”Théophane naquit de parents païens sous le règne des coempereurs Carus, Carinus et Numérien (vers 283). Étant encore enfant, il connut le Christ d’une manière paradoxale. Il vit un jour un autre jeune garçon qui tremblait de froid et lui donna son manteau. En rentrant chez lui, ses parents lui demandèrent où était son vêtement, et lui, tout naturellement, répondit : « J’en ai revêtu le Christ ». Son père étonné dit : « Mais qui est le Christ? Nous, nous connaissons et vénérons Hermès et Apollon, mais de Christ nous n’en connaissons point ». L’enfant abandonna ses parents qui s’obstinaient ainsi dans leur paganisme et, conduit par un ange de Dieu, se rendit sur une montagne
nommée Diabinon. Il rencontra là un ascète qui y demeurait seul depuis soixante-quinze ans. Il se plaça sous sa direction et apprit de lui l’art de l’ascèse et la science des saintes Écritures. Nourris miraculeusement par un ange, les deux ascètes vécurent ainsi pendant cinq ans, ne se consacrant qu’à la lutte contre leurs passions et à la prière. À l’issue de cette période, le vieillard s’endormit dans la paix, laissant Théophane continuer seul le chemin de l’ascèse. Il passa ainsi cinquante-huit années, au terme desquelles un ange vint lui annoncer que le temps était venu pour lui de retourner dans le monde pour y prêcher la voie du Salut. C’est monté à califourchon sur le dos d’un lion que le saint proclama partout aux alentours comment suivre le Christ et trouver dès ici-bas la vie éternelle. Il fut toutefois rapidement capturé par les forces impériales. Après avoir reçu cent coups au visage, il fut soumis à bien d’autres horribles tortures, qui n’eurent pour seul résultat que d’amener de nombreux païens à la foi. Le spectacle de son endurance et de son audace découragea l’empereur lui-même, qui donna l’ordre de le relâcher et de le laisser retourner dans sa grotte. C’est là qu’il continua de pratiquer l’ascèse pendant dix-sept ans, avant de remettre son âme à Dieu, à l’âge de soixante-quinze ans.