”Alors qu’il s’apprêtait à marcher sur Rome pour s’opposer à son rival, Maxence, qui possédait des forces bien supérieures, Constantin le Grand (cf. 21 mai) vit, en plein midi, le signe de la vivifiante Croix lui apparaître sous forme lumineuse dans le ciel, entouré de l’inscription: «Par ce signe, tu vaincras». Il fit alors orner ses étendards du signe de la Croix et remporta une brillante victoire, qui lui permit de prendre le pouvoir sur tout le monde romain et d’assurer le triomphe du Christianisme. La vingtième année de son règne, Constantin envoya sa mère Hélène à Jérusalem pour y vénérer les Saints-Lieux, y retrouver l’emplacement du Saint Sépulcre et de la Croix, que des travaux d’agrandissement de la ville, effectués sous Hadrien, avaient cachés sous les décombres. Grâce aux renseignements transmis par la tradition orale, Sainte Hélène retrouva le précieux trophée avec les deux croix sur lesquelles avaient été suspendus les deux larrons et les trois clous qui avaient servi à attacher le corps vivifiant du Sauveur.
Mais la reine se trouva embarrassée de ne pouvoir discerner quelle était la Croix du Christ. La guérison d’une femme mourante à l’approche du saint bois permit au patriarche de Jérusalem, Macaire, de la reconnaître, car les deux autres croix n’opérèrent aucun miracle. La reine et toute sa cour vénérèrent alors et embrassèrent pieusement la Sainte Croix. Le peuple, qui était rassemblé nombreux sur les lieux, désirait lui aussi bénéficier de cette grâce, ou au moins voir de loin l’instrument de notre rédemption, tant son amour pour le Christ était ardent. Le patriarche monta alors sur l’ambon et, prenant la Croix à deux mains, il l’éleva bien haut à la vue de tous, pendant que la foule s’écriait: «Kyrie eleison». C’est depuis ce jour que les saints Pères instituèrent de commémorer chaque année l’Exaltation de la Précieuse Croix dans toutes les églises, non seulement en commémoration de cet événement, mais aussi pour manifester que cet instrument de honte est devenu notre fierté et notre joie. En rappelant le geste du patriarche et élevant la Croix dans les quatre directions de l’espace au chant du Kyrie eleison, les chrétiens montrent aujourd’hui qu’en montant sur la Croix le Christ a voulu réconcilier en Lui toutes choses, unir toutes les extrémités de la création, la hauteur et la profondeur, dans son corps, afin que nous puissions accéder, par Lui, auprès du Père. [Jour de jeûne, même si la fête tombe un dimanche. On fait dans ce cas seulement dispense de vin et d’huile.]