”Saint Joseph était issu d’une famille noble de la province de Kalouga. À l’âge de vingt ans, il quitta le monde pour se retirer dans le monastère le plus austère de la région. Il entraîna avec lui vers la vie angélique son père, sa mère et son frère, qui devint plus tard évêque de Rostov. Après avoir reçu l’habit monastique, le jeune Joseph fut nommé à l’infirmerie, où il prit soin de son père malade pendant quinze années.
Avant de mourir, l’higoumène du monastère de Borovsk, saint Paphnuce (cf. 1er mai), désigna Joseph pour lui succéder. Lorsqu’il prit sa charge, celui-ci voulut introduire une règle (typicon) de vie cénobitique plus stricte, mais les frères du monastère s’y opposèrent. Ce fut l’occasion pour le saint d’entreprendre un grand voyage parmi tous les monastères de Russie, afin d’étudier leur typicon. De tous, ce fut le monastère de saint Cyrille du Lac-Blanc (cf. 9 juin) qu’il préféra. Finalement, il ne rentra pas dans son monastère, mais se rendit dans son pays natal, à Volokolamsk, où il fonda, au milieu de la forêt, un monastère dédié à la Dormition de la Mère de Dieu. Il put y régler la vie des moines avec tout l’austérité qu’il desirait. Et c’est précisément cette sévérité qui attira à lui un grand nombre de disciples, qui désiraient prendre leur croix pour suivre le Christ par une mort quotidienne. Joseph accueillait de la même manière paternelle riches et pauvres, et il donnait les mêmes principes de vie aux nobles qui s’étaient rangés sous sa direction, comme à leur serviteurs qui les avaient suivis. Leur ascèse, leur vêtement constitué d’une étoffe grossière, leurs travaux, tout était commun. Ils vivaient tous dans le plus complet dépouillement, et le saint ne faisait de distinction que pour les faibles et les vieillards. Il enseignait aux frères à quitter leur propre obédience pour leur venir en aide. Car il faut préférer, disait-il, le commandement divin de l’amour à tout commandement humain.
On vivait alors l’époque difficile de la renaissance de l’état russe après la domination tatare. Le peuple entier était appauvri; c’est pourquoi saint Joseph aidait tous ceux qui se trouvaient dans la misère et enseignait aux riches et aux puissants à pratiquer la miséricorde envers leurs sujets. Pendant une année de famine particulièrement rigoureuse, il abrita et nourrit dans son monastère environ un millier d’enfants.
En ce temps là, le jeune prince Jean de Volokolamsk mourut sans avoir reçu les sacrements. Saint Joseph le ressuscita par sa prière, le confessa, le fit communier aux saints Mystères, et le prince Jean s’endormit alors pour le repos éternel.
L’hérésie de «Judaïsants» faisait alors de grands ravages dans la région de Novgorod. Par son enseignement inspiré et l’exemple de sa juste pratique de l’ascèse chrétienne le saint obtint, avec l’archevêque de Novgorod, Gennade (cf. 4 déc.), leur condamnation aux conciles réunis en 1490 et 1504.
Comme les monastères se multipliaient sur toute la terre russe et qu’un nombre croissant de riches leur cédaient leurs biens pour acquérir un secours spirituel auprès de Dieu, le problème se posa alors de savoir si les monastères pouvaient disposer de terres et de grands biens. N’était-ce pas contraire à la pauvreté évangélique? Saint Joseph intervint dans cette discussion en défendant le droit des monastères à la propriété de grands biens, mais dans le but de servir l’Église et les pauvres. La richesse n’est plus dans ce cas une acquisition égoïste, mais elle est le bien commun de toute l’Église dans le but de préparer dès ici-bas le règne de Dieu. Cette opinion, reconnue lors des conciles de 1503 et 1504, ne s’opposait pas fondamentalement à la position adverse défendue par saint Nil de la Sora (cf. 7 mai), selon laquelle les moines doivent vivre dans le dépouillement et la pauvreté. Il s’agit en fait de deux tendances qui doivent coexister dans l’Église. Saint Joseph décéda le 9 septembre 1515 et fut enterré dans l’église de son monastère. Il fut introduit dans le calendrier le ler juin 1591.