”Descendant d’une des plus nobles familles du pays de Liège et de la ville de Maestricht, saint Lambert fut accompagné par la faveur divine depuis son enfance. Éduqué par l’évêque saint Théodard, il grandit dans l’amour de Dieu et brûlait de zèle pour le salut de son prochain. À la suite de l’assassinat de son maître et père spirituel, il fut élu, malgré son jeune âge, évêque de Maestricht, en 671.

Fortifié par le jeûne et les mortifications de la chair, le jeune pasteur offrait tous les jours le saint Sacrifice et prêchait avec assiduité, afin d’inspirer à son troupeau spirituel les mœurs évangéliques. Le rayonnement de sa sainteté ainsi que ses aumônes le firent aimer de tout le peuple, mais bientôt, après l’assassinat du roi d’Austrasie Childeric II (675), auquel il était attaché, le saint fut chassé de son siège et dut se retirer au monastère de Stavelot, où il mena, pendant sept ans, la vie commune, comme le plus humble des moines. Une nuit d’hiver, le saint s’étant levé pour prier, troubla le silence monastique. L’abbé ordonna que le responsable de ce bruit nocturne soit soumis à la pénitence et se tienne jusqu’au matin pieds nus dans la neige devant la croix qui se dressait à l’extérieur de l’église. Lambert se soumit de bon gré à la correction, et lorsque l’abbé découvrit au matin le prélat, couvert de neige devant la croix, mais le visage rayonnant d’une lumière céleste, il voulut s’excuser de sa méprise, mais Lambert lui répliqua qu’il était fier au contraire de pouvoir ainsi servir Dieu dans le froid et la nudité, comme les Apôtres.

Lorsque le maire du palais, Ébroïn, responsable des persécutions du saint, périt à son tour de mort violente (781), Pépin d’Héristal, prenant le pouvoir, fit mander le saint évêque pour lui rendre son siège, malgré son désir de rester dans l’effacement. Son retour à Maestricht fut salué par l’allégresse générale de son peuple, qui se déclarait prêt à suivre son pasteur dans les voies de Dieu. Saint Lambert manifestait en sa conduite la plénitude des vertus et il suffisait de le regarder vivre pour savoir comment gagner dès ici-bas le Royaume de Dieu. Il visitait même les paroisses les plus éloignées de son diocèse, afin d’aller annoncer l’Évangile aux populations restées encore païennes, malgré les dangers et les menaces de mort.

À son exemple, plusieurs personnes nobles renoncèrent au monde pour mener une vie consacrée à Dieu, soit comme collaborateurs du saint, soit dans des monastères qu’il avait fondés à Liège et dans les environs. Malgré les faveurs dont le gratifiait Pépin, saint Lambert n’en restait pas moins le défenseur incorruptible de la Loi divine, et il fut le seul évêque à oser reprocher ouvertement au souverain d’avoir répudié son épouse légitime pour prendre une concubine, Alpaïs. On raconte que celle-ci, ulcérée de l’attitude intransigeante de l’évêque, pressa Odon, le conseiller de Pépin, d’aller mettre à mort Lambert qui s’était retiré dans un hameau proche de Liège. Sans être effrayés par une croix lumineuse qui était apparue au-dessus de la demeure, les hommes d’armes y pénétrèrent et égorgèrent sans pitié le saint évêque (17 septembre 705). [D’après d’autres historiens, il semble que Dodon fit tuer le saint pour venger la mort de deux officiers du fisc, qui, pourchassant Lambert de leurs tracasseries, avaient été tués par des partisans de l’évêque.] Saint Lambert est vénéré comme le patron de Liège et comme un des principaux saints de l’Église de Belgique, où quantité d’églises lui ont été dédiées.