”Saint Callinique occupait la charge de gardien des vases sacrés (skevophylax) de l’église Notre- Dame des Blachemes quand il fut élu pour siéger sur le trône patriarcal à la suite de saint Paul III (cf. 30 août). Cette haute charge lui causa cependant beaucoup de tourments de la part de l’empereur Justinien II (685-695 et 705-711), qui se comportait en tyran et ne supportait pas ses remontrances sur sa conduite. Un jour l’empereur convoqua le saint prélat et lui demanda de prononcer une prière pour la démolition de l’église dite des « Métropoles », située à proximité du palais, afin d’y aménager une fontaine et une salle de réception (694). Le saint lui répondit que l’Église prévoit des prières pour la dédicace des églises [L’office de la dédicace des églises souligne en effet la stabilité perpétuelle de l’autel consacré pour le divin sacrifice], mais qu’il n’en existait pas pour leur destruction, car Dieu a créé le monde pour qu’il demeure dans la stabilité et non pour sa corruption. Les envoyés de l’empereur réussirent cependant, à force de pressions, à contraindre le Patriarche à l’obéissance, et le bienheureux improvisa la prière suivante : « Gloire à Dieu, qui endure tout cela, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. » Et l’église ne tarda pas à être démolie.

Devenu insupportable à cause de son mauvais gouvernement et de ses nombreux péchés, Justinien fut renversé de son trône, on lui coupa le nez et la langue, et il fut exilé à Cherson en Crimée. Au bout d’une dizaine d’années (705), il réussit à s’enfuir et, soutenu par les Bulgares, il vint assiéger Constantinople. Avec force serments sur la Croix, l’Évangile et le précieux Corps du Christ, il réussit à convaincre le Sénat et le Patriarche qu’il ne voulait la mort de personne, mais demandait seulement à être reçu dans la ville impériale. Il montra cependant bien vite sa fourberie et, grâce`à la complicité de certains habitants, il entra dans la cité en empruntant la conduite de l’aqueduc. Dès qu’ils apprirent sa présence, les habitants furent pris de panique ; l’empereur Tibère II fut exécuté et le sang coula à flot dans la capitale. Le tyran ordonna aussitôt d’arrêter saint Callinique, qui avait couronné son rival et qu’il tenait pour responsable de ses mutilations ; il le fit aveugler et l’envoya en exil à Rome, où on l’emmura vivant. Au bout de quarante jours, on ouvrit la cavité où il se trouvait et on le retrouva encore en vie. Le saint Patriarche s’endormit dans le Seigneur quatre jours après, et il fut enseveli dans l’église des saints Apôtres Pierre et Paul, conformément à la révélation qu’avait reçue à ce sujet le Pape d’alors.