”Saint Anthime l’Aveugle, le nouvel ascète du Christ, naquit en 1727 à Lixouri, en Céphalonie, île de la Mer Ionienne. Ses pieux parents, Jean et Atsulète Kourouklis, donnèrent à leur fils le nom d’Athanase à son baptême. Alors qu’il avait sept ans, Athanase devint aveugle des deux yeux, suite à une épidémie de variole dans cette région. Sa pieuse mère adressa alors de ferventes prières à Dieu, puis demanda au prêtre de l’église des Saints-Apôtres de célébrer quarante saintes Liturgies pour la guérison de son fils. Alors que le prêtre achevait la dernière liturgie et prononçait les paroles : « Approchez avec crainte de Dieu, foi et amour », le jeune Athanase se mit soudain à s’exclamer qu’il voyait le prêtre revêtu de sa chasuble rouge avec le calice dans ses mains. En effet, l’enfant était miraculeusement guéri à son œil droit, de telle façon qu’il pouvait maintenant lire et acquérir la science selon Dieu qui, plus tard, sera aussi utile aux autres.

Pendant un temps, Athanase fut marin, comme son père, mais il abandonna rapidement cette profession pour se consacrer exclusivement à Dieu et à l’ascèse. On ne sait comment le saint redevint aveugle, mais toujours est-il que cette cécité corporelle advint par la Providence Divine, car l’âme d’Athanase, devenu moine sous le nom d’Anthime, s’enflamma à la lumière divine, grâce à laquelle il éclaira de nombreuses âmes autour de lui. À l’occasion de cette nouvelle cécité, le saint eut une vision. Alors qu’il priait avec ferveur devant l’icône de la Très sainte Mère de Dieu, deux jeunes gens revêtus d’une tunique lumineuse apparurent à Anthime et lui ordonnèrent de les accompagner là où le Seigneur le demandait. Se trouvant devant la Reine du Ciel, le saint voulut se prosterner devant Elle. Toutefois, la Mère de Dieu le lui interdit, en disant : « Pars d’ici, car tu me pries continuellement de te rendre la vue, ce qui va à l’encontre de ton propre avantage ». Mais, après que les deux jeunes gens soient intervenus en faveur du saint, la Reine du Ciel lui dit : « Anthime, j’ai décidé de te rendre partiellement la vue en raison de tes nombreuses prières et de ta grande piété. Mais sache qu’en recevant cette vue éphémère, tu peux
perdre celle qui est éternelle ».

Ainsi, saint Anthime, durant toute sa vie terrestre fut presque complètement aveugle. Cependant, il disposait d’une vue et d’une lumière spirituelles, de telle façon qu’il savait avec exactitude à quel endroit il convenait de bâtir un monastère ou construire une église et il l’indiquait chaque fois aux entrepreneurs. De même, il avait reçu de Dieu le don de clairvoyance, grâce auquel il prédisait l’avenir et appelait par leurs noms des hommes qui lui étaient inconnus. Il illuminait encore beaucoup d’âmes autour de lui à la lumière de sa vie et de ses enseignements évangéliques.

Devenu moine alors qu’il avait environ vingt ans, saint Anthime séjourna d’abord sur la Sainte Montagne de l’Athos, puis commença l’œuvre missionnaire que Dieu lui avait inspirée. C’est ainsi qu’il s’installa à Chios, où il enseigna au peuple l’Évangile du Christ. Il passa un an sur cette île, y vivant dans une grande ascèse. En effet, il ne se nourrissait que de morceaux de pain et dormait à même le sol de l’église. Il se rendit ensuite à Paros, où, par ses prières, il sauva tous les voyageurs d’un navire qui menaçait de couler en raison d’une grande tempête. Ayant entendu parler de ce miracle, les habitants de Paros reçurent avec égards et amour saint Anthime, qui les leur rendit par un zèle encore plus grand à propager l’Évangile. Après avoir visité un certain nombre d’îles de la Mer Egée, il partit à Jérusalem en pèlerinage, puis revint à l’île de Castelorizon, où il décida de bâtir un monastère. N’ayant toutefois pas les ressources matérielles pour accomplir cette œuvre, il pria Dieu avec ferveur, qui les lui accorda de la manière suivante. À cette époque, une sécheresse telle pesait sur l’île, que la mort menaçait tout être vivant. Le saint pria le Seigneur, qui fit tomber une pluie abondante sur l’île. Les habitants, pour rendre grâce à Dieu, aidèrent alors le saint, et c’est ainsi que fut bâti le monastère dédié au saint mégalomartyr Georges (1759) qui existe jusqu’à nos jours. De là, saint Anthime se rendit sur l’île d’Astipaleiou, où il reçut la révélation de fonder un monastère en l’honneur de la Très sainte Mère de Dieu. Faisant face de nouveau aux problèmes matériels, il apprit, de par son don de clairvoyance, que le champ d’un habitant de l’île renfermait les matériaux nécessaires à l’édification du monastère. Il pria donc le Seigneur, afin que le propriétaire cédât ce champ, ce qui s’accomplit. Lorsque la construction fut achevée des moniales s’installèrent dans ce couvent (1760). Saint Anthime partit alors pour le Mont Athos, afin que les moines athonites lui fassent une reproduction de l’icône de la Mère de Dieu d’Iviron appelée «Portaïtissa», destinée au monastère fondé par lui. De retour à Astipaleiou, il dut bientôt quitter l’île. En effet, l’Ennemi du genre humain ne pouvant supporter l’œuvre du saint et son ascèse, amena certains habitants de l’île à le calomnier, en répandant la rumeur qu’il avait des relations impures avec les moniales. Plus tard,
le châtiment de Dieu frappa les calomniateurs.

