”Saint Polydore était originaire de la ville de Nicosie, capitale de l’île de Chypre, et était fils de Luc le Pèlerin et de Lourdana. Parvenu à l’âge de travailler, il quitta sa patrie pour faire du commerce en Égypte. Or, un jour de fête, alors qu’il avait abusé de la boisson, ses compagnons musulmans lui firent renier sa foi et adhérer à l’Islam. Mais une fois revenu à lui, Polydore se rendit compte de la gravité de son péché et le cœur brûlé par le remord, il se rendit auprès de plusieurs pères spirituels pour confesser son reniement et trouver le moyen de se repentir. Parvenu à l’île de Chios, après une retraite dans un monastère, où il se livra avec zèle au jeûne, aux veilles, aux larmes de componction ; il obtint de son père spirituel sa réconciliation avec l’Église par la prière d’absolution, l’onction du saint Myrhon et la communion aux saints Mystères. Mais le soldat du Christ n’en était pas pour autant apaisé, il n’avait qu’un désir : consommer son repentir et son union au Christ par le martyre.

Après en avoir reçu la bénédiction, il se rendit à la Nouvelle-Éphèse (Asie Mineure), et se présenta devant le juge turc, en lui déclarant qu’après avoir, quelques années plus tôt, renié la foi au Christ pour celle des Turcs, il était redevenu chrétien et désirait être soumis au châtiment que prévoyait la loi en cette circonstance. Le juge, indifférent aux choses religieuses et voulant se débarrasser de cet importun, lui dit de faire comme bon lui semblait. Mais le martyr insista pour confesser le Christ seul Sauveur, si bien qu’on le jeta en prison, lui serrant étroitement les pieds dans un étau de bois. Le lendemain, sans rien perdre de son assurance, il comparut devant le tribunal. En répondant aux questions qu’on lui posait, il n’avait qu’un regard d’impatience vers la potence. Comme toutes les propositions pour le retenir dans l’Islam avaient échoué, on proclama la sentence et on le conduisit, dans le grand tumulte de la foule excitée, vers le lieu de l’exécution. Seul Polydore gardait tout son calme, et lorsqu’on lui passa la corde au cou, il cria seulement : « Chrétien, chrétien, je suis chrétien! », et il rendit son âme à Dieu.