”Saint Sévérien vécut à Sébaste sous le règne de Licinius (vers 315). Il était sénateur et conseiller de l’empereur, et il s’était acquis une brillante réputation par sa vertu et sa foi dans le Christ. Lorsque le Duc Lysias — celui qui fit exécuter les Quarante martyrs — vint prendre le gouvernement de Sébaste, il entendit parler de Sévérien et des nombreuses conversions de païens qu’il avait réalisées par sa parole et l’exemple de ses vertus. Alors que le Duc l’avait envoyé chercher pour l’interroger, il devança les soldats et se présenta de lui-même devant le tribunal. Lysias resta stupéfait de la fermeté du saint et de sa patience inébranlable dans les tortures qu’il lui fit subir. Alors qu’on le traînait jusqu’au milieu de la ville, couvert de plaies, pour le jeter en prison, il continuait d’exhorter la foule qui le suivait à être fidèle au Christ et à persévérer dans le bien. Cinq jours plus tard, après lui avoir déchiré la chair avec des ongles de fer, on lui suspendit deux grosses pierres, l’une aux pieds l’autre au cou, et on l’attacha par la ceinture en haut d’un mur. Là encore, il stupéfia tout le monde par son endurance. Et, ayant continué de proclamer le Christ pendant de longues heures, il remit son âme à Dieu dans la joie.
Comme on emmenait la dépouille du saint pour l’enterrer, les habitants de Sébaste sortirent à sa rencontre avec parmi eux la femme d’un des serviteurs de Sévérien qui venait de mourir. Dans son chagrin, celle-ci se tourna vers la dépouille de son mari en lui disant : « Lève-toi, mon cher époux, que nous allions à la rencontre de notre maître ». À peine eût-elle prononcé ces paroles, le mort se leva, accourut assister aux funérailles de Sévérien et vécut encore 15 années. Longtemps après, alors que l’on avait oublié où se trouvait la tombe de Sévérien, un aigle apparut un jour dans le ciel, portant entre ses serres une couronne tressée de fleurs variées. Il la déposa sur le sol, et les chrétiens apprirent à ce signe que devaient se trouver enfouies là les reliques d’un ami de Dieu.