”Saint Athanase naquit dans la province de Minsk en 1596, l’année même où fut conclue la fausse union de Brest-Litovsk entre Rome et quelques évêques russes. Fils d’un noble lithuanien assez pauvre, il acquit cependant une science d’une étendue et d’une qualité exceptionnelles pour son temps : connaissant de nombreuses langues étrangères et anciennes, il était aussi familier des Saints Pères que des philosophes et théologiens occidentaux. Après plusieurs années passées comme précepteur, il devint moine en 1627 au monastère de Khutyn près d’Orcha, en Petite Russie. Ce monastère ne dépendait pas des forces polonaises d’occupation et était par tradition profondément attaché à la préservation de l’Orthodoxie, ce qui lui permit de jouer un grand rôle auprès du peuple orthodoxe pour s’opposer à la propagande catholique-romaine. Quelque temps plus tard, Athanase poursuivit sa formation monastique dans plusieurs monastères renommés, devint prêtre, puis fut chargé par le métropolite de Kiev Pierre (Moghila) de la restauration du monastère de Kupyatitsk. À la suite d’une divine révélation, il entreprit un voyage périlleux vers Moscou, à travers les territoires occupés par les Polonais, pour rendre compte au tsar du sort réservé à l’Église Orthodoxe dans les territoires du sud-ouest de la Russie et demander une aide pour la restauration du monastère. Cette expédition ayant réussi grâce à l’assistance de la Mère de Dieu, les travaux purent commencer ; mais deux ans plus tard, Athanase dut quitter le monastère pour devenir supérieur du monastère de Saint-Syméon-Stylite à Brest-Litovsk. Il commença alors un combat énergique et infatigable contre l’«Unia»: ce prosélytisme latin camouflé sous l’apparence des rites et des usages orthodoxes. Par la prière, la prédication et par ses écrits, le saint s’attacha pendant huit ans à réfuter la fausse union de Brest et à ramener les égarés vers le saint bercail du Christ.
Les soldats et colons polonais faisaient alors souffrir aux populations des territoires occupés de cruels sévices, et les missionaires jésuites ne reculaient eux non plus devant aucune cruauté pour amener à leur foi les peuples de la Petite Russie. Saint Athanase décida d’aller intercéder auprès du roi de Pologne, Ladislav IV, pour que les Orthodoxes soient traités plus humainement. Le roi s’émut de sa requête et promulgua un décret mettant un terme à de tels abus, mais ses fonctionnaires ne le mirent pas en application. La situation des Orthodoxes à Varsovie était pire encore : Il n’était pas rare que les Polonais et les uniates missent le feu aux églises orthodoxes pleines de fidèles un jour de fête, comme au temps des grandes persécutions.
Seul dans son combat, n’ayant que la Mère de Dieu pour secours et consolation, Athanase persévérait pourtant, et en 1643, à la suite d’une nouvelle révélation, il se rendit une seconde fois devant le conseil d’État polonais. Il obtint gain de cause et une certaine protection de l’État pour les Orthodoxes. Mais, craignant pour leurs privilèges, certains notables orthodoxes le firent passer pour fou et obtinrent qu’il soit privé de sa charge, déposé du sacerdoce et envoyé à Kiev pour être examiné. Réhabilité, l’humble Athanase retrouva sa charge d’abbé, mais il ne put rester longtemps en paix. L’accalmie avait été de courte durée, et les persécutions contre les Orthodoxes reprenaient. Il prépara une pétition destinée au roi de Pologne, mais fut arrêté et jeté en prison avant de pouvoir la compléter. Il fut relâché après trois années de détention ; mais, en 1648, la persécution reprit de manière encore plus effrayante. Elle fut si sanglante que le peuple de Petite Russie se souleva et exigea l’évacuation des forces polono-lithuaniennes et la restitution des terres russes au tsar. Les autorités polonaises arrêtèrent promptement les chefs de cette rébellion et les dignitaires orthodoxes les plus en vue. Athanase fut incarcéré et subit toutes sortes de tortures physiques et morales de la part de ses gardiens et des autorités ecclésiastiques catholiques. Mais il persévérait en disant : « Anathème à l’union! » Son corps fut brûlé par des charbons ardents ; puis, après avoir été écorché, il fut brûlé vif. Comme il n’était pas encore mort, ses bourreaux l’achevèrent à coups de feu, puis décapitèrent son cadavre et le jetèrent dans une fosse, où quelque temps plus tard, il fut découvert incorrompu. Les reliques du saint martyr continuèrent par la suite à accomplir de nombreux miracles.