Nommé André Zavalachine dans le monde, saint Adrien était issu d’une famille de boïars de la cour du grand-prince Jean III Vasilievitch. Vivant dans le domaine de ses parents, près du lac Ladoga, il allait souvent à la chasse en forêt. Un jour, en 1494, tandis qu’il poursuivait un cerf, il arriva devant la cellule de saint Alexandre de Svir (cf. 30 août), qui vivait dans l’ascèse, sans avoir vu de visage humain depuis sept ans. Le jeune homme éprouva une vive admiration pour le saint et commença à lui rendre régulièrement visite : il lui apportait les provisions nécessaires et recevait en échange ses précieux conseils spirituels. C’est avec la bénédiction de saint Alexandre qu’il entra au monastère de Valaam, et au bout de quelque temps, il reçut l’autorisation des anciens pour aller vivre en solitaire sur la rive orientale du lac Ladoga. Il y construisit ensuite une église dédiée à l’Entrée au Temple de la Très-Sainte Mère de Dieu et une autre à saint Nicolas. Des disciples s’étant rassemblés autour de lui, il fonda près de cette église le monastère Saint-Nicolas, que les habitants du lieu appelèrent d’Ondroussov (c’est-à-dire « d’André »).

Dans la forêt de l’île de Sala, située en face de l’ermitage du saint, vivait un brigand qui causait de nombreux désagréments à saint Adrien. Mais, par sa douceur, l’homme de Dieu réussit à le fléchir et le brigand le laissa tranquille. Par la suite d’autres malfaiteurs attaquèrent ce brigand et le firent prisonnier. Soudain, il vit apparaître devant lui saint Adrien qui lui dit : « Par la miséricorde du Seigneur, au Nom duquel je t’ai demandé d’épargner notre fraternité, te voilà libre! » Les fers tombèrent du captif et, libre, il courut au monastère pour rendre grâces à son bienfaiteur. Il apprit alors que le saint avait passé toute la nuit à prier pour lui.

À la suite de ces événements, le chef des brigands, ressentant que sa vie corrompue le menait à sa perte, se convertit et vint demander au saint de le conduire sur la voie du salut. Il fut tonsuré moine sous le nom de Cyprien, et par ses combats ascétiques, sa charité et sa miséricorde, il obtint non seulement le pardon de ses péchés, mais acquit aussi le don des miracles, et après sa mort nombreux furent ceux qui, par son intercession, reçurent de célestes bienfaits. En 1549, saint Adrien fut convoqué à la cour de Moscou, pour devenir parrain de l’impératrice Anne, fille du tsar Jean IV. Sur le chemin du retour, alors qu’il se trouvait à vingt verstes de son monastère, il fut assassiné par des malfaiteurs qui voulait s’emparer des dons offerts par l’impératrice (15 mai 1550). Personne ne sut alors ce qu’il était devenu, mais deux ans après, le saint apparut aux anciens de son monastère et leur raconta son trépas. Sur son ordre, on détela un cheval qui alla tout droit trouver les reliques du saint, qui furent transférées dans l’église Saint-Nicolas [Cf. mémoire de ce transfert, le 17 mai].

Par la suite le monastère fut abandonné et tomba en ruine. En 1789, le hiéromoine Innocent, qu’une tempête avait surpris près de cet endroit, promit de rénover le monastère. Un mois après, saint Nicolas lui apparut, accompagné de saint Adrien, pour lui rappeler sa promesse, lui annonçant une nouvelle épreuve. L’année suivante, Innocent fut de nouveau pris dans une tempête au même endroit, mais il repoussa encore la réalisation de son projet. Bien plus tard, il vit encore en songe saint Adrien qui le sauvait de la noyade et lui rappelait sa promesse. Ce n’est finalement qu’au bout de trente ans que le starets Innocent put rénover l’ermitage (1817) et, en 1883, une chapelle fut érigée sur l’emplacement du martyre de saint Adrien.