”Saint Jean le Jeûneur naquit et fut élevé à Byzance sous le règne de l’empereur Justin II (565-578). Il était graveur de monnaie, et montra dès sa jeunesse une grande vertu et un fervent amour de Dieu. À plusieurs reprises, il reçut des révélations prophétiques sur la glorieuse charge que Dieu lui avait préparée. La renommée de sa vertu parvint jusqu’au Patriarche Jean II le Scholastique, qui l’ordonna diacre du clergé de Constantinople et le nomma responsable des distributions d’aumônes aux pauvres. À l’imitation du Christ miséricordieux, Jean montra dans cette tâche les signes de la vraie charité. Il distribuait sans compter et sans faire de distinction entre les dignes et les indignes. Tous ceux qui s’approchaient de lui recevaient avec abondance ; et plus il distribuait ainsi l’argent, plus Dieu remplissait sa bourse, de sorte qu’elle semblait inépuisable.
À la mort du patriarche Eutychès, en avril 582, Jean fut contraint d’accepter la succession. Pendant les treize années de son patriarcat, il ne relâcha en rien l’austérité de sa vie, ce qui lui valut le titre de Jeûneur. On raconte qu’il resta pendant près de six mois sans boire d’eau. Pour toute nourriture, il ne prenait qu’une laitue et un peu de melon, de raisin ou de figues. Il ne s’étendait pas pour dormir, mais restait accroupi, en repliant les genoux sur sa poitrine. Lorsque, parfois, il s’abandonnait au sommeil un peu plus que la brève mesure qu’il s’était fixé, il veillait toute la nuit suivante, afin de mâter son corps et de le préparer à la veille perpétuelle des «fils de la Résurrection». Son amour des pauvres était tel qu’il épuisa toutes ses ressources en aumônes et dut demander à l’empereur un prêt pour poursuivre ses générosités. À sa mort, en 595, lorsque l’empereur voulut se faire rembourser de son prêt, on ne trouva chez le patriarche de la «Reine des villes» qu’un vieux manteau de laine et une maigre couverture. Pendant toute sa vie, saint Jean accomplit de nombreux miracles : il guérit un aveugle-né en lui donnant la sainte Communion, calma une tempête par sa seule prière, repoussa les barbares qui voulaient attaquer la ville, guérit un grand nombre de femmes stériles etc… Il fut ainsi pour son troupeau spirituel non seulement le bon Pasteur (cf. Jn. 10, 11), le médiateur, le grand prêtre, mais aussi l’image vivante de la Providence de Dieu, qui se répand avec abondance sur les justes comme sur les pécheurs.