saint dans l’Église grecque.]