”Notre saint Père Bessarion naquit vers 1490 au village des Grandes-Portes (Porta-Panaghia), près de Trikala (Thessalie). Il fut élevé dans la piété et, dès sa dixième année, fut saisi d’un amour ardent pour la virginité et la vie monastique, qui rend les hommes semblables aux Anges et fils de la Résurrection. Il devint alors le disciple de l’évêque de Larissa [dont le siège avait été transféré depuis le milieu du XIV s. à Trikala], Marc, et pendant de longues années il lui voua en toute circonstance une obéissance exemplaire, comme s’il avait devant lui le Christ Lui-même. Par l’obéissance, il acquit l’humilité, mère de toutes les vertus, et put ainsi franchir sans danger les degrés de la hiérarchie ecclésiastique. Ordonné évêque d’Élasson et de Doménique, il ne fut pourtant pas accepté par le peuple qui le chassa et eut recours au Patriarche Œcuménique pour la nomination d’un autre évêque : d’une part à cause de la jalousie du diable, et d’autre part, parce que ce diocèse refusait d’être soumis au métropolite de Larissa qui avait ordonné le saint. Loin de montrer colère ou rancune, saint Bessarion regarda cette expulsion comme une occasion envoyée par Dieu pour trouver davantage de paix et il retourna quelque temps auprès de son père spirituel, prenant soin des maladies de l’âme et du corps des habitants de Larissa. Quatre années plus tard, le bienheureux fut nommé exarque de l’évêché de Stagai (1521/22). Mais il ne connut dans cette charge que tourments et tribulations, et fut finalement contraint à l’exil, au bout de six ans, par un certain Dométios.

À la mort de Marc (1527), il fut nommé métropolite de Larissa par le Patriarche Œcuménique Jérémie 1er (1522-1546). En véritable Pasteur, imitateur du Christ, il prit soin non seulement des besoins spirituels de ses fidèles, mais aussi de l’assistance matérielle de tous ceux qui se trouvaient dans la misère ou dans le besoin, et il racheta aux frais de l’Église de nombreux captifs. Il conçut et dirigea la construction d’un pont audacieux sur l’Aspropotamos, que personne avant lui n’avait osé entreprendre et qui porte témoignage jusqu’à nos jours de l’œuvre du saint. En collaboration avec son frère Ignace, évêque du Phanarion (1527-1534), saint Bessarion fonda également dans son diocèse le monastère de la Transfiguration, dit du Doussikon, qui fut ensuite agrandi et embelli par son neveu Néophyte II, métropolite de Larissa (1550-1569).

Après avoir ainsi manifesté la présence du Christ au sein de son Église, tant par son œuvre pastorale que par son humilité et sa patience dans les épreuves, le bienheureux Bessarion s’endormit en paix vers l’âge de cinquante ans (13 septembre 1540), entouré des clercs et des moines de son diocèse, qu’il avait appelés à son chevet pour leur confier ses dernières recommandations. Ses saintes reliques furent par la suite dérobées et vendues par un Turc ; mais son crâne, miraculeusement préservé, continue d’accomplir aujourd’hui de nombreuses guérisons pour ceux qui s’en approchent avec foi, témoignant ainsi de la présence invisible du saint évêque et du soin paternel dont il entoure son troupeau spirituel.