En 1766-67, un terrible séisme toucha l’île de Céphalonie et détruisit, entre autres, le monastère de Sainte-Parascève. De retour dans cette île, dont il était originaire, Anthime décida de reconstruire le monastère à l’aide de sept moniales qui s’étaient rassemblées auprès de lui, de l’higoumène du monastère et encore d’autres bonnes âmes.
La restauration du monastère achevée, le saint y introduisit la vie commune. Rapidement, d’autres moniales vinrent se joindre au groupe initial. Quant à Anthime, il s’intalla dans une cellule étroite, située dans une grotte en-dessous de l’église du monastère. Il dormait sur une planche et avait entrepris un type d’ascèse rare et difficile, à savoir qu’il portait sur lui, secrètement, des chaînes de fer.
Le saint visita encore d’autres lieux en Grèce. Ainsi, il fonda le monastère de saint-Antoine-le- Grand en Crète (vers 1770). À l’occasion de ce séjour en Crète, il s’avéra être un grand thaumaturge. C’est ainsi, qu’entre autres miracles, il rendit la vue, par le signe de Croix, à une femme aveugle. Ne disposant pas lui-même de la vue corporelle il la donnait ainsi aux autres par la Grâce de Dieu. À une autre occasion, il bénit une femme stérile, qui par la suite enfanta.

Après la fondation de deux autres monastères dans les îles, il prêcha avec zèle l’Évangile dans le Péloponnèse, y aidant les fidèles par ses miracles. À son retour en Céphalonie, Anthime reçut trois lettres d’habitants d’un village du Péloponnèse, qui lui demandaient de venir mettre fin à leur discorde. Il se mit donc en route, mais une tempête fit que le navire ne pouvait accoster à son lieu de destination, si bien que les voyageurs durent débarquer dans un autre village, dont les habitants étaient des voleurs et des brigands. Dès qu’ils virent le bateau s’approche du rivage, deux d’entre eux sautèrent dans le navire, avec l’intention de le mettre à sac. Les compagnons de voyage de saint Anthime étaient effrayés, car les brigands étaient armés, mais l’homme de Dieu les apaisa avec foi. Puis, se tournant vers les voleurs, il leur dit, après les avoir appelés par leurs noms : « Vous êtes chrétiens, et vous vivez en tuant et en pillant? Malheur à vous, car c’est une fin terrible et des tourments éternels qui vous attendent! » Ces paroles, ainsi que le fait d’avoir entendu leurs noms, tout ceci venant d’un homme aveugle, touchèrent les brigands, qui jetèrent leurs armes et demandèrent pardon au saint. Anthime leur enseigna alors les vertus chrétiennes et réprimanda le prêtre de leur village, qui était avec eux.

Il poursuivit ensuite son voyage, mais, demanda soudain au batelier de changer sa direction et de revenir en Céphalonie, en lui disant: « Dieu ne veut pas que j’aille m’occuper de cette affaire, au sujet de laquelle on m’a écrit, mais il veut que je revienne et que je meure dans mon monastère ». Cette prédiction s’accomplit rapidement. De retour au monastère, il fut atteint par la jaunisse et se prépara à son repos dans le Seigneur. Il appela ses enfants spirituels et leur prédit sa fin prochaine: «L’heure est venue, mes enfants, d’aller là où le Seigneur me l’ordonne. Vous ne devez point vous en effrayer, la mort est inévitable et commune à tous. Il vaut mieux, plutôt que de vous effrayer, vous efforcer de tenir vos promesses et vos vœux monastiques. Unique est le but qu’il vous faut avoir dans la vie: plaire à Dieu et sauver votre âme».
Après avoir ainsi enseigné ses enfants spirituels, saint Anthime s’est reposé dans la paix du Seigneur le 4 septembre 1782, à l’âge de cinquante-cinq ans. Vingt ans après son trépas, ses reliques furent exhumées. Elles se trouvent maintenant dispersées en divers endroits, dont le monastère de Sainte- Parascève et celui de la Portaïtissa dans le Péloponnèse.

Le saint a officiellement été canonisé en 1974 par le Patriarcat de Constantinople.